Féminismes - Luttes Queer

[Genève] Bondage-Carnage III

Texte sur l’annulation de la soirée de concerts sexistes “Bondage Carnage III” à Genève.

Genève |

Are you ready for more rapes ? [1]

Le samedi 2 mai aurait dû avoir lieu une soirée nommée « Bondage-Carnage III » à l’Écurie, Genève. Sur le programme : les groupes « Clitorape » et « Massive Sexual Trauma ». En faisant quelques recherches, on découvre qu’en plus de leurs noms de groupe, les paroles de MST et le descriptif du groupe Clitorape banalisent et célèbrent le viol. Cette soirée a été annulée par l’Écurie dans la semaine qui la précédait. Un groupe d’individu.e.s révolté.e.s par cette programmation a appris l’annulation et a décidé de faire un apéro féministe devant l’Écurie pour visibiliser la violence de certains et éventuellement discuter avec le public qui n’aurait pas été tenu au courant du changement de la programmation. A également été rédigé un texte qui a été déposé diffusé ; vous le trouverez ici :

Bondage SM vs viol

Nous tenons à expliquer pourquoi il nous semble important que cette soirée ait été annulée.

Le bondage est un ensemble de pratiques sexuelles utilisant des codes, des règles qui permettent d’assurer le respect de ses propres limites et de celles des autres notamment en ayant à tout moment la possibilité de mettre fin au jeu.
Le viol est une prise de pouvoir d’une personne sur une autre à travers des actes sexuels sans le consentement de la victime (qui sont, dans une large majorité des cas, des femmes).

L’esthétique de la soirée est directement inspirée de celle des snuff movies, qui consistent, rappelons-le, à tourner en direct un viol suivi du meurtre d’une femme (bien évidemment non-consentante) par un ou des hommes. Ce ne sont pas des films fictifs, mais bien réels et diffusés en masse sur le net. Qu’il soit clair que nous ne nous attaquons ici ni à la culture BDSM ni à la pornographie. Nous refusons simplement de tergiverser quant à l’absolue nécessité d’un consentement éclairé entre toutes les personnes impliquées dans un même acte sexuel. Si nous nous attaquons à cette organisation, c’est parce que la question du consentement est plus que bafouée.

Nous ne sommes pas une bande de catho révolté-e-s. Certain.es d’entre nous pratiquent le BDSM et un certain nombre d’autres pratiques considérées comme des déviances par notre chère société. Nous encourageons inconditionnellement celles et ceux qui refusent les pratiques et les codes sexuels normés et genrés (coït, domination par le genre masculin et viol) mais toujours dans une logique de destruction des normes dominantes, anti-autoritaire et en respectant indéfectiblement le consentement et les limites de leur.s partenaire.s.

Parmi les groupes invités à cette charmante soirée, Clitorape et MST (Massive Sexual Trauma). Voici un extrait des paroles de ces derniers (à prendre au second degré bien sûr !) :

  • « Faut que j’me calme, que je pense à autre chose qu’à tes fesses. Ou je vais t’maritrintigner à la Cantat et ses prouesses.Tu finiras COTOREP plus mention 80%. Si j’écoutait ce qui se passe dans ma tête, je te violerai jusqu’au sang. »
  • « J’ai toujours envie de toi mon cœur, seul différence, tu seras morte. »
  • « Besoin de Teen Porn, ou ça se fait violer en pleine rue. »
  • « Tu me dis qu’il est de moi alors que je te l’ai mise dans ton cul, j’ai peut être un peu forcé et ta fine parois c’est fendue. »
  • « L’africaine avec son gros cul de black, comme les autres j’la déchire avec ma grosse matraque. »

Clitorape, qui a définitivement tout pour plaire, est présenté comme un groupe « biastophile » par les organisateurs de l’événement. La biastophilie est un fétichisme où l’excitation est provoquée par un acte d’agression sexuelle sur une personne non-consentante.

Quant aux autres groupes, même s’ils n’ont pas de propos faisant directement l’apologie du viol, leur participation, leur collaboration à la soirée prête à penser qu’ils se retrouvent dans ce discours. Le fait que certaines femmes participent à cet évènement ne justifie en aucun cas les propos que tiennent les organisateurs et les autres "artistes" de la soirée.
De plus, la soi-disant bonne intention des organisateurs nous importe peu. Et quand bien même ils ont le culot d’affirmer être résolument contre les violences sexuelles, ils participent, consciemment ou non, à la propagation et la promotion d’une culture du viol en partant de sa banalisation. Le viol est une violence bien trop ordinaire et n’a rien de libertaire, rien de subversif. Il ne sort pas du tout des codes de domination normés, au contraire, il en est l’exemple type. Il est une menace masculine quotidienne et fait parti de nos vécus. Nous n’accepterons jamais de le prendre au second degrès. Quelles que soient leur intentions de départ, la tenue de cet évènement est indéfendable.

On nous opposera probablement cette sacro-sainte liberté d’expression dont on entend tant parler depuis quelques temps. Cette sacro-sainte liberté d’expression qu’on brandit à chaque commentaire raciste, chaque "blague" sexiste, chaque énormité homophobe ou transphobe... Cette soi-disant liberté d’expression qui n’appartient qu’aux dominants et qui justifie tout, toujours, sauf les vraies prises de risque et un réel et authentique combat contre les normes. Nous balayons cette critique : promouvoir le viol ce n’est pas étendre sa propre liberté c’est uniquement limiter celle des femmes, des meufs, des gouines et des trans* et perpétuer des rapports de domination millénaires.

1 [Annonce du programmateur de la soirée]

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