La situation est désespérante. Alors que les conséquences désastreuses du réchauffement climatique sont de plus en plus manifestes, les origines de cette crise sont occultées et les moyens d’y remédier semblent plus lointains que jamais. Les illustrations de cela sont partout.
Dans un meeting de campagne, deux jours avant son élection en 2024, Donald Trump affirme ainsi que le réchauffement climatique est un canular. Pour le prouver, il indique les températures relativement basses enregistrées au moment où il parle [1]. Lors de sa visite à Mayotte après le passage de l’ouragan Chido, Marine Le Pen critique le plan de reconstruction gouvernemental. Elle soutient qu’il n’aborde pas la question de « l’immigration clandestine », comme si la catastrophe n’était pas naturelle, mais migratoire [2]. En Espagne, après les inondations désastreuses en octobre 2024, c’est le parti d’extrême droite climatonégationniste Vox qui profite de la catastrophe. Il réussit à blâmer la gauche pour la gestion de la crise, malgré la responsabilité évidente du gouvernement de droite au pouvoir [3]. Sur les réseaux sociaux, des théories du complot viennent ajouter une couche supplémentaire de confusion. Ainsi, lors des incendies dévastateurs à Los Angeles en décembre 2024, des vidéos très populaires sur TikTok expliquaient que les feux avaient été allumés volontairement pour détruire les preuves de crimes sexuels commis par « l’élite hollywoodienne » [4].
Pour ne rien arranger, ce renforcement de l’extrême droite et la diffusion de ses idées servent aussi à criminaliser des mouvements écologistes et sociaux qui se battent pour une véritable sortie de la crise. Dans les médias français, les activistes radicaux qui s’opposent à des bassines de rétention d’eau illégales ou occupent des sites d’entreprises responsables de la crise climatique sont ainsi dépeints comme étant « terroristes » [5]. Alors, qu’en parallèle, les médias minimisent le vrai terrorisme d’extrême droite, comme le montre le traitement journalistique de l’attentat à Magdebourg par un sympathisant du parti extrémiste allemand AfD [6]. De même, la légitimation du discours d’extrême droite pousse une partie de l’électorat à préférer une vision raciste, dans laquelle les problèmes seraient causés par les étrangers et les migrants, à celle des forces progressistes qui tentent d’allier la justice sociale avec la transition écologique.
En fait, la crise actuelle semble avoir deux faces. D’un côté, c’est la planète qui se réchauffe, causant des effets dévastateurs sur les habitants de la Terre. De l’autre, ce sont les idéologies les plus morbides de l’histoire qui renaissent, entraînant notre système dans un effondrement au ralenti et nous éloignant encore plus d’une solution véritable. Le réchauffement global et la multiplication des catastrophes à l’échelle mondiale coïncident avec l’essor spectaculaire d’une force politique qui nie fermement ces réalités et qui n’a aucune solution à offrir. Une telle chose était difficilement prévisible. Comme le remarque le « Zetkin Collective » : la « montée de l’extrême droite n’apparaît dans aucun modèle climatique » [7].
Ce constat engendre différentes questions. D’abord viennent des questions analytiques. Comment ces crises écologiques et politiques sont-elles liées ? Comment expliquer que la crise génère des explications et des schémas de pensée qui ne permettent, non seulement, pas de comprendre les causes de celle-ci, mais renforcent aussi des forces réactionnaires qui n’ont aucune solution à proposer ? Puis viennent des questions stratégiques. Comment, dans ce flou politique, serait-il possible de construire un mouvement écologiste et social qui propose de véritables solutions ? Comment les écologistes pourraient-ils convaincre la majorité de la nécessité d’agir contre la crise climatique, si les gens attribuent celle-ci à des causes qui n’en sont pas ? Comment faudrait-il s’opposer aux forces sociales qui mènent à cet état de fait ?
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