Le collectif antiraciste R-esistiamo appelle à une journée de lutte devant le bunker de Camorino (Tessin).

Nous invitons tout le monde à converger le 9 avril 2022 vers Camorino pour participer à la manifestation.

Derrière la façade de l’accueil caritatif suisse se cache une réalité dont le bunker de Camorino, véritable prison souterraine, est l’un des exemples les plus effrayants.

Les centres d’asile fédéraux et cantonaux, expression du racisme d’État, sont des lieux de ségrégation, faits de clôtures, de murs, de caméras et d’agents de sécurité dans lesquels les êtres humains sont triés comme s’ils étaient des marchandises, décidant qui, sur la base de critères arbitraires et fonctionnels aux besoins de l’économie, peut rester en Suisse et qui, au contraire, sera expulsé.e de force.

Le bunker de Camorino est un “abri” souterrain de la protection civile qui est utilisé depuis plusieurs années par le Canton pour héberger des demandeurs d’asile qui se sont vu refuser un permis de séjour sur la base de lois racistes et inhumaines. Les personnes enfermées dans ce centre sont “parquées” depuis des années, dans l’attente d’une éventuelle expulsion, sans aucune perspective d’amélioration de leur situation ou de leur vie, dans les limbes d’une bureaucratie qui traite les êtres humains comme des numéros simplement parce qu’ils n’ont pas les bons documents. Le bunker est utilisé à la fois comme centre de déportation et comme centre de punition pour les personnes provenant de pays avec lesquels la Confédération n’a pas signé d’accords de rapatriement, les maintenant dans des conditions extrêmement précaires et inhumaines dans le but de les décourager à rester en Suisse et de les pousser à demander un rapatriement volontaire.

Les abris dits de protection civile sont des lieux fermés conçus pour héberger des êtres humains en cas d’urgence et de catastrophe, et certainement pas un endroit pour garder les gens enfermés pendant des années (certain.e.s y vivent depuis plus de quatre ans). Concrètement, à Camorino, les conditions d’hygiène sont très mauvaises : il n’y a pas de fenêtres, ce qui signifie une chaleur étouffante en été et un froid glacial en hiver, ainsi que la présence de moisissures ; le fait que l’air soit irrespirable provoque des problèmes respiratoires ; les personnes sont entassées dans quelques dortoirs et il n’y a aucune possibilité d’intimité ; la présence de punaises de lit a été documentée à plusieurs reprises. Les soins médicaux dispensés dans le centre sont médiocres, et les seuls médicaments distribués sans trop de scrupules et largement utilisés sont des neuroleptiques : pour faire supporter les conditions inhumaines de détention et anesthésier toute forme de protestation.
Dans le bunker, les personnes vivent dans des conditions de semi-détention et de fortes limitations de leur liberté : entrées et sorties contrôlées par des agents de Securitas, obligation de signer avant minuit et interdiction de sortir avant 7 heures du matin, interdiction d’utiliser les téléphones portables et pour beaucoup de personnes qui vivent dans le bunker interdiction de quitter la commune de Camorino. Pour toute sorte de courses, les personnes reçoivent 10 CHF par jour, ce qui doit suffire pour la nourriture, les vêtements, les produits d’hygiène personnelle, le tabac, etc., et ceux qui ne signent pas avant minuit ne reçoivent même pas cette misérable somme.

Collettivo antirazzista R-esistiamo