Migrations - Frontières Calais

[Calais] Nouvelle zone d’évacuation : La part Sud de la Jungle

Le gouvernement franchit un nouveau pas dans sa stratégie de destruction de la Jungle. C’est la suite de la création d’une « zone d’exclusion » ou « no man’s land » en janvier cette année.

Calais |

Nous, peuple unis de la Jungle de Calais, refusont les demandes du gouvernement Français concernant la réduction de la superficie de la Jungle.

Nous avons décidé de rester où nous sommes et résisterons pacifiquement aux plans gouvernementaux visant à détruire nos maisons.

Nous plaidons pour que les autorités Françaises et la communauté internationale comprennent notre situation et respectent nos Droits Humains Fondamentaux.

Malgré cette position combative, le « no man’s land » fut créé. Bien qu’il y eut des poches de résistance, la majorité des personnes se déplaça vers d’autres endroits de la jungle, aidés par les associations et les bénévoles. Cette fois-ci par contre, la surface a évacuer est trop grande, et la surface restante trop petite, et déjà sur peuplée, pour que cela se passe de la même manière.

Vendredi matin, la préfecture annonçait ses plans pour raser la « zone sud » à la presse (Le monde, BBC) et aux associations travaillant dans la Jungle. Ils disent que toutes celles et ceux qui vivent dans la zone concernée ont une semaine pour partir. Cette partie est la plus importante de la Jungle. Elle inclut l’église érythréenne (la plus grande église, et depuis que la précédente fut détruite, la seule restante), le fraichement ouvert youth center, l’Ecole Laïque du Chemin des Dunes, le centre pour femmes, de nombreux magasins et restaurants, des cuisines collectives, des points de distribution, le théâtre, le centre juridique, et bien sûr, les maisons de nombreuses personnes.

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, a déclaré après avoir visité la zone d’évacuation proposée, que deux sur trois des abris étaient vides. L’estimation du gouvernement de 800 personnes vivant dans la zone concernée a été accueillie avec grande surprise : pour n’importe qui vivant dans le camp ce chiffre est ridiculement bas. L’Auberge des Migrants, qui coordonne la distribution de nourriture, vêtements et abris, estime plutôt que le nombre réel est de 2000 personnes, et qu’il inclut de nombreuses familles et personnes vulnérables.

Le chiffre du gouvernement coïncide presque avec le nombre de places qui seront ouvertes dans le camp de containers (centre d’accueil provisoire (CAP)) samedi : 750. Ce chiffre ajouté à l’augmentation du nombre de bus vers les « centres de répit » (centres d’accueil et d’orientation (CAO)) à travers la France, est égal à la somme totale des alternatives du gouvernement. Ces alternatives ne sont pas acceptables pour beaucoup car elles leur feront perdre leurs libertés et l’esprit de communauté que leur confère la Jungle. De toute façon, les « centres de répit » ne sont un refuge que pour les mois d’hiver. Si le gouvernement fait ce pas maintenant, avant que ces abris ne ferment durant l’été, cette solution temporaire ne fait que l’aider à maintenir l’illusion qu’il s’occupe avec compassion de la « crise des migrant.e.s ». Au printemps, le nombre de migrant.e.s augmentera encore.

Pendant ce temps, les violences de l’extrême droite contre les migrant.e.s ont continué leur escalade. Cette semaine, à la suite des efforts fournis pour documenter les attaques, quelques medias ont admis une « brutale campagne de violences sans précédents » avec la complicité suspectée de la police. Il reste à voir si cette attention médiatique provoquera une réponse de la part des politiques ou de la police pour combattre ces attaques fascistes. Si la jungle est détruite, la vulnérabilité des migrant.e.s à ce type de violences est amenée à augmenter alors qu’ils et elles seront dispersé.e.s dans de plus petits camps.

La question de savoir comment cette évacuation va t-elle se passer et comment les personnes dans et en dehors de la jungle devront y réagir devra être débattue dans les jours qui viennent. Le gouvernement français a exprimé clairement qu’il ne tolèrerait pas plus de 2000 migrant.e.s à Calais, logé.e.s dans le camps de containers contrôlé par lui, et dans le centre Jules Ferry. Cette évacuation arrive donc sans surprises, et il est clair que ce ne sera pas la fin.

Lundi les associations rencontreront des représentants du gouvernement afin qu’ils leur expliquent le « plan ». Ils chercheront ensuite leur coopération pour sa réalisation. Les associations et les bénévoles, horrifié.e.s de l’inhumanité de l’évacuation proposée, veulent réagir en solidarité avec les réfugiés, mais leur position exacte reste à voir.
Les associations cherchent à opposer des recours juridiques à l’évacuation, et nombre d’entre elles et eux sont confiant.e.s dans leurs succès. Néanmoins, rien est certain ; à Calais la police agit depuis longtemps en dehors de la loi et trahit ses promesses comme dernièrement celle de ne pas détruire l’église et l’école, sur laquelle ils sont revenus quand la résistance s’est fait moindre.

En ce moment, l’information se répand rapidement dans la Jungle, et les gens se réunissent, réfléchissent aux possibilités et partagent des plans de réaction. Cette évacuation sera un moment critique pour la Jungle de Calais, et les personnes qui ont traversé la moitié du monde ne lâcheront pas sans se battre !

Regardez cette page pour des mises à jour et des appels pour du soutient ou des actions dans les prochains jours. CMS suivra les décisions de nos ami.e.s sans papiers. Un espace de liberté taillé dans l’ombre de la frontière est menacé : Il est temps d’agir en solidarité avec les migrant.e.s !

NO BORDERS ! NO NATIONS !

Ps : Une pétition adressée à Cazeneuve est a signer en
anglais ou en français. En pratique, comme nous le savons tou.te.s, les pétitions n’arrêtent pas les bulldozers !

P.S.

Traduit de Calais Migrant Solidarity.
À lire aussi, un bref historique des évacuations de la Jungle sur le site des passeurs d’hospitalités.

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