Sommaire
Qui sommes-nous ? Pourquoi ce texte ?
Durant les rencontres internationales anti-autoritaires (RIA), une escalade de la violence a eu lieu autour de livres dénoncés pour leur contenu islamophobe par des personnes présentes au salon du livre. Après deux journées de conflit entre la Fédération anarchiste française (FA), les organisations la soutenant et différents groupes qui exigeaient le retrait de ces livres, des manches de pioche ont été brandis par des membres de la FA, mettant à mal la possibilité même de se sentir en sécurité physique dans l’enceinte du salon du livre. Nous revenons sur ce conflit en tant que membres de l’équipe présente sur place tout au long des RIA pour accueillir les exposant·e·x·s, ainsi que pour participer à l’effort de médiation de ce conflit aux côtés de la team care. Face aux mille nuances de perception de la réalité en présence, nous espérons par ce texte apporter un éclairage sur le déroulé des événements et le contenu de ces livres. Aussi, nous voulons attirer l’attention sur ce qui semble être un problème bel et bien islamophobe au sein de la gauche radicale, les anarchistes n’en faisant pas exception, dans un contexte socio-politique qui a pour cible facile une population harcelée en permanence sous le prétexte de pratiquer une religion perçue comme spécifiquement problématique. Nous joignons nos voix à celles qui crient que l’islamophobie tue pour refuser de nourrir un « débat d’idées » hors-sol, avec des interlocuteur·ice·x·s qui ne considèrent les rapports de pouvoir que lorsque leur interprétation concorde avec leurs intérêts propres.
Déroulé des événements
Vendredi. Des personnes présentes au salon du livre ont pris l’initiative de demander au stand de la section Kropotkine de la FA de retirer un livre de René Berthier intitulé Un voile sur la cause des femmes, identifié comme islamophobe. Par la suite, il leur a été demandé de retirer également L’impasse islamique. La religion contre la vie, d’Hamid Zanaz, préfacé par Michel Onfray. Suite à une altercation verbale et un refus de la part de la FA de retirer le livre, le premier des deux ouvrages a été saisi puis déchiré et brûlé dans le cadre d’une action directe.
Après l’action et jusqu’à la fin de la journée de samedi, nombre de personnes ont demandé de manière répétée que les livres en question soient enlevés du stand. En parallèle, la FA et plus spécifiquement des hommes du groupe Kropotkine, en charge de la tenue du stand, nous ont demandé d’agir face à l’action directe, qu’ils perçoivent comme une attaque dont ils ont été victimes. Après avoir pris connaissances des livres en question, plusieurs d’entre nous sont allé·e·x·s parler avec des membres de la FA en leurs demandant d’enlever les deux livres car incompatibles avec les valeurs politiques des RIA.
L’après-midi même, à la suite de nouvelles altercations verbales, des tables du stand de la FA ont été renversées. En tant que salon du livre, nous avons pris la décision de communiquer avec la FA, leur demandant dans un premier temps d’enlever leurs livres en vue d’une désescalade du conflit sur le temps des RIA, et en leur proposant, dans un deuxième temps, d’organiser une discussion de fond sur le contenu de ces ouvrages. Cette proposition n’a non seulement pas été acceptée, elle n’a même pas été entendue.
Dans nos efforts de communication, nous avons entendu de nombreuses fois des arguments dénonçant une soi-disant « censure », de l’« autoritarisme », que l’action rappelait « les heures les plus sombres de notre histoire », de même que les « autodafés » nazis et fascistes. Nous avons été choqué·e·x·s par ces évocations, par les amalgames effectués, par l’oubli de l’histoire, et le détournement de ces arguments à des fins de défense de la part de membres de la FA, mais également d’autres exposant·e·x·s.
Samedi. Suite au refus de la FA de retirer les livres, les tensions ont continué à monter le jour suivant. La raison était principalement que la FA avait déposé sur son stand, à côté des morceaux de livres brûlés et déchirés, un panneau qui dénonçait l’« agression » subie et qui invitait les autres stands à faire attention à leurs tables. De nouvelles altercations sont survenues. Une assiette a volé sur le groupe de la FA. En réponse, des membres de la FA ont sorti des manches de pioche. Le stand voisin a dû physiquement bloquer les membres de la FA qui étaient déterminé·e·x·s à faire usage de la violence. La team care et nous-mêmes avons longuement discuté pour mettre en place une désescalade car nous n’étions pas capables de gérer une situation de violence physique dans le cadre du salon du livre. À l’issue de cette discussion, nous avons demandé à la FA de fermer leur stand pour la dernière journée des RIA. Face à leur refus, nous avons décidé de fermer le salon du livre pour la journée de dimanche, une position que nous avons transmise dans la soirée au groupe de coordination de l’événement.
Dimanche. Le lendemain matin, à l’ouverture du salon, nous avons communiqué notre décision aux groupes présents derrière leurs stands. Ceux-ci ont décidé de maintenir le salon ouvert, en ayant une discussion préalable sur la garantie de la sécurité au sein du salon. Force est de constater que beaucoup des participant·e·x·s à la discussion étaient des membres de la FA, et que cette discussion autogérée n’a aucunement abouti sur un consensus autre que celui de maintenir le salon ouvert. La surreprésentation de la FA a été identifiée par plusieurs personnes, qui ont demandé que les membres du groupe s’identifient, ce qu’iels ont refusé de faire, avant que plusieurs de ces derniers affirment vouloir participer à l’équipe responsable de la sécurité … De plus, la discussion, centrée sur des questions sécuritaires, n’a aucunement permis d’aborder le contenu problématique des livres.
Au terme de cette réunion, de nombreux·ses exposant·e·x·s ont quitté la patinoire, que ce soit à cause de la présence de la FA sur place ou de la responsabilité sécuritaire impliquée par les décisions fraîchement prises. D’autres encore ont exprimé leur souhait de maintenir le salon ouvert, mais ne se sont pas positionné·e·x·s explicitement.
Pour la sécurité de tout le monde, il nous semblait essentiel que le stand de la FA se retire. Face à la décision de maintenir le salon ouvert et d’organiser la dernière journée en autogestion parmi les exposant·e·x·s, nous avons décidé de partir. En parallèle, la team care, en grève, dénonçait la situation générale des RIA, affirmant notamment leur refus de faire tampon entre les différentes défaillances systémiques, les rapports de pouvoir, la prise pour acquis du travail de care et le manque de soutien de la part de l’équipe de l’orga pour faire appliquer la charte de la team care.
En fin de journée, une manifestation dans la rue organisée par des participant·e·x·s dénonce par le slogan « FA raciste, orga complice » une atmosphère raciste, transphobe et généralement queerphobe aux RIA. Iels expliquent dans une prise de parole à l’open mic de la salle de spectacles que leur intervention tardive fait suite à de nombreuses interpellations, et qu’iels ont fait l’objet de menaces de violences physiques au sein de l’événement. Fermement décidé·e·x·s à poursuivre l’action, iels dénoncent aussi l’absence ne serait-ce que d’un pas en arrière ou toute forme d’introspection sur les oppressions systémiques, invitant à réfléchir à « comment faire pour que cela ne se reproduise plus ? ».
Les livres
Nous prenons ici le temps pour restituer le contenu problématique des deux ouvrages dénoncé lors des RIA, puisque nombre de personnes présentes ne semblaient pas prendre acte de la violence de leurs propos, que ce soit parmi les membres de la FA ou les participant·e·x·s en général. On espère aussi rappeler en quoi les discours comme ceux-ci prétendent lutter contre les oppressions alors qu’en réalité ils les nourrissent. L’athéisme militant porté par ces textes n’est pas un athéisme politiquement neutre. Au contraire, il prend pour cible certaines populations et leurs pratiques religieuses, opère des hiérarchies, tacites ou explicites, entre les grands courants religieux comme s’ils étaient des ensembles homogènes.
De manière générale, nous estimons que ces livres n’ont rien à faire dans une sélection d’ouvrages anti-autoritaires, ou libertaires, car à la fois leur contenu et leur couverture sont violents, en établissent des soi-disant vérités qui sont banalement islamophobes.
René Berthier, Un voile sur la cause des femmes
René Berthier écrit des livres d’histoire et de théorie politique, et possède une certaine aura en tant qu’historien de la première internationale anti-autoritaire. L’ouvrage est articulé en deux parties. Il contient d’une part plusieurs textes de René Berthier, d’autre part, il donne la parole à différent·e·x·s intervenant·e·x·s, dispositif censé donner une impression de diversité de points de vue dans la restitution du débat. Sans entrer dans une critique systématique, nous pouvons quand même évoquer quelques-uns des problèmes posés par ce livre :
— son titre, son ton et son propos paternaliste
— l’utilisation en couverture de l’image d’une femme portant le foulard pour défendre un projet de société qui n’a aucune intention de la considérer comme partie prenante, dans un contexte où tout prétexte est bon pour parler à la place des personnes musulmanes
— une dénonciation de la Constitution iranienne, discriminatoire notamment à l’égard des femmes, qui a pour point de départ les revendications contre l’islamophobie en France, et pour effet d’établir un amalgame dangereux entre d’un côté les pratiques répressives et sexistes d’un état et de l’autre la variété de pratiques religieuses d’un ensemble de communautés vivant dans un pays situé à l’autre bout de la planète.
— souscrire à la panique générale vis-à-vis du foulard islamique, et par extension des communautés musulmanes, tout en manifestant une ignorance de leurs pratiques autant que de leurs croyances
— tenir comme propos implicite une apologie de la modernité comme une opposition entre les lumières et les obscurantistes, cette distinction ayant pour conséquence l’altérisation des personnes musulmanes comme ayant des pratiques appartenant au passé
— être incapable de prendre en compte la complexité sociale en France pour proposer un projet critique sensé
Hamid Zanaz, L’impasse islamique : la religion contre la vie, préface de Michel Onfray
Auteur de nombreux ouvrages ayant pour sujet annoncé la lutte contre l’islamisme, Hamid Zanaz établit systématiquement une équivalence entre islam et islamisme, considérant l’intégrisme religieux comme aboutissement logique de toute pratique de l’islam. L’impasse islamique n’en faisant pas exception, l’auteur y donne un rôle de choix à Michel Onfray, islamophobe notoire, « philosophe » vedette, qui affirme notamment qu’il y aurait une armée de « soldats » prêts à mourir pour l’islam face à un « Occident » supposément désarmé face aux attaques contre la culture consumériste et l’idéologie capitaliste [1], « libertaire » [2] mais surtout capitaliste, Onfray saisit toute occasion pour se faire de l’argent, y compris quand ça implique de nourrir activement des discours racistes.
A l’image de sa préface, l’ouvrage dresse un portrait néfaste des populations musulmanes, selon lui soumises aux élites qui sont aux manettes d’un islam politique. Plus explicite que Berthier, il affirme que les pratiques actuelles de l’islam appartiendraient à un temps révolu, qu’elles seraient incompatibles avec la modernité occidentale. Cet ouvrage s’appuie sur la logique du choc des civilisations et nourrit l’idée de grand remplacement. Résolument coupé de tout contexte historique, social ou culturel, ni rationaliste ni culturaliste, l’ouvrage a pour ambition de décrire le paysage politico-religieux d’aujourd’hui. En revanche, le propos de Zanaz est souvent incapable de se rattacher à toute forme de mémoire historique. Triste ironie pour ce texte publié par une maison dite "libertaire", l’Impasse islamique fait par exemple la part belle à des régimes autoritaires meurtriers comme ceux de Napoléon, Bourguiba, ou Atatürk.
Problèmes en présence
Les RIA….
Les lignes politiques des RIA grossièrement décrites dans l’appel à participation ne pouvaient pas suffire à contrer les dynamiques oppressives, notamment en matière d’islamophobie. Les espaces prévus par l’organisation (les open mic quotidiens) pour que les personnes présentes amènent des avis et des propositions n’ont pas permis le travail politique approfondi qui aurait été nécessaire déjà en amont de l’événement pour ne pas laisser de place aux discriminations. Les réactions sur le plan technique plutôt que politique aux altercations en lien avec le stand de la FA des différentes équipes de l’organisation sont une conséquence de ce manquement.
Lorsque la décision de fermeture de la patinoire prise par la team care et l’équipe du salon du livre a été communiquée sur le groupe de coordination de l’événement, plusieurs personnes s’y sont opposées en invoquant notamment l’implication précieuse de la FA dans l’organisation de l’événement. Cette rhétorique a empêché les remises en question politiques qui étaient nécessaires à ce moment-là. Surtout, elle a permis de remettre en doute illégitimement la décision de la team care et de l’équipe du salon du livre qui étaient en charge respectivement de la sécurité et de la patinoire. Sans rentrer dans l’analyse des dynamiques de pouvoir à l’échelle du groupe de coordination, nous pensons qu’il aurait été possible d’éviter cet écueil.
... et la FA
Lors des altercations, nous avons eu des discussions avec certaines personnes de la FA prêtes à entendre et à discuter des problèmes que soulève la présence de livres islamophobes aux RIA. Seulement, les rapports de pouvoir internes notamment patriarcaux ont silencié les voix minoritaires. Nous dénonçons ces dynamiques oppressives au sein de la FA qui sont apparues dans le conflit et qui ont empêché toute avancée politique autour des critiques soulevées. Nous considérons cependant qu’elles ne suffisent pas à déresponsabiliser certain·e·x·s individu·e·x·s, en restant membres de la FA, marquent une forme de tolérance envers l’islamophobie de leur organisation.
Dans les jours qui suivirent les événements, un article dénonçant "des agressions" a brièvement été mis en ligne sur Le blog de Floréal [3], reprenant un prétendu communiqué de la FA que nous n’avons retrouvé nulle part sur leurs canaux officiels. Malgré le flou régnant autour de l’origine de ce texte, il a notamment été repris sur facebook par la CNT-AIT Paris Banlieue [4] et par la CNT-AIT [5] - Montauban qui toutes deux assurent "les militants agressés et la FA de notre entière solidarité vis-à-vis de cette attaque lâche digne des fascistes". Ces posts sont des signaux clairs d’une islamophobie à peine cachée sous la critique fascisante de ceux qui la dénoncent ("petits soldats de l’islamo-fascisme", " les petits soldats de l’islamisme militant ou leurs idiots utiles") au sein de l’extrême gauche militante.
Délégitimation des critiques et victimisation
Le panneau affiché samedi par la section Kropotkine de la FA sur leur stand est un signe clair de l’évitement de la question de l’islamophobie dont la FA, l’organisation et plus généralement une majorité des personnes présentes sur l’événement sont responsables. Le présentoir créé suite à l’action directe de la veille invitait les autres exposant·e·x·s à protéger leurs tables, faisant des morceaux de livres brûlés et déchirés la preuve d’attaques prétendument aléatoires, irrationnelles et donc dangereuses pour touxtes. La veille déjà, plusieurs personnes de la FA insistaient sur le fait que ce n’était que quelques individus qui étaient en désaccord avec les livres ciblés. Cette délégitimation de la critique en l’attribuant à une poignée de marginaux est une manière d’imposer les propos islamophobes en se concentrant sur la dénonciation des modalités d’action des autres.
Rhétorique sécuritaire
Nous regrettons que la discussion au sein du salon du livre ait porté sur des questions sécuritaires en lieu et place du problème de l’islamophobie. C’est une occasion manquée. Un autre regret est celui d’avoir versé dans des logiques de « policing ». Au lieu d’obtenir au travers d’un positionnement politique clair des garanties sur la sécurité physique des personnes dans l’enceinte du salon du livre, par exemple en faisant en sorte que les personnes qui ont levé la main sur les autres s’en aillent, il a été question d’organiser un service d’ordre. Cela a eu pour effet de rester dans l’escalade, mais aussi de confirmer que le retour au calme devait être soumis à la présence d’un groupe prêt à faire usage de violence physique.
Prendre l’islam comme n’importe quelle autre religion, c’est nier les rapports d’oppression vécus par les femmes portant le foulard. C’est aussi nier les rapports d’oppression vécus par les hommes perçus comme musulmans en Europe et aux États-Unis.
L’anticléricalisme comme prétexte
Une question que nous nous sommes posé·e·x·s c’est pourquoi une partie des membres de la FA refusaient catégoriquement d’enlever ces livres de leur stand, au point de devoir en venir aux mains. Dans la perspective de l’anticléricalisme, nous nous demandons aussi pourquoi, si l’islam était comme n’importe quelle autre religion, ces autres religions sont largement sous-représentées non seulement dans le cadre du stand mais aussi du “débat” en général. Prendre l’islam comme n’importe quelle autre religion, c’est nier les rapports d’oppression vécus par les femmes portant le foulard. C’est aussi nier les rapports d’oppression vécus par les hommes perçus comme musulmans en Europe et aux États-Unis.
« Censure », « autoritarisme », « les heures les plus sombres de notre histoire », etc.
De multiples dénonciations venant de membres de la FA n’ont pas manqué de véhiculer des idées confuses sur l’histoire et les dynamiques de pouvoir. Nous avons entendu tour à tour, tantôt nous-mêmes visé·e·x·s, tantôt à l’encontre des personnes à l’origine des actions, qu’exiger le retrait des livres serait de la « censure », « autoritaire », que brûler des pages de livres « rappelle les heures les plus sombres de notre histoire » ou serait « comme les autodafés fascistes », ou « les autodafés nazis ». Choqué·e·x·s, nous avons exprimé notre déception et parfois aussi notre colère face à ces positionnements confus, voire confusionnistes. Nous dénonçons l’assimilation de l’action directe à des opérations d’extrême droite, de même que notre approche consistant à demander le retrait des livres problématiques comme de « l’autoritarisme » ou de la « censure ».
Rappelons que la censure porte atteinte à l’intégrité des personnes qui en font l’objet, et que cette censure s’exerce par des entités qui ont un pouvoir répressif bien réel. Rappelons que la « liberté d’expression » est accaparée par l’extrême droite pour porter des discours racistes. Rappelons que « liberté d’expression », ce n’est pas de tout le temps dire ce qu’on veut et d’obliger les gens à écouter. Rappelons que les autodafés fascistes et nazis s’inscrivaient dans un système de domination institutionnelle qui ne consistait pas uniquement à brûler des livres mais aussi à tuer, à asseoir une domination totalitaire, donc à l’échelle d’un État et que c’est cette domination que nous avons pour projet commun de dénoncer. Souvenons-nous « des heures les plus sombres de notre histoire". Intégrons la mémoire dans notre travail militant. Refusons en revanche de nous en servir pour véhiculer des arguments d’autorité télescopés à des échelles et dans des dynamiques qui n’ont juste rien à voir.
Nos groupes et rassemblements ne doivent pas se satisfaire de positionnements flous en matière d’islamophobie et de racisme plus généralement.
Conclusion
Nous espérons que ce texte puisse alimenter la dynamique nécessaire de critique des tendances islamophobes au sein de l’extrême gauche militante et au-delà. En tant que responsables du salon du livre, nous aurions pu plus encore agir sur le plan politique avec les moyens que nous avions à disposition pour éviter la direction sécuritaire et dépolitisante que prenait le conflit jusqu’à la manifestation de dimanche. Nos groupes et rassemblements ne doivent pas se satisfaire de positionnements flou en matière d’islamophobie et de racisme plus généralement. Nous appuyons donc la revendication à collectivement nous emparer de ces questions en rappelant que la passivité est une forme de tolérance envers des oppressions systémiques qui tuent au quotidien.
Suggestions de lecture
1. Pour en finir avec la Fédération anarchiste : une nécrologie, Ravages éditions, 2013,
https://ravageeditions.noblogs.org/files/2013/03/FA-20p-A5-pageparpage.pdf.
2. Sarah Farris, Au nom des droits des femmes : fémonationalisme et néolibéralisme, https://renverse.co/analyses/Au-nom-des-droits-des-femmes-Femonationalisme-et-neoliberalisme-2066.
3. Sarah Schulman, Le conflit n’est pas une agression. Rhétorique de la souffrance, responsabilité collective et devoir de réparation. Montreuil, Editions B42, 2021