Migrations - Frontières

[Calais] La Faim

Le communiqué des associations concernant l’intention de la préfecture de détruire les échoppes créées par les exilé-e-s le rappelle : on a faim dans le bidonville. L’étude menée en février par Refugee Rights Data Project l’avait établi : 28,4 % des personnes interrogées avaient déclaré ne pas manger tous les jours.

Calais |

On peut être scandalisé qu’on puisse avoir faim dans un pays riche où la nourriture abonde. Mais les choses ne s’arrêtent pas là. L’État ne se contente pas de ne pas faire ce qu’il devrait ou de le faire insuffisamment en finançant un repas par jour pour moins de la moitié des personnes, servi au centre Jules Ferry à côté du bidonville. En détruisant ce que les exilé-e-s ont créé pour répondre à leurs besoins et en entravant l’action des associations il crée et entretient cette situation.

En visant le Kids Restaurant, où Jungle Books, une association britannique sert des repas gratuits aux enfants, comme en bloquant ponctuellement l’apport de nourriture ou de bouteilles de gaz dans le bidonville, les autorités aggravent la précarité alimentaire.

La nourriture n’est toutefois pas la cible principale des autorités. En novembre et décembre 2015, la police a bloqué l’apport de tentes et de matériaux pouvant servir à la construction de cabanes dans l’ancien campement de Grande-Synthe, près de Dunkerque, alors que le froid et l’humidité s’installaient et que le nombre de personnes augmentait. Depuis la fin du mois de mai, la police empêche l’apport de matériaux pouvant servir à la construction de cabanes dans le bidonville de Calais, rendant les personnes plus vulnérables aux intempéries.

À cela s’ajoutent les destructions partielles du bidonville qu’ont eu à subir ses habitant-e-s en septembre 2015, novembre 2015, janvier 2016, mars 2016, et celle à venir des échoppes qui sont aussi des habitations. Ainsi que l’insécurité liée au fait de pouvoir être arrêté-e partout et à tout moment, et les violences policières qui affectent quotidiennement plusieurs dizaines de personnes.

À partir de quel moment un tel faisceau d’actions intentionnelles affectant physiquement et psychologiquement les personnes, la faim et la vulnérabilité au froid et aux intempéries volontairement entretenues, l’insécurité permanente, la violence physique et psychologique exercée quotidiennement, constitue-t-il ce qu’on appelle des traitements inhumains et dégradants ?

C’est aux associations de défense des droits de l’homme de se saisir de la question.

P.S.

Via Les Passeurs d’Hospitalités
Des infos régulières sur ce qu’il se passe à Calais sont disponibles sur Calais Migrant Solidarity

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