Antifascisme - Extrême-droite UDC Manifestation

UDC - Parti anti-paysannerie

l’UDC tiendra son congrès national à Genève les 17 et 18 mars 2023. Une manifestation aura lieu le deuxième jour du congrès pour s’opposer à la tenue de cet événement. Nous avons souhaité à cette occasion proposer cinq textes pour montrer l’UDC pour ce qu’elle est et combattre le mythe d’un parti proche du peuple et de ses intérêts. Alors qu’on s’inquiète des scores des candidats d’extrême-droite voire fascistes ailleurs dans le monde, nous proposons de regarder de plus près à quoi s’affaire le “premier parti de Suisse” et à quoi ressemble le projet de société il défend.

Genève |

UDC Parti anti-paysannerie

Le Parti des paysans, artisans et bourgeois (PAB), qui deviendra l’UDC en 1971 [1] est né après la première guerre mondiale et se déclare anti-modernisme et anti-industriel. Il récolte des voix au sein d’une partie de la paysannerie consciente d’être la cible du développement capitaliste. Cependant, son premier représentant au conseil fédéral, le bernois Rudolf Minger siège dans plusieurs instances où se construit le capitalisme moderne : le conseil de la Banque nationale, la Société des forces motrices de l’Oberhasli, la Société économique du canton de Berne, etc. [2]. Grâce à son discours sur la ruralité, le parti obtient une base électorale qui lui permet d’accèder à des fonctions de pouvoir au sein de l’Etat tout en siègeant dans les organismes où se défendent ses véritables intérêts : ceux du patronnat. En effet, le PAB n’a pas empêché la destruction massive du monde paysan : la part des paysan-ne-s dans la population était de 30% dans les années 1930, elle est de 3% aujourd’hui. Ces chiffres représentent une désintégration profonde du monde paysan qui a des conséquences comme l’érosion des savoir-faires ou encore la disparition de pratiques solidaires et communautaires. Loin de combattre cet anéantissement, les dirigeants de l’UDC souscrivent à la logique de concentration foncière et capitalistique. Ils siègent aujourd’hui dans les instances protégeant l’agriculture industrielle, principalement la FENACO et l’Union Suisse des paysans (USP), liés étroitement au conseil féderal, aux comissions concernant le monde agricole et à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) [3].

Elle brandit héroïquement le slogan "de la terre à la table", qu'elle pourrait plus humblement transformer en "de la thune sur ma table".

Fenaco est l’une des quarante plus grande entreprise de Suisse [4], elle contrôle une importante part du marché de l’agro-industrie, en amont et en aval de l’agriculture : engrais, pesticides, aliments pour les animaux, jus de pommes Ramseier et même pommes de terre pour les frites de Mac Donald. Elle brandit héroïquement le slogan “de la terre à la table”, qu’elle pourrait plus humblement transformer en “de la thune sur ma table”. A sa présidence, on trouve Pierre-André Geiser, ex-député UDC du grand conseil bernois tandis que deux conseiller fédéraux UDC, Guy Parmelin et Ueli Maurer, se partageaient la présidence de la société en 2016. Ces liens permettent la défense des intêrets du pouvoir économique au sein du gouvernement. Par exemple, Fenaco détient 50% de la part du marché du soja importé pour l’élevage, tandis que l’UDC défend une vision de l’agriculture industrielle basée sur une production carnée [5] et qu’en 2021, le conseil fédéral rejette l’initiative sur l’élevage intensif [6]. Ces trois faits sont liés par ces acteurs, défendant de manière organisée leurs intérêts patronaux aux niveaux politiques et économiques.

Sur cette brochette agro-industrielle de droite se trouve également l’Union Suisse des paysans, présente dans différentes instances du pouvoir politique et économiques. Par exemple, le même M. Geiser siège à son comité avec 5 de ses compères UDC, 6 PLR et 6 PDC. L’USP est l’organisation faîtière de la profession et chaque exploitation lui verse une cotisation quasi obligatoire. Elle prétend donc représenter les intêrets des agriculteurs [7] suisses mais défend plutôt ceux de ses dirigeants. Ces derniers font partie de la même classe que ceux de l’UDC ou de FENACO. Ce sont majoritairement des hommes blancs, bourgeois, industriels ou propriétaires de grandes exploitations [8]. L’USP défend donc l’agriculture industrielle, le patronat, et porte dans ce cadre des campagnes coordonnées avec la faîtière patronale et industrielle EconomieSuisse [9].

Les politiques néo-libérales de l'UDC causent l'extermination des paysan-ne-x-s qui, en Suisse, se manifeste par la disparition de deux à trois fermes par jour.

L’UDC et l’USP ont aussi en commun de porter des revendications de protection à la frontière qui permettraient, selon leurs discours, la pérennisation d’une production locale, arguant ainsi la défense des paysans. Par ailleurs, l’USP comme l’UDC sont favorables aux accords de libres-échanges, comme par exemple celui avec l’Indonésie, qui favorise l’importation de l’huile de palme. La mise en concurrence des agriculteurs au niveau mondial et national est l’outil des plus riches et des plus gros pour croître. Ces politiques néo-libérales causent l’extermination des paysan-ne-x-s. En Suisse, cela se manifeste par la disparition de deux à trois fermes par jour [10]. Elles organisent également l’exploitation sans mesures des paysan.nexs et des travailleur-eusexs agricoles particulièrement celleux du Sud. Les seules limites à ces politiques sont celles qui se gagnent par les paysan.nexs organisé.exs, lié.exs pour beaucoup d’entre elleux à la Viacampesina.

Somme toute, derrière une propagande qui défendrait les “familles paysannes”, c’est bien le parti de l’UDC, en concordance avec les différents acteurs nommés ci-dessus, qui continue à exterminer cette partie du monde paysan qu’il prétend défendre. L’autre partie, celle des travailleur-eusexs agricoles immigré.exs ou encore des paysan.nexs dans leur diversité, l’UDC compte bien maintenir et exacerber les opressions systémiques dont iels font l’objet. Par exemple, l’UDC prône régulièrement le retour du permis saisonnier [11], permis en faveur du patronat, xénophobe et anti-migration [12] qui s’imposait aux travailleur-eux-s des pays pauvres de l’Europe.

La politique de droite néolibérale et post-industrielle de l'UDC, c'est l'instrument des plus riches et des plus gros pour accumuler pouvoir, richesses et terres.

La propagande de l’UDC pour maintenir l’agriculture industrielle joue également sur une crispation identitaire des agriculteurs, en dénonçant par exemple la mise en péril d’une agriculture “productive et locale” par des politiques écologistes. Son argumentaire prétend qu’une politique agricole plus favorable à l’écologie et à une agriculture biologique augmenterait les importations de denrées alimentaires. L’UDC surfe sur la peur de la guerre en Ukraine pour parler aux consommateurs, et prétend se battre pour une augmentation du degré d’autosuffisance à 60%. C’est cynique pour une politique de droite néolibérale pro-industrie qui écrase la production locale. Le maintien et le développement d’une agriculture industrielle dépend d’intrants importés. Elle dépense plus d’énergie fossile qu’elle ne produit d’énergie pour se nourrir. Elle crée l’exploitation, les désastres écologiques et la dépendance aux importations qu’elle produit dans les pays du Sud. Elle est l’instrument des plus riches et des plus gros pour accumuler pouvoir, richesses et terres. Elle est donc l’une des arme de l’UDC et de ces dirigeants pour maintenir leur pouvoir politique et économique.

En définitive, à la place de leur logo identaire représantant un champs verdoyant surplombé d’un soleil souriant, nous y voyons plutôt une terre brulée par un soleil d’UDC doré.

P.S.

Si toi aussi tu n’aimes pas l’UDC, rendez-vous à la grande manif contre l’UDC et son monde le 18 mars prochain à Genève, départ 15h parc des Cropettes !

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