Pensées politiques

[Monde] Allons chasser le pokémon

Si vous n’êtes pas sorti.e.s de votre cave depuis quelques semaines, il existe maintenant une façon bien singulière de mourir en traversant la route, c’est celui de chasser des animaux virtuels dans un monde réel. Il y a quelques semaines, Niantic Labs à sorti un jeu en collaboration avec Google et Nintendo où notre but est de chasser des Pokémon dans notre ville. En combinant le GPS, la 4G et l’appareil photo, notre ville jusqu’alors assez banale et ne changeant pas beaucoup d’un jour sur l’autre se trouve envahie de petites créatures que l’on se doit de chasser et de capturer pour avancer dans le jeu. En fait, c’est le premier VRMMORPG ou Virutal Reality Massive Multiplayer Online Role Playing Game. Ho joie !

Enfin ! On peut devenir le meilleur dresseur ou la meilleure dresseuse ! On peut enfin répéter ce que la télé nous disait alors que l’on suçait notre pouce pour certains d’entre nous. C’est chouette, car au lieu d’avoir nos parents qui nous disent de sortir parce que l’on passe notre journée assit devant des jeux vidéos, maintenant, on peut sortir et jouer à Pokémon ! C’est beau le futur !

Enfin. Presque.

Visiter nos villes, et les redécouvrir comme nous le faisons avec Pokémon, on appelle ça la dérive. Joueurs et Joueuses, vous êtes en dérive ! Pas de panique, enfin pas encore. La dérive, c’est simplement une manière d’errer dans un lieu pour sa découverte, en tant que réseau d’expériences et de vécu. C’est une démarche qui consiste à se déplacer à travers les différentes ambiances d’un espace (une ville, un quartier) en se laissant guider par les impressions, par les effets subjectifs de tels lieux.

La dérive est d’une importance cruciale pour se saisir de nos espaces de vie. Le métro-boulot-dodo devient beaucoup plus intéressant quand au lieu d’avoir un regard de vide et perdu dans le paysage, on essaye de comprendre le pourquoi du comment de l’organisation urbaine de la ville. Mais c’est aussi un moyen de se rebeller. Comprendre comment quelque chose fonctionne, c’est aussi savoir comment la saboter. On ne veut pas forcément saboter nos villes, mais les réorganiser selon les besoins et envies de gens qui y vivent, c’est mieux.

Pour en revenir à nos wattouat, Pokémon Go nous fait dériver. Mais d’une manière très spéciale, car il le fait selon les bon vouloirs d’une entreprise privée, pour qui ni la transparence, ni la fiabilité sont des mots d’ordre. On dérive sans le savoir, mais on n’en n’a pas le contrôle. En effet, visiter les arènes de Lutèce pour y choper un Ratata, en ignorant toute l’histoire qui s’y est déroulée, c’est faire un gros fuck à Chilpéric... ( Rénovateur des Arènes aux alentours de l’an 140 )

Le choix des endroits et des situations des arènes ou des points d’intérêt est aussi quelque chose que l’on doit analyser. Par exemple, il y a peu d’Arènes dans les banlieues de Paris. Souvent, ces Arènes sont dans des lieux historiques ou sociaux... N’existe il pas de lieux historiques dans les banlieues ? Ou ne sont ils pas reconnu, consciemment ou pas ? Qui a volé aux banlieues leur Histoire ? Le fait de choisir les endroits de dérive les soumet à une certaine subjectivité, ce qui peut nous empêcher d’avoir un regard englobant la totalité de notre Histoire. Et ainsi, nous empêcher de nous saisir de nos villes, de nos communes.

C’est d’autant plus rageant car il y a en plus une certaine portion qui se désintéresse totalement de telles balades du coup. D’ailleurs, des joueurs le disent. À la question “Est-ce que quand vous vous baladez dans Paris, vous vous intéressez au passé historique et à l’urbanisme de la ville, ou est-ce que vous jouez surtout ?”, j’ai eu pour réponse : “Euh bah on geek comme des porcs surtout” ou encore “On joue surtout mdrr”...

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P.S.

Féminisation faite par la rédaction de renverse

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