Culture - Contre-culture

[Genève] Retour sur le défilé nocturne de samedi 19 décembre

Une jeunesse frustrée exprime sa colère dans les rues de Genève : analyse d’une participante.

Ce samedi soir, plus de 500 personnes ont semé le trouble à Genève. On peut lire ça et là sur la toile quelques badauds qui ne comprennent pas le sens de cette « violence ». « De quoi se plaignent-ils ? » peut-on lire encore.

Faut-il rappeler aux habitants de cette ville bien propre et policée que la culture alternative est depuis les années ’70 un pilier incontournable de formation culturelle, musicale, artistique etc ? Les nombreuses occupations, qui ont violemment été vidées ces dix dernières années, constituaient des lieux de rencontre pour la plus grande partie de la jeunesse – qui n’est pas intéressée par la mauvaise musique servie dans les boîtes de nuit genevoises et qui attirent la jeunesse dorée prête à dépenser plusieurs centaines de francs pour quelques coktails. Le message de cette manifestation de samedi me semble par conséquent très clair : ne touchez pas à notre culture sinon vous allez vous brûlez les doigts.

Il ne s’agit pas de quelques « casseurs professionnels » qui ont pris d’assaut un cortège pacifique. Mais bien d’une jeunesse qui refuse de vivre dans une ville vitrine dans laquelle il n’est plus possible de manifester, d’aller voir un concert ou d’obtenir un budget pour développer un projet qui ne répond pas aux impératifs du capitalisme.

Cette colère n’est pas apparue tout d’un coup hier. Cela fait des années que des personnes manifestent contre la fermeture des lieux alternatifs, contre le durcissement des lois sur le domaine public, et plus récemment contre la coupe des subventions attribuées à la culture, dont le principal responsable est Pierre Maudet.

La dureté des décisions politiques qui ont été prises ces dernières années explique parfaitement cette colère. Et les politiciens l’ont bien cherchée. Quoi de mieux que de provoquer la jeunesse jusqu’à ce qu’elle craque pour justifier de continuer à la provoquer.

Alors à ceux qui regrettent que les forces de l’ordre ne soient pas intervenues de façon plus musclée, à ceux qui pensent que Maudet devrait agir, à ceux qui croient qu’il ne s’agit que de quelques black bloc venus de l’étranger, je me permets de répondre : cette manifestation est une réponse à la non-prise en compte des demandes formulées par une partie de la jeunesse ces dernières années. Celle qui a la lucidité de voir Genève comme un centre névralgique du capitalisme effrené, dont les injustices, les oppressions et les guerres sont les effets directs. Ces jeunes ne sont pas des étrangers venus casser de la vitrine, ce sont des universitaires, des travailleurs ou des chômeurs, représentant toutes les classes sociales qui sont descendus dans la rue hier. Si le canton persiste à ignorer cette jeunesse et à durcir ses décisions, soyons sûr qu’il y aura d’autres événements de ce genre, avec certainement plus de monde encore.

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