ven. 17 mai 2024 19:00

SAAB – Tryptique Beyrouth en guerre
en présence de l’association Jocelyne Saab

Les enfants de la guerre
France – 1976 – 10’ – VOstFR
Beyrouth, jamais plus
Liban- 1976 – 35’ – VOstFR
Lettres de Beyrouth
Liban – 1978 – 52’ – VOstFR

Un regard humain sur les ruines de l’Histoire

L’actualité rappelle que les conflits israélo-palestiniens se déchaînent depuis presque un siècle sur la région et qu’aujourd’hui le seuil d’un génocide est franchi. Ils sont aussi insérés dans des tensions géopolitiques plus vastes qui concernent les différents acteurs de la région et des forces internationales. Le regard de Saab est d’abord engagé et analytique, plutôt que militant. C’est en s’attachant à maintenir un regard complexe et multiple, qu’elle parvient à démasquer les prétextes confessionnels d’un fratricide pour creuser les raisons sociales et institutionnelles qui nourrissent ces conflits.

La sortie en DVD des films de Saab (1974-1982) et les deux rétrospectives à Paris et à Marseille révèlent l’importance d’exhumer ses œuvres dans cette période mortifère pour comprendre autrement la violence et l’absurdité qui s’est jouée et se joue encore. Nous voulons relayer le travail de l’association Jocelyne Saab qui se consacre à restaurer et à revaloriser ses oeuvres.

Au départ journaliste, cette réalisatrice franco-libanaise aux multiples casquettes, a suivi au cours de sa vie, sans relâche, l’actualité dit du “Moyen-Orient”. Débutant par le reportage, elle glisse vers un regard documentaire plus personnel et poétique pour rejoindre plus tard la fiction.

Dans un focus en 5 volets, on voudrait suivre l’évolution de son rapport à l’image et de ses positionnements face aux guerres, aux révolutions et aux désastres qui ont frappé tant son pays d’origine que les pays voisins. De la guerre du Liban à la résistance palestinienne, elle a sillonné aussi l’Egypte et l’Iran pour comprendre les crises socio-économiques et les enjeux politiques de l’époque. Voir son œuvre, c’est accéder à des archives précieuses et poignantes, travaillées par une vision subjective. A la recherche des liens susceptibles de rassembler le paysage morcelé de la région, au-delà des enjeux des Etats-nations, Jocelyne Saab porte l’image à hauteur humaine. Revoir ses œuvres, c’est aussi s’interroger sur les images qui s’affrontent aux événements du présent. Jocelyne Saab avait une acuité de regard, une compréhension profonde des enjeux et une efficacité à les mettre en images avec une composition et un montage qui rend son œuvre personnelle face aux réalités du monde.

Il était une fois Beyrouth, histoire d’ une star, une drôle de fiction-docu que nous présentons à la fin de ce focus, fouille avec espièglerie les imaginaires qui se sont cristallisées sur Beyrouth, une ode aux images d’archives et à la volonté de Jocelyne Saab de défendre la culture arabe, comme le remède qui pourrait redonner de la lumière.
Dans les images guidées par son regard, on espère percevoir dans les débris qu’elle fait parler, une brèche pour approcher plus lucidement les décombres qui sont en train de s’amonceler.

Pour aller plus en détails
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