Science - Technologies OGM Rhizome

Le numéro 2 du journal Rhizome est sorti

Rhizome, journal anarchiste suisse pour diffuser la résistance contre le génie génétique et son monde, sort son deuxième numéro. Avec des communiqués et compte-rendus d’actions, des nouvelles du champ d’OGM de Zurich, des infos et analyses sur les nouvelles technologies génétiques, un retour historique sur la science moderne et la domination, l’histoire de l’inflitration par des néo-fascistes de la manif contre Monsanto à Morges... On peut le télécharger sur le blog https://rhizom.noblogs.org/

Editorial du numéro 2 :

A qui profite le temps ?

Le moratoire sur le génie génétique est prolongé1 jusqu’en 2021. Une raison de se réjouir où même de faire la fête ?
Plutôt une raison de réfléchir ; pourquoi maintenant ? Que va-t-il se passer ensuite ?

Ainsi s’exprime le pouvoir d’État le 18.12.2015 : « Lors de sa séance d’aujourd’hui, le Conseil fédéral a décidé de maintenir l’interdiction de cultiver des organismes génétiquement modifiés (OGM). Le moratoire actuel devrait être prolongé jusqu’en 2021 dans la loi sur le génie génétique (LGG). Le Conseil fédéral demande par ailleurs que soient précisés les principes garantissant la protection des cultures conventionnelles ainsi que le libre choix des consommateurs (coexistence), et que soient créées les conditions permettant de définir des périmètres de culture réservés aux OGM. »2

Cette déclaration montre clairement quelle intention se cache derrière cette prolongation ; gagner du temps pour imposer les produits modifiés génétiquement sur les marchés de la manière la moins conflictuelle possible, stratégie déjà en œuvre au début du moratoire, lorsque des sommes d’argent énormes ont étés investies dans le programme de recherche national PNR 59. Ces recherches ont, entre autres, porté sur la meilleure manière de briser la résistance dans la population, spécialement chez les femmes qui seraient plus critiques et chez la population paysanne qui serait méfiante pour des motifs irrationnels (voir „Le champ du contrôle“). Aujourd’hui, nous comprenons encore mieux que le temps est le meilleur allié quand il s’agit d’habituer les gens à l’instauration d’une nouvelle technologie controversée.

Qui croit encore au régime démocratique comme moyen pour avoir droit à la parole, doit vite se raviser. Qui croit encore qu’un moratoire peut empêcher le développement international de l’installation des OGMs oublie que seul l’argent importe dans la société, ou plutôt dans l’économie.
Le fait que le conseil fédéral prolonge le moratoire parallèlement à ce qu’il négocie, au plan international, le traité de libre-échange qui permettra l’instauration des OGMs en Europe, montre clairement l’hypocrisie du pouvoir démocratique. En outre, cette prolongation n’est même pas encore définitivement sûre puisque le parlement ne s’est pas encore prononcé dessus. Et les lobbys y disposent de bien des moyens d’influence.

Il s’agit d’instaurer la technologie génétique, avec le maximum de profit et le minimum de résistance.
Il y a donc l’opportunité pour quelques-un·e·s de s’asseoir à table des négociations avec les autorités et peut-être d’en sortir avec quelques concessions accordées. Il est même possible que certain·e·s opposant·e·s aux génie génétique négocient avec les autorités les contours de l’introduction des OGMs. Comme par exemple la petite ONG romande StopOGM qui croit que s’il existe des zones spécifiques où les OGMs seront autorisés, elle pourra s’opposer efficacement à toutes demandes d’autorisations de plantes génétiquement modifiés. Quelle sorte de stratégie est-ce que cela ?
C’est toujours le même petit jeu ! Certaines personnes ou ONGs, qui se plaisent à se voir comme représentants de l’ensemble d’un mouvement, finissent par vouloir dominer l’ensemble de la contestation et poignardent dans le dos des militant·e·s plus radicaux en s’asseyant à la table des négociations puis en nous vendant ensuite leur compromis moisi comme la meilleure victoire possible. Le seul gain de tels agissements sont pour la carrière des ces bureaucrates – qu’elle soit politique ou économique – et non pas pour le mouvement de résistance, notre environnement et sûrement pas pour la lutte pour un monde sans génie génétique.

Si nous voulons vraiment nous engager pour un monde sans génie génétique, nous ne pouvons pas déléguer nos responsabilités dans les mains de politicien·ne·s où de chercheurs et chercheuses faussement neutre. Nous devons tous et toutes prendre nos responsabilités individuelles en main. Un mouvement qui se positionne contre la technologie génétique se doit de placer ses perspectives de manière plus globale.
On ne viendra pas à bout de la technologie génétique en faisant appel aux capitalistes, dont la première priorité est et reste le profit, ni au politicien·ne·s dont la première priorité est et reste « la gestion de la société », soit la préservation de leur propre intérêt carriériste.

Cela devient intéressant lorsque nous nous organisons librement pour des actions directes et que nous luttons pour une vie définie librement, sans génie génétique, en vue d’un monde sans domination.

C’est vers cet horizon que Rhizome se veut de contribuer à avancer. Bien du plaisir avec la deuxième édition.

P.S.

1 A confirmer... Ce n’est pour l’instant qu’une proposition du Conseil Fédéral.
2 https://www.news.admin.ch/message/index.html?lang=fr&msg-id=60062

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