Le texte suivant a été distribué au CHUV à Lausanne, dans le cadre de la “semaine du cerveau” qui avait lieu entre le 16 et le 21 mars 2015.
Un patriotisme unanime
Tambours ! Trompettes ! Le Human Brain Project, le méga projet de simulation du cerveau humain coordonné à l’EPFL, a gagné le concours du « milliard de l’Europe », dans le cadre du plan de la commission européenne « FET Flagship », entendez le bateau-amiral, la figure de proue des technologies futures et émergentes. Le lobbying des parlementaires suisses, emmené-es par Anne-Catherine Lyon pour booster le réseau d’influence de l’institution à la botte de Patrick Aebischer, a été payant.
Les médias encensent ce « projet capital pour le développement de nos Hautes Écoles, pour celui du canton et de l’arc lémanique, voire du pays », et les élu-e-s qui exprimaient déjà « beaucoup de fierté » lors du lancement du projet il y a quatre ans, sont bien sûr aux anges que la région devienne « la capitale mondiale de la recherche sur le cerveau » [1].
Ce projet phare des neurosciences, qui veut coordonner les travaux de plus de cent instituts à travaux le monde et compiler leurs résultats, a pour très haute ambition de « modéliser le cortex humain », de « créer, au moyen d’un supercalculateur, un cerveau artificiel biologiquement précis », voire de « comprendre comment naît l’intelligence humaine ». [2] « Les meilleurs spécialistes européens en sciences cognitives, neurosciences, biologie moléculaire, médecine, physique, mathématique, informatique et éthique (sic !) vont plancher de concert », choisis grâce à « l’introduction d’un processus "darwinien" qui vise à sélectionner le plus "apte". » [3]
Le Human Brain Project est né dans le supercerveau du professeur Henry Markram, directeur du Brain Mind Institute où officie aussi le patron de l’EPFL, Patrick Aebischer. Les deux copains, qui prévoyaient déjà la construction d’un nouveau bâtiment ad hoc délicatement nommé Neuropolis à l’EPFL, se sont ensuite mis d’accord avec la famille de milliardaires Bertarelli qui a racheté à la multinationale biotechnologique Merck Serono les bâtiments abandonnés de son site de Sécheron à Genève, pour y héberger leur projet du cerveau humain dans le nouveau Campus Biotech - « ce gigantesque écosystème autour du cerveau » . Bref, l’essentiel est que ça reste dans « l’arc lémanique », déjà rebaptisé « Health Valley », qui rayonne de perspectives de croissance [4].
Mais aujourd’hui, le brillant leadership de ladite vallée est obscurci par les nuages sombres de la votation du 9 février 2014 contre l’immigration, « une épée de Damoclès pour le Campus Biotech » selon Aebischer [5] . Un certain patriotisme étriqué cause des soucis au patriotisme économique, qui lui sait différencier et accueillir les travailleurs qui génèrent le plus de valeur ajoutée : les chercheurs. Ces derniers appellent donc au secours la classe politique suisse, pour aller négocier avec l’Europe pour qu’elle ne mette pas à exécution ses menaces de restreindre la coopération scientifique, la matière grise étant la matière première du capitalisme suisse. Il serait cocasse que le Human Brain Project souffre de la tant rabâchée fuite des cerveaux...
On s’inscrit donc à la fois dans la compétition mondiale pour le prestige des universités, dans la compétition entre les « pôles urbains » de la métropole globale pour attirer cadres et chercheurs, et dans la compétition intercontinentale. En effet, l’Europe impulse son milliard d’euros (sur dix ans) face aux États-Unis et leur BRAIN Initiative [6] lancée en 2013. « Le but est de donner à l’Europe un avantage compétitif en soutenant des défis scientifiques structurants et sur un horizon temporel long », explique Mario Campolargo, responsable à la commission des programmes FET (Future and Emerging Technologies). Markram : « C’est une opportunité pour l’Europe de prendre le leadership dans la compréhension du cerveau. C’est aller sur la lune » [7].
Pourtant, on constate que les américains se concentrent sur les outils destinés à la collecte des données et les européens sur le traitement de celles-ci. [8] « L’heure est au collaboratif comme le démontre l’annonce, faite au printemps 2014, d’une collaboration entre les projets américain BRAIN Initiative et européen Human Brain Project » [9]. Y aurait-il en fait complémentarité, une union sacrée pour la Big Science, chaque camp jouant en fait sur l’argument de la compétition pour convaincre son propre gouvernement de lâcher des gros sous ?
Un nouveau continent à coloniser...
Il s’agit en effet de Big Science, un de ces projets colossaux qui nécessitent de mobiliser l’ensemble des moyens actuels au niveau planétaire, pour passer « un cap supplémentaire ». « Conquérir le cerveau est le défi scientifique du XXIe siècle, comparable à la conquête de la Lune en 1969, au séquençage du génome humain en 2000, ou à l’association de milliers de physiciens des particules au CERN à Genève. » [10] Il s’agit maintenant d’aller « au plus intime de l’être humain, à savoir son cerveau » [11].
Dans la rhétorique des chercheurs en neurosciences, on parle tout le temps du cerveau comme « la dernière grande frontière », ce qui suggère que derrière cette frontière se cachent des contrées inconnues avec leur sauvagerie à domestiquer, et surtout ses ressources à piller. La conquête des Amériques avait permis le décollage économique de l’Europe ; plus tard, la découverte en 1847 de l’utilité de la quinine contre la malaria a permis la colonisation de l’intérieur du continent africain à une époque d’industrialisation [12]. Grâce aux recherches actuelles, on se prépare à conquérir un nouveau continent – le cerveau – pour initier une « nouvelle révolution industrielle » comme le dit Patrick J. Kennedy, responsable du programme One mind for research et « prosélyte de la conquête intérieure » [13].
Un des objectifs affichés du « HBP » est d’améliorer les ordinateurs et les robots, en s’inspirant des « circuits et principes de calcul » du cerveau pour être plus rapide, prendre des décisions, etc... Partant du principe réductionniste que le cerveau n’est qu’un ordinateur particulièrement efficace – un lieu commun dans les hautes écoles d’ingénieurs – on prétend s’inspirer de la biologie pour améliorer encore nos artefacts et faire triompher leur toute-puissance.
Mais on est encore loin de ce future computing : pour l’instant on attaque le cerveau par l’approche force brute grâce aux capacités exceptionnelles fournies par IBM. « Que venait faire un super-ordinateur dans une discipline où les biologistes moléculaires font la loi ? Simple question d’arithmétique. Il fallait alors l’équivalent d’un ordinateur grand public pour modéliser un neurone : "Nous avions donc besoin de 10 000 processeurs pour simuler 10 000 neurones", explique Markram ». [14] « Cela implique un titanesque travail de compilation, d’harmonisation et de hiérarchisation de données venues des universités et hôpitaux du monde entier et leur compilation in silico. » [15] In silico, c’est-à-dire que cette science ne peut se pratiquer hors du monde de silicium des ordinateurs, dont la puissance de calcul est le facteur limitant : nous avons bien affaire à ce qu’on appelle une technoscience.
Cette logique informatique qui est au cœur du projet attise apparemment les contradictions internes au secteur, en marginalisant les « sciences fondamentales » que seraient les sciences cognitives. C’est pour cela qu’une lettre ouverte de nombreux chercheurs a fait grand bruit en juillet 2014 [16], dénonçant « l’exclusion des sciences cognitives du HBP, devenu à leurs yeux une sorte de superordinateur » [17]. « On se dirige vers un projet technologique uniquement, amputé de sa part de sciences fondamentales » [18]. Que voulez-vous, on n’arrête pas le progrès ! Alors que « près d’un emploi sur deux pourrait être confié à des machines » [19], c’est au tour des neuroscientifiques voir leur métier phagocyté par les ordinateurs...
Mais en vérité, peu nous importe que ce soient des humains ou des ordinateurs qui dissèquent nos cerveaux et réduisent l’humain à une machine pilotée par des réseaux de neurones interconnectés. Nous n’acceptons pas à cette vision réductionniste de la vie, incapable d’appréhender la conscience et la liberté comme des émergences, inextricables de leur substrat physique – le cerveau – mais faisant exister un autre niveau de réalité qu’il n’y a aucun sens d’analyser au niveau neuronal. Mais peut-être est-ce trop demander à des technoscientistes que de réellement se poser des questions de sens.
« Car le cerveau est le substrat matériel de notre activité mentale, mais il ne pense pas ; seule la personne pense. Et le contenu de ses pensées trouve son origine à l’extérieur du cerveau, dans son environnement interne et externe. L’image ne donne pas à voir des pensées, mais des corrélats biologiques de ce que fait un être humain quand nous disons qu’il pense : activité électrique, variation du flux sanguin, etc. Le cerveau est la condition objective de la réalité mentale, mais c’est cette réalité mentale qui le façonne. Oublier ces deux faits relève de la neuromythologie scientiste. » [20]
« Qui sont les rats de laboratoire qui vont bouffer du rab’ ? »
De même, une maladie psychiatrique – pour autant qu’elle ne soit pas juste diagnostiquée en tant que déviance vis-à-vis d’une norme – est bien plus qu’un dysfonctionnement biochimique et concerne différents niveaux de réalité, notamment social. L’optimisme béat exigé par les promoteurs du projet-cerveau quant au futur traitement de toutes les maladies ayant plus ou moins rapport avec le cerveau serait juste pathétique s’il n’engendrait pas, dans une logique de surenchère dans l’économie de la promesse [21], une réorientation des moyens affectés au traitement des maladies concernées. On peut être certain qu’un renforcement de la médicalisation des troubles psychiques, par la voie de nouveaux appareillages et médicaments, sera induit par cette approche réductionniste. Richard Walker, un des responsables du HBP : « Les médicaments utilisés aujourd’hui reposent le plus souvent sur de vielles molécules (sic !) dont les propriétés ont été découvertes par hasard ! Il faut une nouvelle approche. La simulation est un processus d’ingéniérie rationnel qui doit permettre de trouver les causes de ces maladies, et donc des thérapies nouvelles » [22]. Future medicine, disent-ils.
Cependant, même si les objectifs phares au niveau fondamental (compréhension de l’intelligence humaine) et philanthropique (prévention et guérison des maladies) n’aboutissent pas ou peu, le principal aura été atteint : des crédits pour la recherche, des retombées économiques régionales, des avancées en informatique et en robotique, des nouveaux marchés pour l’industrie pharmaceutique grâce à la captation des fonds publics, une nouvelle révolution industrielle. « Barack Obama a confié lors du discours de lancement du BRAIN Initiative en avril 2013 : "chaque dollar investi pour cartographier le génome humain a rapporté 140 dollars à notre économie". Des gains similaires pourraient être envisagés suite aux investissements engagés aujourd’hui dans le BRAIN Initiative et le HBP. En effet, (…) les technologies émergentes mises au point dans le cadre de ces projets vont insuffler de nouvelles idées aux industriels, qui ne manqueront pas de capitaliser ces découvertes » [23].
Ces milliards investis dans des recherches qui repoussent les frontières de l’exploitable doivent donc ouvrir de nouveaux marchés pour perpétuer le système capitaliste avide de croissance et donc d’innovation. A ce titre on notera le positionnement stratégique – dans cette guerre de conquête, la guerre au vivant – de la bonne vielle Big Blue (IBM ou International Business Machines) qui fournit la puissance de frappe : des superordinateurs de nouvelle génération, conçus pour l’occasion. Cette multinationale se distingue depuis quelques années par son projet global de « planète intelligente », un monde-machine où les éléments vivants et inertes du monde entier seraient interconnectés et gérés comme des rouages par des algorithmes, pour lequel elle se propose justement de fournir l’infrastructure informatique [24]. Ça ne vous donne pas envie de confier votre cerveau à Big Blue ?
N’ayez crainte, c’est pour votre bien ! Le marketing scientiste pour politiciens crédules n’a décidément aucune limite : « Avancer dans la compréhension du cerveau permettrait de traiter de nombreuses maladies neurologiques (Alzheimer, Parkinson, schizophrénie, autisme, etc.), de réaliser des avancées en informatique, en robotique, et de développer de nouvelles générations de médicaments. "Il y a sur terre deux milliards de personnes souffrant de maladies du cerveau. (…) L’industrie pharmaceutique s’est retirée de la recherche sur le cerveau parce que c’est trop complexe", insiste Markram. Aux instituts de recherche académique de s’en emparer, en testant des médicaments sur des cerveaux numériques reproduisant les maladies » [25]. Le HBP serait donc un projet humaniste de la recherche publique, qui résoudrait les problèmes de l’humanité en permettant une « médecine personnalisée » pour répondre au « doublement des coûts des maladies neurologiques en Europe depuis 2004 » [26].
Une impression de déjà vu ? Les OGM de la recherche publique censés éliminer la faim dans le monde mais qui l’augmentent en approfondissant l’industrialisation de l’agriculture au profit du privé... Voici la neuroscience publique qui va offrir des boulevards à l’industrie pour développer des nouveaux médicaments et nous barder d’électrodes, de puces et autres « interfaces cerveau-machine » (qui donnent d’ailleurs le nom d’un laboratoire de l’EPFL [27]) en s’acharnant, comme toujours, sur les symptômes et non sur les causes.
Les études épidémiologiques sur les causes des maladies du cerveau ? Les promoteurs du HBP n’en parlent pas. Et pour cause : elles sont nombreuses et pointent – ô hasard – sur tout une panoplie des productions de la société industrielle : pesticides, plomb et autres produits chimiques, sédentarité, tabagisme, champs électromagnétiques, radiations nucléaires [28]… Non seulement agir sur ces causes ne créerait ni champ de recherche ni nouveau marché pour le traitement des maladies, mais leur reconnaissance elle-même écornerait méchamment le beau livre de l’innovation scientifique.
Révolutionner les sciences sociales
Tambours ! Trompettes ! « Comprendre comment fonctionne le cerveau permettrait de "révolutionner non seulement les neurosciences, la médecine et les sciences sociales (sic !), mais aussi l’informatique et la robotique", précise l’EPFL. » [29] Une révolution – des sciences sociales ou d’autre chose – qui n’est pas opérée par la communauté concernée mais imposée de l’extérieur, ça ressemble plutôt à une occupation coloniale ! En effet, au-delà des publicitaires friands de neuromarketing, la psychiatrie, les sciences de l’éducation et le droit, entre autres, s’appuient de plus en plus sur l’imagerie cérébrale, dont le marché mondial avoisine les 7 milliards. [30] Les criminologues – et donc l’État – se remettent à rêver de détecteurs de mensonges [31]. Un article du New York Times du 11 juillet 2014 parle de trouver un pont entre neurosciences et psychologie, ne voyant pas qu’aujourd’hui la neuroscience écrase la psychologie. Plus généralement, dans toutes les sciences humaines jusqu’à la philosophie, tout ce qui ne sert pas à l’accompagnement des technosciences est en train d’être mis de côté, au profit notamment de toutes les approches « cognitivistes », justement. Ces sciences dites « douces » dont l’histoire était déjà largement axée sur la gestion de la population, mais dont des pans entiers ont pu nourrir les résistances contre le pouvoir, vont devenir d’autant plus difficiles à se réapproprier avec un tel resserrement réductionniste.
« La "preuve par le cerveau" reproduit l’illusion individualiste, c’est-à-dire la croyance selon laquelle les individus ont d’abord une existence biologiquement déterminée sur laquelle vient se greffer un historique relativement accessoire. Elle naturalise l’esprit, le faisant apparaître comme une donnée intangible sur un écran plutôt que comme le produit d’une histoire et de circonstances ; elle gomme ainsi la contribution du contexte culturel et socio-historique au développement de la pensée et des sociétés. Elle neutralise enfin la dimension subjective et autonome de la construction de l’expérience humaine, reformulée dans les termes des sciences naturelles » [32].
Ce qui ne révolutionne par contre pas les sciences sociales, c’est leur rôle instrumental dans le volet éthique et société (projet stratégique n° 12). Dirigé par Kathinka Evers de l’université d’Uppsala (responsable du volet philosophie) et Jean-Pierre Changeux de l’institut Pasteur, il représenterait 5% du budget, soit 5 millions par an. Il s’agira bien sûr d’identifier les « bénéfices et risques potentiels », pour prévoir (forecast) les enjeux sociaux et éthiques grâce aux visionnaires du foresight lab de Nikolas Rose (King’s College, London). C’est la gestion de la contestation qui a déjà été planifiée...
Alors qu’aucune des voix critiques par rapport au HBP n’a encore, à notre connaissance, soulevé le problème, des experts affiliés au projet débattaient online le 7 janvier 2015 pour examiner l’ « usage dual » (dual use) potentiel des progrès en neuroscience. « Le HBP européen est voué à la recherche pour des objectifs civils . (…) Cependant, de nombreuses innovations et découvertes du HBP pourraient avoir des implications pour la recherche et le développement d’applications militaires. “Une proportion significative de la recherche moderne en neuroscience (pas la recherche menée par les partenaires du HBP) reçoit du financement de sources associées au secteur militaire.” Le BRAIN Initiative étasunien est un autre grand projet de neuroscience qui, contrairement au HBP, reçoit un financement significatif du DARPA (défense), spécifiquement pour des applications militaires » [33]. De tels débats visent certainement à anticiper d’éventuelles critiques, aucunement à mettre en question les recherches elles-mêmes. Encore une fois, il semble qu’il y ait une belle complémentarité entre les États-Unis et l’Europe, cette dernière pouvant se donner le beau rôle de la recherche civile immaculée.
Pour les États-Unis, le progrès ne serait pas que dans la force militaire elle-même : « l’urgence concerne d’abord les 360000 vétérans rentrés d’Irak et d’Afghanistan avec des PTSD (syndrome de stress post-traumatique) et autres traumatismes cérébraux. Au-delà, (Kennedy) songe à prévenir, diagnostiquer, traiter et soigner les troubles mentaux majeurs qui affectent près de 100 millions d’Américains aujourd’hui » [34]. Beau progrès, qui sert à la fois à gérer les nuisances et à en créer de nouvelles.
Une épidémie d’aubaines pour les scientifiques
Après la polémique de l’été dernier et le « recadrage » pour que les chercheurs en sciences cognitives aient leur part du gâteau, il semble que l’EPFL ne serait plus qu’une antenne du projet parmi d’autres [35]. Mais que l’écosystème de la Health Valley se console, car il y hébergera, dans le Swisstech Convention Center flambant neuf, le Brain Forum.
Ce grand raout international de trois jours rassemblera « des universitaires, des entrepreneurs, des professionnels de la santé, des dirigeants d’entreprises et des décideurs politiques, à la fois dans les secteurs publics et privés, (pour partager) leurs pensées sur la lutte contre l’épidémie croissante de troubles neurologiques et comment les approches personnalisées et les nouvelles technologies pourraient améliorer la valeur et la qualité des soins de santé. » Et bien sûr, parler de financement de la recherche en conclusion, après moult conférences pleines de promesses.
Ainsi, que la conquête du cerveau prenne appui sur des épidémies neurologiques comme prétexte pour créer de nouveaux marchés sans s’attaquer aux causes des maladies, et finalement faire avancer le « projet d’artificialisation de la vie et de mécanisation des relations humaines » [36], ne fait que donner raison au groupe Oblomoff : « Les recherches les plus nauséabondes et intéressées ont toujours prétexté qu’elles allaient guérir et nourrir le plus grand nombre, améliorer les conditions de vie. (…) Dans le cas de la science, la vision progressiste de l’histoire se berce encore de l’idée que toute avancée des connaissances est intrinsèquement bonne, même quand dans l’immédiat elle est associée au pire. Il est pourtant urgent de comprendre que les dégâts induits par la frénésie scientifique sont souvent irréversibles. Principale responsable de leur multiplication, la technoscience ne pourra rien (ou si peu) face aux radiations, aux cyclones ou aux cancers, qui sont et resteront des catastrophes. Prétendre les résoudre par des solutions techniques revient à s’enfermer dans une fuite en avant absurde » [37].
Nous ne voulons pas que les machines pénètrent dans l’intimité de nos cerveaux, nous ne voulons pas être les sauvages colonisé-e-s par leur conquête !
Quelques opposant-e-s lausannois-e-s au technoscientisme - sickvalley@riseup.net