Culture - Contre-culture

[Genève] Une violence réfléchie et légitime

Un texte en guise d’explication des violences légitimes de samedi dernier.

Genève |

« Qui est le plus grand criminel : celui qui braque une banque ou celui qui en fonde une ? »
Bertold Brecht

Samedi dernier, une manifestation s’est attaquée à différents lieux de Genève. Principalement, des banques et des boutiques de luxe ont été attaquées, mais aussi le magasin d’un député d’extrême droite, le Grand-Théâtre et un magasin de sécurité. Un policier s’est aussi mangé un cocktail molotov. En lisant la presse, on pourrait croire que ces violences sont sorties de nulle part, on a aussi parlé des Black Blocs venus d’ailleurs... Mais si on regarde le contexte politique local il n’est pas difficile de comprendre qu’elles s’inscrivent dans un contexte de violences sociales venant de toutes parts. Disqualifier cette action pour sa violence me semble déplacé de la part d’un conseiller d’état en charge de la police qui oeuvre à la construction d’un état policier dont la violence quotidienne ne fait pas de doute.

Culture et subventions

Dans les années 90 existait à Genève une culture autonome vivant dans les interstices du système. Elle n’était pas subventionnée et elle ne coûtait donc rien à l’état. En quelques années le procureur général de l’époque, Zappelli, a anéanti des dizaines, voir des centaines de lieux de culture et d’habitat. Ne laissant presque plus que l’Usine comme lieu proposant une culture qui ne rentre pas tout à fait dans le moule. Lorsque Pierre Maudet s’attaque à l’Usine, il s’attaque aussi à ce qui reste de cette culture là. Et la « jeunesse » sait désormais que lorsqu’on se réveille trop tard on peut difficilement résister. Alors prendre la rue, c’était montrer que la culture peut exister sans subvention et que s’ils détruisent l’Usine nous saurons toujours faire la fête, mais peut être pas de la manière qu’ils l’imaginent. Avec tout le mépris que le Conseil Municipal a eu pour la culture alternative ces dernières semaines, un peu d’huile de vidange était un minimum pour un Grand-Théatre qui coûte quand même 41 millions par année à la ville de Genève pour que la bourgeoisie des campagnes alentours vienne y faire sa sieste.

Austérité sauf pour mettre des étrangers en prison

A Genève, on coupe dans le budget de l’Etat mais pas dans tous les domaines. En effet lorsqu’il s’agit d’investir 70 millions dans une nouvelle prison ou encore 20 millions dans une nouvelle caserne, pas de problème. Allez, encore 26 millions pour rénover le mobilier du département de la sécurité et de l’économie et pour l’achat d’équipements et de véhicules de police. 92 millions pour l’entretien de prisons qui ont déjà fait 2 morts cette année à Genève. Prisons par ailleurs remplies d’étrangers en situation irrégulière dont certains n’ont commis d’autre délit que de ne pas avoir de permis de séjour. En vérité c’est au racisme à peine voilé de tous les étages du système répressif auquel on assiste. Un procureur général qui défendait l’apartheid dans les années 90, des flics d’extrême droite présents au parlement, des contrôles au faciès dans la rue, des tabassages dans les commissariats et une prison remplie d’étrangers... Et avec une nouvelle loi raciste votée tous les deux ans il faudra bien penser à d’autres moyens de resistance que nos bulletins de vote.

Cette année on a assisté à un nombre impressionnant de manifestations à Genève. Des luttes ont eu lieu dans des domaines très variés : des fonctionnaires aux migrants, des maçons à la culture, tout le monde a compris que la lutte paie.

Alors Pierrot, à l’avenir tu sauras qu’on ne peut pas s’attaquer aux acteurs sociaux d’une ville sans se brûler les doigts.

Victor Serge, un participant à la manifestation très satisfait de son déroulement.

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