Mardi 28 octobre à 18h45, le groupement Silent Walk Switzerland organise, une « marche pour Israël et contre l’antisémitisme ». Qu’une marche en soutien à Israël puisse se tenir en plein génocide du peuple palestinien, en instrumentalisant les luttes antiracistes, est insoutenable.
Alors qu’Israël commet un génocide contre les Palestinien·ne·x·s dans la bande de Gaza, occupe illégalement la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le Golan et maintient un système d’apartheid et de colonisation de peuplement en Palestine depuis plus de 77 ans, cette marche en soutien à un État « voyou » et colonial qui méprise tout droit international, est en totale contradiction avec les valeurs humanistes et démocratiques de Genève. Soutenir l’État israélien aujourd’hui c’est promouvoir une vision du monde où la force l’emporte sur le droit.
Les organisations qui composent la Silent Walk forment un arc réactionnaire dangereux. Des groupes, comme l’Association Suisse-Israël, nient le génocide en cours à Gaza, d’autres affichent un désir de confrontation à l’Islam, comme c’est le cas des Chrétiens unis pour Israël qui se réjouissent que Gaza soit rasée et proposent des prières pour Benjamin Netanyahu sur leur site internet. Lors de la marche à Lausanne le 18 septembre, des symboles d’organisations d’extrême droite, comme la « Jewish Defence League », s’affichaient sans complexe. Ces alliances, qui se voient elles-mêmes comme « judéo-chrétiennes », sont contraires à toutes luttes antiracistes et ne feront qu’attiser les haines si, par complaisance, rien n’est fait pour les empêcher.
Notre lutte de solidarité avec la Palestine est, de bout en bout, une lutte antiraciste. Nous ne pouvons laisser ce combat être instrumentalisé de la sorte par ces forces réactionnaires et fascistes. Notre mouvement compte de nombreuses personnes juives antisionistes qui savent ce que signifie le danger profond de la confusion entre leurs judéités et l’État d’apartheid israélien. La lutte contre l’antisémitisme invoquée par la Silent Walk est un prétexte pour justifier la colonisation et le nettoyage ethnique de la Palestine, autant qu’un outil pour réprimer le mouvement de solidarité envers le peuple palestinien. Loin de « lutter contre » l’antisémitisme, ces associations et nos gouvernements aggravent et renforcent l’antisémitisme historique européen.
Dans ce contexte, ni le Conseil d’État ni la Ville de Genève n’ont cru bon à ce jour de se positionner sur l’appel à cette manifestation et les organisations qui l’ont signé. Le silence du Conseil d’État est en continuité du soutien des états européens face à l’état « voyou d’Israël ». Cette complicité rend aujourd’hui possible la présence dans l’espace public d’organisations qui nient le génocide et méprisent le droit international.
Pour toutes ces raisons, nous demandons au Conseil d’État de prendre ses responsabilités et de condamner tous soutiens au génocide en cours à Gaza, au système d’apartheid israélien et à l’occupation de la Palestine. Nous demandons aussi que le Conseil d’État genevois presse le Conseil fédéral pour qu’il impose des sanctions pérennes contre Israël jusqu’à ce que la liberté, l’égalité des droits et la justice pour les Palestinien·ne·x·s. soient garanties.
Une marche en soutien du génocide commis par Israël
Pour rappel, le Rapport du 16 septembre 2025 de la Commission d’enquête internationale indépendante sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël confirme ce que la société civile palestinienne et mondiale, des organisations non gouvernementales, des Rapporteur·euse·s des Nations Unies, des chercheur·euse·s et des expert·e·s disent depuis 2 ans : Israël commet un génocide contre les Palestinien·ne·x·s dans la bande de Gaza. Selon cette commission, non seulement les autorités israéliennes ont commis quatre des cinq actes génocidaires définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, mais elles ont aussi ignoré toutes les ordonnances de la Cour internationale de justice (CIJ), qui demandaient à Israël de mettre fin à ces actes.
Il y a déjà un an en arrière, des dizaines de Rapporteur-euse-s spéciaux-ales, expert-e-s indépendant-e-s et groupes de travail de l’ONU affirmaient qu’on pouvait parler aussi « de domicide, d’urbicide, de scholasticide, de medicide, de génocide culturel et (…) d’écocide », raison pour laquelle elles et ils exhortaient les États à se conformer à l’avis consultatif de la CIJ qui déclare illégale l’occupation israélienne du territoire palestinien.
Comme l’a affirmé le Comité National Palestinien de BDS déjà en janvier 2025, le génocide, en tentant de forcer autant de Palestinien·ne·x·s que possibles à l’exil et en détruisant les conditions de vie indispensables à la survie, dans le but de causer la perte continue de vies palestiniennes et la propagation de maladies infectieuses, ainsi que la famine ou l’insécurité alimentaire pour les années à venir, a réduit la bande de Gaza à un territoire invivable.
Les chercheurs Richard Hil et Gideon Polya estiment au 25 avril 2025, 136 000 morts violentes et 544 000 dues à la privation, pour un total de 680 000 morts à Gaza. De plus, Israël a tué des membres du personnel des Nations Unies et des travailleur·euse·s humanitaires internationaux·ales. Le plan de paix, fondé sur un cessez-le-feu qu’Israël a déjà violé des dizaines de fois, aussi en limitant fortement l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, n’est qu’une nouvelle mascarade coloniale, qui vise à décider du futur de la Palestine sans les Palestinien·ne·x·s.
Israël, « État voyou »
Le 18 septembre a marqué le délai donné par la CIJ dans son avis consultatif susmentionné à Israël pour mettre fin à son occupation de la Palestine, ce qui fait de lui désormais un « État voyou ». Son Premier ministre est un fugitif, recherché par la Cour pénale internationale pour extermination et autres crimes contre l’humanité. Son gouvernement, un régime fasciste dont plusieurs membres appellent ouvertement à la commission de crimes de guerre et crime contre l’humanité, est soutenu par l’extrême droite d’Europe et d’Amérique du Nord.
En Cisjordanie, les violences des colons se multiplient avec le soutien et la protection de l’armée. À travers les colonies, Israël occupe désormais plus de 70 % du territoire palestinien ; des nouvelles terres et maisons sont volées chaque semaine. Tant dans les zones rurales que dans les villes, la vie quotidienne est rendue impossible par checkpoints et interdictions. Des milliers de Palestinien·ne·x·s sont détenu·e·x·s arbitrairement dans les prisons israéliennes, où iels subissent des tortures et des traitements dégradants.
La ville des Conventions de Genève et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme ne peut rester silencieuse face à une marche en soutien à un État qui méprise tout droit international. Des sanctions contre l’état d’apartheid d’Israël doivent maintenant être imposées !
Signataires : BDS Genève, BDS Lausanne, CEP UNIGE, Collectif des Internationalistes Tunisien.ne.s en Suisse, Collectif Urgence Palestine Genève, Collectif Urgence Palestine Vaud, Collectif Valais Palestine, Foulards violets, Graines solidaires, Jeunesse solidaire, MARAD – Collectif juif décolonial, Silure, Soignant·e·x·s pour la Palestine, solidaritéS, Solidarités Tattes, Union populaire, Waves of Freedom






