Répression - Enfermement Occupation

Prison ferme pour l’occupation d’une maison de la dynastie Lamunière

Samedi à 9h30, la gendarmerie a évacué la « Villa Lamunière » de Vennes, occupée depuis le mardi premier juin 2021. Le Ministère public a prononcé des peines excessivement lourdes pour les habitant.e.s.

Lausanne |
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Samedi à 9h30, la gendarmerie a évacué la « Villa Lamunière » de Vennes, occupée depuis le mardi premier juin 2021 par le collectif Pompoko, sur décision du procureur Jérémie Muller. Environ 60 policiers, bleus, noirs, boucliers et chiens ont été déployé autour du bâtiment et sur un large périmètre du quartier afin d’empêcher l’arrivée de soutiens et de témoins. Après 4 heures d’intervention, les occupant.e.s ont passé plus de 6 heures en garde à vue avant leur audience auprès du Ministère public qui a prononcé des peines excessivement lourdes pour les habitant.e.s.

Deux membres du collectif, au casier judiciaire vierge, écopent de 2 mois de prison ferme au motif d’antécédents mineurs et datant de 5 à 10 ans, un membre de 3 mois de jours-amende, un autre 2 mois de jours-amende avec sursis pendant 4 ans et d’une amende. Quant à quatre membres restants, sans aucun antécédent judiciaire, ils sont sanctionnés par de lourdes peines avec sursis et d’une amende.

Des évacuations dans les quelques heures ont été légalement possible ces dernières années à Lausanne seulement dans deux cas :
1. D’un mandat d’un juge ayant ordonné une évacuation d’urgence en invoquant des mesures super-provisionnelles
2. D’un flagrant délit.

Cette intervention de police et ces condamnations sont sans précédent pour une occupation sur Lausanne et s’inscrivent dans la continuité de l’accroissement ces deux dernières années de la répression exercée par le Ministère public et la justice vaudoise. Des lourdes peines sont prononcées contre le renouveau des mouvements contestataires et d’émancipation. Par exemple, contre des grévistes du climat de la répression en janvier 2020, contre des participants à l’occupation d’un bâtiment vide à Bel-Air pour loger des sans-abris en mars 2020 ou contre des manifestants devant la prison de Bois-Mermet en mai 2020. En 2021, des occupants de la Zad de la colline et des participants à des manifestations en soutien à la Zad sont aussi condamnés à de la prison ferme.

Deux membres du collectif, au casier judiciaire vierge, écopent de 2 mois de prison ferme

L’occupation d’un bien de la famille Lamunière, c’est-à-dire de la dynastie de la haute-bourgeoisie protestante, possédante des médias, de la publicité et de la culture explique sans aucun doute ce déferlement répressif inédit et le silence des médias sur cette lourde opération de police. La famille Lamunière fait et est le « paysage médiatique » romand depuis les années 20. De père en fils Jacques Lamunière (1890-1952), puis Marc Lamunière (né en 1921) et finalement Pierre Lamunière ont été successivement directeurs généraux d’Edipresse. Par exemple, la Feuille d’avis de Lausanne, devenue le 24heures en 1972, est dans la famille depuis 1925. Le plaignant, Pierre Lamunière, était entre autres le directeur de la Poste de 1997 à 2002 et le directeur d’Edipresse. Il est actuellement directeur de la holding Lamunière, membre du conseil d’administration de la BCV et surtout de Tamedia, groupe qui possède l’écrasante majorité de la presse écrite suisse. D’autres héritiers Lamunière gèrent les très nombreuses filiales de la holding Edipresse à l’international, spécialement en Asie. Il s’agira de déterminer ces prochains mois jusqu’à quel point le quatrième pouvoir intervient dans les décisions du Ministère public et de la justice vaudoise.

Dans l’attente d’un éventuel communiqué du collectif Pompoko, celui-ci a transmis son adresse e-mail de contact : collectif.pompoko@protonmail.com

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