Science - Technologies OGM

Seed Vault ou l’alerte que quelque chose d’extrême se passe

De Barros, Manuela (2015), Magie et Technologie, Editions Supernova, pp. 27-28

Dans un chapitre contemporain qui ressemble à de la science fiction et qui touche à ce que les humains ont matériellement de plus précieux, c’est-à-dire la nourriture, je voudrais évoquer la Seed Vault, la réserve mondiale de semences du Svalbard. Il s’agit ici de réfléchir aux plantes, aux semences, à l’importance de l’agriculture, de ce que cela veut dire de la mettre au cœur d’un projet scientifique, politique, économique et artistique [1].
Dans cette place forte (une mine de charbon désaffectée) située sur une île norvégienne, toutes les graines accessibles sont préservées pour éviter leur disparition complète. Cela rassemble à une histoire apocalyptique se déroulant dans un monde voué à la destruction et dont toutes les puissances mondiales essaieraient de sauver ce qui peut encore l’être.
Sauf qu’il s’agit d’un lieu géré par le gouvernement norvégien, un trust de l’ONU (global Crop Diversity Trust) et de la Banque Génétique nordique. Le Vault est financée par un certain nombre de gouvernements, la Banque mondiale ou des organisations privées comme les fondations Rockfeller ou Bill & Melinda Gates, et beaucoup d’autres, à hauteur de 230 millions de dollars US. Sur le site de la GCDT, on peur lire des assertions telles que celle-ci : « La diversité des espèces est la base biologique de toute l’agriculture. Son utilisation s’inscrit aux origines de l’agriculture et les agriculteurs et les scientifiques doivent continuellement s’appuyer sur cette ressource irremplaçable afin d’assurer des récoltes productives ».
On peut alors se demander pourquoi elle ne le fait pas. Pourquoi au contraire, certains des pays qui financent la Vault (comme les USA ou les Royaume-Uni) autorisent et promotionnent de façon offensive des agricultures, par exemple intensive en OGM, qui participent à l’appauvrissement de la diversité de l’agriculture et des cultures.
En arrière-fond se déploie une guerre de la privatisation des semences et, par exemple en France en 2014, le délit de contrefaçon a été étendu aux graines, renforcant le monopole de l’industrie des semenciers qui impose ses semences « certifiées » en empêchant les reproductions naturelles et bride la biodiversité. Ceux qui se prétendent nos sauveurs seraient-ils bien au contraire nos oppresseurs ?
Par exemple, la fondation Bill et Melinda Gates, qui déclare être une entreprise philanthropique à qui veut bien croire, a été épinglée en mars 2015 (avec la United States Agency for International Development) en train de négocier un accord qui permettrait la privatisation des graines de plusieurs pays africains, les propulsant dans une agriculture industrielle radicalement contraire à leurs intérêts et leurs besoins.
Dans un tel contexte, que veut dire un lieu tel que la Seed Vault ? Que les technologies avancées ont détruit le monde ou que le monde va être sauvé par elles ? Comme souvent le message est aussi souterrain que ces graines enterrés. Mais il donne l’alerte sur un monde opaque, cryptique, ésotérique : quelque chose d’extrême se passe qui met en danger notre survie, en l’occurrence par le possible épuisement de nos ressources alimentaires.

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