Répression - Enfermement Police

[Genève] Police partout, police partout

Une fois n’est pas coutume, le Temps - sous la plume de Fati Mansour - publie un article bien documenté qui charge la politique de Pierre Maudet et sa manie de s’entourer de petits soldats. Cela révèle bien combien la politique, pour le Conseiller d’État PLR, est avant tout un travail de police. Et que Genève avec son nombre record de députés-flics, son parti de policiers (le MCG) et ses milliers de citoyens-flics est bien une république policière.

Genève |

Voici quelques extraits de l’article en question :

La nomination de « bons soldats », au profil très sécuritaire, a plutôt le vent en poupe au sein du département.

Au printemps dernier, l’arrivée de Philippe Bertschy à la tête de la stratégie carcérale constitue une surprise. [Son] style fait [...] déjà des vagues et il est décrit comme un chef de service qui mène ses entretiens internes sur le mode d’un interrogatoire, qui est intransigeant, cassant, obnubilé par la hiérarchie et peu familier avec l’univers si particulier de la détention.

La Brenaz [...] voit arriver un ancien collègue et proche du nouveau chef de l’office. Jean-Charles Bellido, qui avait démissionné de la police judiciaire il y a une dizaine d’années pour ouvrir un magasin de jeans au centre-ville, devient un des responsables de cet établissement. La directrice, Anne-Dominique Dubois, est elle-même aussi une ancienne inspectrice de la police lausannoise.

Autre nomination controversée, celle d’Emmanuel Foray à la tête de Curabilis. Employé de banque, puis membre du corps des gardes-frontières, spécialisé dans la traque des stupéfiants, il a dirigé La Brenaz (petite version) avant d’être déplacé – au moment où des problèmes de mobbing sont dénoncés par le personnel – dans les étages supérieurs de l’office. [...] Là où les soins sont prodigués aux délinquants perturbés et où la volonté politique de durcir le ton est manifeste. C’était prévisible, les tensions sont désormais à leur comble avec le médical.

[...]

Le ministre vient de confier un mandat à mi-temps à Alexandre Vautravers, rédacteur-en-chef de la Revue militaire suisse et grand spécialiste des conflits armés [bien au chaud derrière son écran, ndlr]. Ce dernier devra veiller au bon fonctionnement du futur Conseil consultatif de sécurité – sorte d’aréopage représentatif de la société civile – prévu par la nouvelle loi sur la police et réfléchir à d’autres choses encore.

Pour étoffer cette question, nous republions pour l’occasion un texte tiré du N°77 d’Esquive du printemps 2014 et qui résumait bien la situation de domination policière - matérielle et idéologique - dont souffre Genève.

La démocratie policière : De la rue au ministère

Il n’est pas rare que les médias relayent des violences policières à Genève. On pourrait croire que ces « bavures » sont le fait de quelques flics incontrôlés.

Mais, en vérité, ces violences sont le fruit d’un système répressif nourri par la volonté affirmée d’une grande partie de la classe politique et judiciaire.

Depuis quelques années maintenant, les flics ont leur parti : le MCG, deuxième du canton avec vingt sièges au Grand Conseil. Un tiers de leurs députés sont policiers et leur ancien n°2 les a rejoint juste avant les élections. Ainsi, flic est la deuxième profession la plus représentée au Grand Conseil. Roger Golay, le président du parti, est un retraité dont le passé donne la nausée. Il y a quelques années encore, il était maréchal de gendarmerie, président de l’Union du personnel du corps de police (UPCP) et de l’Union syndicale des polices romandes. En 1983, il a fait ses débuts en politique en intégrant le mouvement jeunesse de Vigilance, un parti d’extrême droite genevois. Mouvement de jeunesse dans lequel Olivier Jornot, l’actuel Procureur général de Genève est entré en 1984 à l’âge de 15 ans. Après la dissolution de Vigilance au début des années 1990, certains de ses membres comme Jornot rejoignent le parti libéral tandis que d’autres finiront au MCG, une dizaine d’années plus tard.

La machine répressive genevoise est bien huilée. La police règne à tous les étages. Un parlement constitué à 7% de policiers vote des lois qu’ils appliqueront eux-mêmes dans la rue. Les prisons sont plus remplies que jamais car le Procureur général et Pierre Maudet, Conseiller d’État en charge de la sécurité, assument pleinement ces volontés politiques. Les médias reproduisent tels quels des communiqués du Ministère publique, de plus en plus épurés, voire mensongers, et propagent avec complaisance les propos d’Eric Stauffer, leader du MCG, lorsqu’il appelle les policiers au meurtre dans les médias. Et quand on dépose une plainte contre la police, c’est Olivier Jornot en personne qui se charge de la traiter. Un homme qui a fait ses débuts en politique en signant des articles combattant la loi contre le racisme.

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