À son arrivée en Suisse en juin 2023, on a annoncé à Canbuldu que sa demande d’asile ne sera pas traitée ici, mais en Croatie, pays dans lequel il avait subi des violences lors de son passage. En décembre 2023, après quelques mois de séjour dans un centre EVAM, plusieurs policiers débarquent au petit matin pour l’arrêter en vue d’un renvoi vers la Croatie. Sous le choc, A. Canbuldu cherche à se lancer de la fenêtre sa chambre. Il survit à cette tentative de suicide, mais passe plusieurs mois dans des hôpitaux et son état de santé psychique reste très fragile.
Malgré les rapports médicaux, la réhabilitation encore en cours et l’évidente vulnérabilité psychique de Canbuldu, le SPOP (Service de la population) s’acharne et demande à nouveau son arrestation, qui a lieu le 13 novembre 2024. Cette fois, il sera placé de force dans un avion avec une vingtaine d’autres requérant·es d’asile provenant de divers cantons. Le vol est spécialement affrété pour le renvoi de ces personnes : hommes, femmes et enfants. Le 19 novembre 2024, ils arrivent à Zagreb et sont laissés à eux-mêmes à l’aéroport, comme l’a documenté un reportage de la RSI. On ne rendra même pas les béquilles à Canbuldu qui devra se faire aider pour se rendre au seul centre d’accueil de Zagreb, bien connu pour sa surpopulation et son insalubrité.
A. Canbuldu tente de se faire soigner à Zagreb tant pour sa santé psychique que pour ses problèmes de dos et aux jambes. Il accumule les refus, on lui fait comprendre qu’il faudrait aller se faire soigner ailleurs ; quand il a de la chance, il obtient un rendez-vous, mais faute d’interprète il ne peut pas se faire comprendre. Il décide alors de retourner en Suisse. A son retour, il dépose une nouvelle demande d’asile. Celle-ci est refusée et une nouvelle décision de renvoi vers la Croatie est prononcée. Le cauchemar recommence. Malgré cela Canbuldu continue de collaborer, se rend à tous les rendez-vous avec le SPOP.
Le 26 mai dernier, Canbuldu se rend au SPOP renouveler son papier blanc qui lui donne droit à une maigre aide d’urgence. La police est là pour l’accueillir et l’amener. Aucune traduction n’est mise en place par le SPOP pour lui permettre de comprendre ce qui se passe ou pour qu’il puisse s’exprimer. Sidéré, il se laisse menotter et amener. Il est transféré à la prison de Frambois quelques heures plus tard, où il se trouve en détention administrative encore aujourd’hui. Canbuldu connait la procédure de renvoi, il l’a déjà subie une fois. Il est à bout, mais continue à se battre. Il entame alors une grève de la faim le 27 mai.
L’histoire de Canbuldu est malheureusement emblématique du traitement réservé à de trop nombreuses personnes en Suisse et en particulier dans le canton de Vaud. A cause des accords Dublin, qui permettent à la Confédération de renvoyer les réfugiés dans le premier pays européen atteint, Canbuldu, opposant politique Kurde de Turquie, n’a même pas pu faire valoir ses motifs d’asile. De santé fragile, il doit être considéré comme une personne vulnérable et traité en conséquent, comme le demande la société civile dans le récent Appel pour un canton de Vaud qui protège les plus vulnérables et les droits humains !
Nous exigeons la libération immédiate de Canbuldu et l’entrée en matière sur sa demande d’asile !
Droit de rester Vaud et Fribourg, Solidarité Tattes, Solidarité sans frontières
5 juin 2025
collectif@stoprenvoi.ch