Écologie - Antiindustriel

Nestlé Waters et ses complices nous font boire la tasse ! Appel à manifester le 24 mars 2024

Le scandale de l’eau minérale sur-traitée, étiquetée par Henniez-Nestlé comme « naturelle », met en lumière des dysfonctionnements de contrôles, avec pour arrière-plan une grave crise environnementale et sanitaire, dont le gouvernement ne semble pas prendre la mesure.

Face à l’inaction et le silence du gouvernement par rapport au « scandale Henniez-Nestlé des eaux minérales traitées », à l’asséchement et l’accaparement des eaux par des entreprises privées, et l’absurdité de la production de bouteilles en plastique, les Vagues de la Révolte et leurs allié.e.s ne décolèrent pas. Rejoignez-nous le dimanche 24 mars, sur la Place Fédérale de Berne, pour porter nos demandes auprès du gouvernement.
Rendez-vous à 13h devant le Tibit de la gare de Berne, pour le départ du cortège.

Mais que demandent les Vagues ?

  • interdire la privatisation de l’eau
  • interdire la production, importation et exportation d’eau en bouteille
  • aménager plus de points d’eau potable dans les espaces publics
  • accompagner la reconversion dans des emplois qui contribuent à préserver le Vivant
  • permettre aux sources et aux nappes phréatiques de se recharger
  • interdire l’usage des polluants qu’on retrouve dans les nappes
  • prendre des mesures sérieuses pour réduire les émissions de CO2 provoquant les changements climatiques, chaleurs extrêmes, sécheresses et érosion des sols
  • établir un état des lieux, accessible au public, sur la qualité des nappes et sources privatisées et embouteillées en Suisse

Le « scandale Henniez-Nestlé des eaux minérales traitées », c’est quoi ?

Les investigations de Radio France et du journal Le Monde ont révélées, début février, que Nestlé désinfectait en cachette l’eau de ses marques Vittel, Contrex, Hépar et Perrier, aux ultraviolets et filtres au charbon actif -procédés de dépollution interdits par la réglementation- et prétendait vendre de l’eau minérale naturelle. A Henniez, Nestlé utilise aussi des traitements non-conformes depuis de nombreuses années, sans être inquiétée : bien que le chimiste cantonal vaudois, Christian Richard, le savait depuis 2020 , il n’a pas jugé nécessaire d’en informer le procureur général, comme c’était son obligation. En effet, il a estimé que la charge économique pour ajuster l’étiquetage serait trop lourde pour Nestlé, préférant ainsi faire porter le poids de cette tromperie aux consommateur.rices.

Au lieu d’exiger une enquête, M. Richard a conseillé à Nestlé de soumettre une demande de dérogation du règlement sur les traitements de l’eau en bouteille à l’Office Fédéral de la Sécurité Alimentaire (OSAV). Durant deux ans, l’OSAV ne réagit pas. Et si la demande de dérogation de Nestlé sera finalement refusée en 2022, les citoyen.nes n’en seront informé.es qu’en 2024, grâce à l’impulsion donnée par les récentes investigations du côté français. Les traitements mis en place puis retirés, et leurs causes, n’ont jamais fait l’objet d’une communication publique, les étiquettes n’ont pas changé, ni le prix.

Du côté du canton, la Cheffe du Département de l’Économie Isabelle Moret dit ignorer les faits :« Le chimiste cantonal est très à cheval sur son autonomie. La Confédération va aussi vérifier qu’il est autonome. Et puis la législation fédérale l’oblige également à garantir la confidentialité des dossiers. »7

Quant à la secrétaire générale de la Fédération Romande des Consommateurs, Sophie Michaud Gigon, elle n’envisage pas de déposer une plainte pour fraude contre Nestlé. Soucieuse que la loi ne soit un frein au business-modèle de l’embouteilleuse d’eau, Mme Michaud, sous sa deuxième casquette de parlementaire, interpelle le Conseil Fédéral pour demander si « les exigences légales concernant l’eau minérale peuvent encore être respectées par les fabricants » . Ce qui est tout à fait en ligne avec les intérêts de Nestlé et de l’Association suisse des sources d’eau minérale et producteur.rices de soft drinks (SMS), portés par Alessandro Rigoni, à la fois directeur de Nestlé Waters Suisse et Président de l’Association SMS. Celui-ci estime en effet que sa mission est de « participer à l’élaboration de lois » , c’est-à-dire œuvrer pour que les lois s’adaptent au business modèle de l’entreprise et non le contraire.

Le traitement des eaux embouteillées : symptôme d’un problème plus large

Dans sa communication, l’entreprise reste très vague, comme sur toute l’affaire, au sujet des substances qu’elle élimine avec les micro-filtres non conformes et le charbon actif : des « résidus indésirables liés au stress environnemental »11.

Les traitements sont devenus nécessaires parce que les sources sont asséchées et contaminées, à cause de la surexploitation, du dérèglement climatique, et de polluants chimiques et microbiologiques. Les ressources aquifères exploitées par Nestlé sont régulièrement contaminées microbiologiquement, notamment par des bactéries de type Escherichia coli. Des traces de polluants chimiques, comme des métabolites de pesticides, ont également été découvertes dans l’eau de Perrier. Les traitements non conformes mis en place n’ont donc pas eu seulement pour but de prévenir d’éventuelles contaminations de l’eau, mais bien de la "nettoyer" des contaminants, l’eau brute de certains captages « présentant une contamination en bactéries coliformes et entérocoques ».

S’il est habituel pour les dirigeants de Nestlé de dissimuler et tordre la vérité, de tromper les consommateur.trices, d’ignorer les lois et de corrompre les autorités, afin de maximiser ses profits, nous attendons du gouvernement des mesures en accord avec le droit, la justice et la démocratie.

Le chimiste cantonal M. Richard n’est pourtant pas plus loquace et évoque des « micropolluants de type organique », une appellation comprenant les résidus de pesticide, dont le chlorothalonil, soupçonné d’être cancérigène.

Des risques sanitaires bien réels

Et si l’entreprise a bel et bien, comme elle l’assure, retiré ses filtres à charbon actifs et ultraviolets de ses usines, la pollution elle, n’a pas disparu. La question se pose de savoir s’il y a maintenant un risque sanitaire, microbiologique. En effet, « les traitements mis en place » l’ayant été pour « pallier un défaut de qualité de la ressource, leur retrait est de nature à engendrer un risque sanitaire » met en garde l’Inspection Générale des Affaires Sociales (Igas) , saisie de l’affaire, en France.

Sans donner aucune réponse sérieuse à toutes ces questions, le Conseil Fédéral se penche sur la demande d’autorisation pour certains micro-filtres, discutée par l’Union européenne. Et l’Office fédéral de la Santé propose aux cantons de se baser sur les valeurs maximales définies par la Commission européenne pour différentes substances provoquées par l’action de l’homme, afin de vérifier la conformité de leur eau minérale.14

Or, la Commission européenne vient d’autoriser, le 16 novembre 2023, le controversé glyphosate présent dans plusieurs herbicides pour les 10 prochaines années . D’autres substances voient leur approbation prolongée sans études approfondies, bien qu’on sache qu’elles entraînent des risques inacceptables pour les eaux souterraines et les mammifères terrestres. Ainsi, l’autorisation d’utilisation de l’herbicide flufénacet, notamment utilisé pour l’orge, a été prolongée neuf fois, pour une durée totale supplémentaire de onze ans. Ce Pfas, ou polluant éternel, car extrêmement persistant dans les sols, est particulièrement toxique pour les organismes aquatiques.

Le choix du gouvernement Fédéral d’augmenter les seuils de tolérance au niveau européen plutôt que de s’atteler à la résolution de fond des problèmes est inacceptable !

Ce n’est pas la loi protégeant le label « eau minérale pure » qu’il faut modifier afin d’autoriser des traitements réservés jusque-là à l’eau du robinet. Une loi plus laxiste sur les micro-filtres ou le charbon actif n’empêche ni la poursuite du pillage, ni l’assèchement des nappes. Elle ne va pas résoudre la question brûlante des polluants phytosanitaires et de l’épuisement des nappes. Il est urgent de prendre des mesures en adéquation avec la gravité des problèmes climatiques et environnementaux !

STOP EMBOUTEILLAGE !

Par ailleurs, autre scandale non traité, celui-là : la question des bouteilles plastiques. Dans la lourde empreinte écologique de Nestlé Waters elles occupent une place éminente. Il est inacceptable qu’au nom de l’augmentation des gains d’une entreprise privée, la population entière doive subir toutes les conséquences environnementales de son business modèle.

Pour produire une bouteille d’eau en plastique, il faut en moyenne 100mL de pétrole, 80g de charbon, 42L de gaz… et 2L d’eau. Cela signifie que la production d’une bouteille d’eau en plastique nécessite environ trois fois le volume de la bouteille en eau. Si on ajoute l’énergie nécessaire pour le transport, on arrive à consommer 3 litres de pétrole pour fournir un litre d’eau . Et cela sans mentionner le gaz à effet de serre émis par la production et le transport des bouteilles en plastique.

Chaque Suisse produit près de 95 kilos de déchets plastiques par an. Cela place la Suisse devant ses voisins directs tels que l’Allemagne, l’Autriche, la France et l’Italie en termes de production de déchets plastiques par habitant.e .
En Suisse, l’eau du robinet est de bonne qualité ; la mettre en bouteille est un non-sens écologique, pire encore si c’est pour l’exporter aux quatre coins de la terre ! L’eau doit revitaliser le sol d’où elle provient. La production et la vente de bouteilles plastiques contenant de l’eau potable -produit non nécessaire en Suisse et incompatible avec les objectifs de protection de l’environnement- doivent être bannies.

L’Etat doit assumer ses responsabilités et préparer la transition vers une société qui prend soin et préserve son sol, ses eaux et son environnement, pour nous et pour les générations futures, au lieu de permettre, favoriser même, leur destruction pour le bénéfice financier immédiat de quelques-uns.

Une réflexion de fond doit être menée sur une gestion de l’eau bénéficiant à tout le Vivant. Cette gestion ne peut pas être laissée à la ‘régulation’ par le marché, ni à des multinationales dirigées par des personnes nécessairement privilégiées et cherchant à garantir leurs propres intérêts. Si les Vagues de la Révolte rêvent d’un jour où l’eau sera redevenue un commun, elles proposent dans l’intérim des pistes concrète d’actions à notre État. Ainsi, dans l’optique d’interdire la privatisation de l’eau, nous proposons d’abord de s’attaquer au contenant : la production, l’importation et l’exportation de l’eau en bouteille doit devenir illégale. A la place, nous préconisons d’aménager plus de points d’eau potable dans les espaces publics et d’y garantir un accès été comme hiver. Nous reconnaissons que la fin de l’embouteillage mettrait fin à de nombreux emplois, et demandons donc à l’État d’accompagner la reconversion dans des emplois qui contribuent à préserver le Vivant.

Garantir l’accès à une eau de qualité aux humains et aux non-humains signifie aussi de permettre aux sources et aux nappes phréatiques de se recharger et d’interdire l’usage des polluants qu’on retrouve dans les nappes. Pour permettre à tout un chacun de pouvoir participer à la réflexion autour de la gestion de l’eau, le gouvernement doit aussi faire preuve de transparence et, a minima, établir un état des lieux, accessible au public, sur la qualité des nappes et sources privatisées et embouteillées en Suisse.

Mais garantir au Vivant l’accès à l’eau signifie aussi se confronter aux causes des changements climatiques qui perturbent le cycle de l’eau, provoquent sécheresse et chaleureux extrêmes, ainsi que l’érosion des sols. L’État doit donc notamment prendre des mesures sérieuses pour réduire les émissions de CO2.

Les Vagues de la Révolte et leurs allié.es
Contact : vaguelettes@riseup.net
compte télégram : t.me/vaguesrevolte

SOURCES :

1. Enquête Radio France et Le Monde : Nestlé et d’autres industriels ont purifié illégalement de l’eau contaminée pour continuer de la vendre (francetvinfo.fr)
2. Scandale Henniez : Nestlé Waters avait initialement demandé une "dérogation" à la Confédération - rts.ch - Vaud
3. Le Conseil fédéral interpellé à propos de la législation sur l’eau minérale - rts.ch - Suisse
4. Tâches - mineralwasser.swiss – Verband schweizerischer Mineralquellen und Soft-Drink-Produzenten SMS (eau-minerale.swiss)
5.2021-108r-4.pdf (igas.gouv.fr)
6. Scandale Henniez : Nestlé Waters avait initialement demandé une "dérogation" à la Confédération - rts.ch - Vaud
7. 2021-108r-4.pdf (igas.gouv.fr)
8. Le glyphosate autorisé pour dix années supplémentaires dans l’UE par la Commission européenne (lemonde.fr)
9. Pesticides : Générations Futures conteste la prolongation d’autorisation de 5 produits en Europe – Libération (liberation.fr)
10.Pollution de l’eau en bouteille plastique une énorme pollution - Save 4 Planet
11. https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/dechets/info-specialistes/politique-des-dechets-et-mesures/matieres-plastiques-environnement.html

Agenda

Nestlé Waters et ses complices nous font boire la tasse ! Appel à manifester le 24 mars 2024

 dimanche 24 mars 2024  13h00 - 17h00
 dimanche 24 mars 2024
13h00 - 17h00

 

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