Répression - Enfermement Manifestation

Manifestons pour manifester !

Si la rue se prend, elle se perd aussi. A Lausanne comme ailleurs, les abus policiers n’en finissent pas. Manifestation samedi 25 septembre 2021, 14h, Place de la Gare, Lausanne, pour reprendre la rue !

Lausanne |

Mise à jour

    Heure et lieu confirmé !

  • Rendez-vous samedi 25 septembre à 14h, Place de la Gare (Lausanne) pour une manifestation festive et déterminée !
    Nouvelle adresse de contact : prenonslarue@riseup.net

toutes les infos, le texte traduit dans d’autres lanques ainsi que les flyers et affiches dispos ici

Juin 2021, la troisième édition de la grève féministe sur Lausanne est reléguée hors des grosses artères et les organisatrices tenues responsables par la police du déroulement de la manifestation et de sa dispersion. Trois jours plus tard, une grande partie du centre-ville de Genève est privatisée et militarisée pour une rencontre entre Biden et Poutine, saluée par des politicien.ne.s de toutes obédiences comme un évènement à l’image du glorieux passé de la « Genève internationale » et des « bons offices » de la diplomatie suisse. Deux poids, deux mesures.

La répression des mouvements contestataires s’est largement intensifée en Europe sous couvert d’anti-terrorisme et sur fond de crise économique, mais l’arsenal juridique deployé contre les manifestations en Suisse romande répond surtout à la nécessité pour ceux qui nous gouvernent de préserver l’image d’épinale du pays privilegié des organisations et de la fraude fiscale internationale. Tandis que dirigeants politiques et économiques du monde entier se prélassent dans les hotels, cliniques privées et salon de négoce sous escorte de la police suisse, les diasporas sont systématiquement interdites de manifester devant ces lieux symboliques ou devant les ambassades.

Si la rue se prend, elle se perd aussi. Depuis quelques années en Suisse romande, directives politiques, pratiques policières et déboires juridiques entravent nettement l’expression publique de nos colères et revendications. Sur Lausanne, que ce soit lors de la manifestation contre la Loi MPT du 29 mai 2021, lors de la grève féministe du 14 juin 2021 ou lors du rassemblement en soutien au peuple palestinien en lutte du 19 juin 2021, la police vaudoise a imposé des conditions de manifestations littéralement impossibles à tenir et délibérément dissuasives. Ce mode opératoire n’a rien de nouveau, il s’agit du Chilling Effect (traduit par « effet bloquant » ou « intimidation judiciaire »). Il consiste à empêcher ou décourager une personne d’exercer ses droits en la menaçant d’intenter une action en justice. C’est exactement le mode de pression et d’intimidation qu’utilisent les autorités à l’encontre des manifestant.e.x.s, avant, pendant et après la manif.

Que l’on cultive ou non une croyance dans le système judiciaire suisse et dans les "droits fondamentaux" caractéristiques des pays dits "démocratiques", notons que la loi vaudoise ne dit nulle part qu’il faut demander au préalable une autorisation à la police pour manifester [1]. Donc, lorsque la police contraint les organisateur.trice.x d’une manifestation de faire une demande, c’est déjà une entrave au droit fondamental de réunion. Cette entrave est aggravée quand la police impose des conditions de manifestations ridicules et intenables. Nous ne laisserons pas empirer cette situation de durcissement du maintien de l’ordre et nous crions haut et fort que police et Ministère publique sont allés beaucoup trop loin dans leur usage d’une (ré)pression juridique visant à affaiblir nos luttes. Nous ne sommes d’ailleurs pas tenu.e.x.s de quelque manière qu’il soit de coopérer avec la police.

Ces dernières années en Suisse romande, les organisateur.trice.x de manifestations ont quasi systématiquement déposé des demandes d’autorisation. Cette stratégie nous a largement desservi, puisqu’en plus d’avoir été infructueuse, nous peinons à présent à imaginer ou concrétiser des manifestations sans autorisation. Pourtant, le renouveau des mouvements contestataires romands, comme la grève féministe, celle du climat, ou le mouvement Black Lives Matter, promettait d’être explosif, tant sur le rapport de force dans la rue que dans l’opinion publique et médiatique. Prenons conscience de notre pouvoir collectif, refusons la charge mentale et pénale du maintien de l’ordre en manifestation, refusons leurs interdictions et manifestons sans autorisation partout et tout le temps !

Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore, nous appelons à une grande manifestation festive, sans autorisation, à Lausanne le samedi 25 septembre 2021, 14h, Place de la Gare, pour reprendre la rue et ne pas laisser le durcissement de ces pratiques policières nous affaiblir !

De manière plus générale, nous exigeons :

  • L’abandon du principe de l’autorisation préalable en faveur du système de la notification préventive. Autrement dit, contentons nous simplement d’annoncer aux autorités la tenue d’une manifestation, et arrêtons de la demander.

Avec ça nous exigeons que la police :

  • Cesse ses pratiques abusives et intimidantes ;
  • Cesse d’imposer des conditions de manifestations innacceptables ;
  • Cesse de tenir les organisateur.trice.s pour responsables des événements avant, pendant et après la manifestation.

Enfin, nous voulons :

  • La liberté de manifester devant les lieux symboliques ;
  • L’interdiction pour la police de communiquer des rapports relatifs à des faits relevant de l’exercice de la liberté de réunion pacifique aux autorités administratives (notamment SEM et l’OCPM).

D’autres revendications et informations s’ajouteront, pour répondre au nombre grandissant de conditions illégales imposées par la police.

Nous invitions collectifs, associations et militant.e.x.s à prendre la rue avec nous le 25 septembre à Lausanne et à converger dans l’organisation de cet évènement.

Pour tout contact : prenonslarue@riseup.net

Rendez-vous le samedi 25 septembre 2021, 14h, Place de la Gare, à Lausanne !

Quelques exemples récents d’entraves policières liées aux manifestations

Lausanne

  • Manif contre la LMPT, 29.05.2021 : conditions de manifestation débiles imposées par la police, tel qu’avoir un service d’ordre interne d’au moins 10% des manifestant.e.x.s, ne pas faire de communication publique sur la manifestation avant d’avoir reçu l’autorisation officielle, ou la responsabilité pour le.a signataire de la demande d’autorisation de tout dégât matériel ou altercation pendant l’entièreté de la journée de la manifestation.
  • Grève féministe, 14.06.2021 : Mêmes conditions
  • Manifestation de soutien au peuple palestinien en lutte, 19.06.2021 : Mêmes conditions

Genève

  • Manif féministe du 8 mars, 08.03.2019 : la police voulait faire déplacer la manif car le délai de 30 jours pour la demande d’autorisation n’avait pas été respecté ;
  • Grève du climat, 15.03.2019 : plusieurs personnes ont reçu des ordonnances pénales de plusieurs centaines de francs pour "refus d’obtempérer" après avoir fait un sit-in sur la promenade de la Treille
  • Manifestation en mémoire d’Ali Reza, 04.05.2019 : les autorités ont refusé que la manif commence devant un lieu symbolique ;
  • Manifestation "Contre le virus du capital", 19.12.2020 : la police a lourdement chargé et tappé les manifestant.e.x.s car le cortège qui a suivi le rassemblement syndical n’avait pas demandé d’autorisation pour manifester ;
  • Manifestation anti-Byia, 17.0.2021 : un rassemblement contre Paul Byia, au pouvoir depuis 38 ans, est interdit par la police, mais 200 camerounais bravent l’interdiction et les cordons d’anti-émeutes pour atteindre l’hotel intercontinental. Au total : 12 condamnations pénales. Les rassemblements plus modestes devant l’hotel intercontinental, où Paul Byia réside régulièrement, sont systématiquement interdits et dispersés par la police genevoise.
  • Critical Mass, depuis mai 2020 et toujours d’actualité : la police et les autorités cherchent désespéremment à faire taire le rassemblement non-motorisé et non-autorisé. Des dizaines d’amendes et ordonnances pénales ont été adressées, des bavures policières ont été commises, plusieurs procès arrivent. La prochaine : vendredi 27 août.

Agenda

Manifestons notre droit de manifester

 samedi 25 septembre 2021  14h00 - 23h30
 samedi 25 septembre 2021
14h00 - 23h30
 Place de la Gare, Lausanne,

 

Place de la Gare, Lausanne

Notes

[1Contrairement à Genève, où une demande d’autorisation de manifester aux autorités doit se faire en principe au moins 30 jours avant la date de ladite manifestation.

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