Luttes indépendantistes - impérialisme Kurdistan

[Genève] Se souvenir pour continuer la lutte : Şehîd namirin !

Le premier mai 2017 a eu lieu à Genève la traditionnelle ouverture de la fête des travailleurs-euses devant le monument célébrant la mémoire des brigadistes suisses partis défendre leurs idéaux lors de la guerre civile en Espagne.
A cette occasion, un groupe de jeunes a pris la parole pour rendre hommage aux internationalistes qui ont perdu la vie en défendant le processus révolutionnaire en cours au Rojava, le région autonome à majorité kurde du nord de la Syrie.

Voici le discours qui a été prononcé.

Genève |

"Tous les premiers mai à Genève, nous nous réunissons ici, à la mémoire des Brigadistes suisses partis en 1936 pour défendre la République espagnole et combattre les armées fascistes. Comme il est important de faire vivre cette mémoire, il est pour nous également important de s’intéresser aux luttes qui aujourd’hui, sont dans la continuité de ce combat.

Aujourd’hui, c’est au Kurdistan syrien (appelé Rojava) que brûle le feu de la résistance et de la révolution. En Espagne, environ 59’000 volontaires internationaux-nales ont été impliqués dans la lutte contre le fascisme. Au Rojava ils-elles sont jusqu’à présent seulement environ 1’000. Il est impératif d’unir nos forces pour assurer la continuité de ces luttes et augmenter la solidarité active et organisée.

C’est pour cela que nous voulons prendre cette occasion pour faire vivre la mémoire de nos ami-e-s et camarades internationalistes tombées martyrs dans cette lutte.

Il y a une grande différence entre mourir et tomber martyr.

Dans le mouvement kurde, les martyrs ont une grande valeur sentimentale. Cela découle des objectifs et des idéaux de liberté pour lesquels ces jeunes vivaient, se sont battus et sont morts. Tout le monde doit mourir un jour. La seule question est donc de savoir « comment a-t-on vécu ? ». Il y a une grande différence entre mourir et tomber martyr. La différence est dans l’attitude. Si vous êtes passifs et que vous vous rendez tous les jours au système qui vous opprime parce que c’est plus facile, alors vous mourrez. Mais, si vous avez donné votre vie et votre existence à la lutte collective pour la dignité, la justice et l’humanité ; si vous avez dédié votre vie à la révolution, alors vous tomberez martyr.

Dans les deux dernières années, une vingtaine de jeunes internationalistes ont donné leur vie pour permettre de développer le projet révolutionnaire au Rojava.

Pour en citer quelques uns :

  • Şehîd Ivana Hoffmann militante LGBT, a perdu sa vie en 2015 à 19 ans en luttant au sein du MLKP pour protéger la population des attaques de l’État islamique.
  • Şehîd Kevin Jochim, politisé dans la scène antifasciste de Karlsruhe, a rejoint les YPG et perdu sa vie à 21 ans.
  • Şehîd Günter Hellstern, ancien soldat allemand qui avait commencé une nouvelle vie au Rojava, est tombé le 22 février 2016.
  • Şehîd Anton Leschek de Madgebourg est arrivée en Rojava en novembre 2016 et a perdu sa vie lors d’une attaque aérienne.
  • Şehîd Michael Israel américain de 27 ans tombé le 29 novembre 2016. Il était militant au syndicat Industrial Workers of the World
  • Şehîd Eylem Atas, internationaliste turque militante du BöG tombée le 27 juin 2016 à Manbij

Ces jeunes ne sont pas anonymes. Ils/elle ne sont pas loin de nos réalités. Ces jeunes rêvaient comme nous d’une société plus juste, plus libre, plus humaine et étaient prêts à tout donner pour ce rêve commun.

Leur mort est une grande perte pour notre lutte, mais c’est également une responsabilité collective que nous devons assumer. Se souvenir, les commémorer, doit être compris comme une promesse de continuer leur combat. Cette promesse nous devons la renouveler non seulement aujourd’hui, mais chaque jour de notre vie. Ne pas se souvenir des martyrs signifierait les tuer une deuxième fois.

Ces personnes avaient pour revendication la construction et la protection d’une société fondée sur des bases éthiques, politiques et morales ainsi que sur le système du Confédéralisme démocratique au Rojava. Ils luttaient contre toute forme d’oppression et pour une vie qui faisait sens, au Kurdistan comme en Europe.

Plusieurs d’entre eux auraient voulu rentrer en Europe pour y ramener les enseignements appris au Kurdistan. Ceci afin d’y renforcer les mouvements de gauche qui, ici doivent s’organiser et lutter au cœur du système capitaliste et impérialiste.

Si nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes rêves pour lesquels ils/elles ont tout donné, alors nous devons poursuivre leur lutte.

La mémoire n’est pas quelque chose qui se limite à un jour, elle fait partie de la lutte révolutionnaire et du mouvement révolutionnaire.

Nous devons lutter contre l’oubli.

Nous devons voir nos luttes comme une unique lutte, une continuation.

Nous devons inscrire dans notre vie quotidienne et dans notre culture révolutionnaire la mémoire des martyrs.

Créons une mémoire révolutionnaire et portons cette flamme dans nos cœurs !

Nos martyrs vivent dans nos luttes !

Nos martyrs sont immortel-les !

Şehîd namirin !"

P.S.

*Le discours à été librement inspiré d’un article de K. Weinert qui apparaîtra dans la brochure de la de la fête de commémoration pour les internationalistes tombé-e-s, qui aura lieu à Celle le 6 mai 2017, à laquelle nous vous invitons toutes et tous à participer ! Article sur Lower Class Magazine : http://lowerclassmag.com/2017/04/unsere-gefallenen-weil-freiheit-nur-moeglich-ist-im-kampf-um-die-befreiung/ .

** Pour plus d’infos sur Rojava, et le mouvement revolutionnaire kurde, consultez le blog de la Jeunesse Internationaliste pour le Kurdistan (JIK) : http://jikurd.noblogs.org !

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