Malgré la répression et les menaces, plusieurs axes principaux du pays ont été bloqués durant plusieurs jours. Citons entre autres la route panamericaine, la Ruta del Sol, ainsi que la route qui mène au port le plus important de Colombie. Des campements autour de ces points ont été installés, des repas préparés pour des centaines de personnes. Des bâtiments publics ont aussi été occupés à Bogota et des centres commerciaux bloqués, de grosses manifestations ont aussi pris les rues, plusieurs ont fini en affrontements notamment une devant l’ambassade des Etats-Unis.

Quelques faits sur la situation du pays
Le gouvernement, bien que progressiste, n’a rien pu faire contre l’avancée du paramilitarisme, notamment parce qu’il ne peut pas contrôler l’armée régulière dont beaucoup de membres sont proches de ces groupes. Le paramilitarisme gagne du territoire chaque mois.
Le nombre de personnes militantes assassinées par ces forces réactionnaires n’a pas bougé, il y en a en moyenne plus de trois par semaine. (158 du 1/1/2025 au 16/10/2025)
Dans les régions, la priorité reste à l’extractivisme et tant pis pour la population qui doit partir et/ou qui voit son environnement pollué et les régions contrôlées par les paramilitaires ou l’armée.
Le gouvernement Petro n’a réussi à faire passer qu’un nombre très limité de réformes progressistes.
En bref, faim, déplacements, morts et peur restent très présentes dans le pays.

Question stratégique
Pourquoi sortir dans la rue et risquer de fragiliser ce gouvernement, sachant que les prochaines élections présidentielles sont cet été et que le risque de revoir passer la droite dure voire extrême est grand ? Parce que malgré ce gouvernement, les choses changent peu, que la mobilisation sert à dépasser la peur, à rappeler les problèmes du pays qui touchent des vies humaines et qui ne sont pas que des chiffres discutés dans des salons, que la politique n’est pas une affaire de salon d’ailleurs et que se taire pour protéger un gouvernement par peur que le suivant soit pire est discutable.
Cette mobilisation qui est « pour la vie, les transformations et la dignité des peuples » fait aussi référence au génocide en Palestine et à l’ingérence états-unienne en Amérique Latine, notamment à l’actuelle menace très forte sur le Venezuela.
Revendications
Voici les 5 revendications concrètes :
- 1 Légitimité de se mobiliser,
- 2 démentèlement de la doctrine militaire et du paramilitarisme,
- 3 défense de la souveraineté alimentaire,
- 4 dénonciation de l’état d’urgence humanitaire,
- 5 respect des accords passés et application des transformations nécessaires.
Le début de l’appel à la mobilisation et les extraits du reportage mis plus bas montrent que l’état d’esprit du mouvement va au-delà de ces 5 points.

La mobilisation
Extrait d’un reportage sur la mobilisation
« ll n’y a pas de peur, il y a de la détermination, il y a de la fatigue et de la colère, (…) Aquí en la lucha (Ici dans la lutte) a réuni des paysan.ne.x.s, des ouvriers, des enseignant.e.x.s, des étudiant.e.x.s, des communautés autochtones et afro-colombien.ne.x.s pour dénoncer l’injustice, la guerre et le mensonge, et réclamer les transformations structurelles dont le pays a besoin ».
La mobilisation ne réclame pas seulement des politiques publiques ou le respect des accords : elle réclame une éthique populaire, une façon de comprendre la politique depuis la base, où la dignité n’est pas négociable.
(...) « La gauche institutionnelle s’est habituée à gérer le moindre mal », dit un L. défenseur des droits humains présent sur le piquet de grève, « Mais le peuple ne se bat pas pour des réformes qui n’arrivent jamais. Il se bat pour des transformations profondes. C’est pourquoi cette mobilisation est si importante : parce qu’elle ne demande pas la permission, parce qu’elle ne cherche pas à obtenir des privilèges, parce qu’elle sait que l’histoire ne se mendie pas ».

À Besotes, alors que la nuit tombe, les manifestants préparent une marmite commune. Une paysanne du sud de Bolívar sert du café et dit à voix basse : « C’est ce que nous sommes. Des gens simples qui ne veulent pas vivre à genoux. » Cette phrase résume tout : le sens d’une lutte qui est avant tout une lutte pour la vie. Dans un pays où la mort est devenue une habitude, marcher est un acte d’affirmation vitale.
Les voix qui bloquent la Ruta del Sol disent que le silence n’est plus une option. Que la démocratie ne se défend pas avec des policiers, mais avec le peuple dans la rue. Que la peur a changé de camp. L. le résume ainsi : « Il n’y a pas d’autre choix que de se battre. Les communautés n’ont pas d’autre alternative. Se mobiliser aujourd’hui est un acte de vie, et la vie elle-même est une résistance face à un système de mort ».
À Besotes, la lumière des feux de camp illumine les visages de ceux qui sont toujours là, malgré la fatigue et l’incertitude. Dans leurs regards, il n’y a pas de défaite, il y a de la conscience. Et à chaque pas, à chaque slogan, se réaffirme ce que l’appel a proclamé : « Ici, dans la lutte. Ici, dans la vie. Ici, nous continuons. »
La mobilisation a subi une dure répression de la part des paramilitaires, de la police et l’armée. Le gouvernement bien qu’ayant durement stigmatisé les personnes mobilisées, a été contraint de s’asseoir à des tables de négociation avec des représentant.e.x.s du mouvement.
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