>>> Une création théâtrale
Dans la création collective Le Monde Renversé, du 12 au 14 octobre au TU, les quatre comédiennes de la compagnie Rêver l’ObscurE s’attaquent à la transposition théâtrale de Caliban et la Sorcière, ouvrage emblématique de Silvia Federici. Cette auteure, universitaire américaine, enseignante et militante féministe radicale se revendiquant du mouvement marxiste autonome, s’est notamment interrogée sur les structures du capitalisme patriarcal. Dans Caliban et la sorcière, elle théorise la corrélation entre l’avènement du dit système capitaliste et la grande chasse aux sorcières en Europe (1550/1630). Federici étudie le moment où les puissances étatiques européennes ont eu besoin du corps des femmes comme ‘‘matrices à travailleurs’’. Il a fallu contrôler ces corps au moyen d’une campagne de terreur et inventer un ‘‘monstre’’ : la sorcière.
Comme moteur de la transposition scénique de cet essai dans Le Monde Renversé, la volonté de quatre actrices d’aujourd’hui de raconter ce moment de l’histoire où, dans le passage du féodalisme au capitalisme, les corps des femmes se retrouvent violentés, assignés à résidence, privatisés et dédiés aux bienfaits de la famille nucléaire. Ce spectacle porte sur le plateau une partie de l’histoire du patriarcat et de la domination masculine qui continue à nous hanter aujourd’hui.
>>> Un atelier d’auto-défense féministe
Pour tâcher d’en sortir : les samedi 14 et dimanche 15 octobre, le TU propose un atelier d’auto-défense pour femmes/lesb/bi/trans sur deux jours (inscription obligatoire sur le site theatredelusine.ch). Mené par Sarah Gouze et Leila Talib, formatrices en auto-défense féministe et activistes, l’atelier propose des techniques d’autodéfense verbale, émotionnelle et physique. C’est aussi et surtout l’occasion de se rencontrer et d’échanger ensemble dans un climat de confiance, de bienveillance et de confidentialité.
>>> Une fête (Nolite te bastardes carborundorum / RÊVER L’OBSCUR PARTY)
Le samedi 14 octobre dès 22:00 à la Makhno, on prend une bouffée d’air et on détache ses cheveux sur le son de trois jeunes voix puissantes, qui viennent apporter une résonance musicale au cœur du cycle. C’est Pullman Rose, la voix d’une sirène noise qui expérimente en duo avec son petit frère ; c’est Charlotte Nagel, qui à force de remanier l’énergie sexuelle des chansons de la pop culture a commencé à composer les siennes propres ; et c’est Golden Mammi, qui n’a pas 20 ans et fera résonner dans ce tout premier live son rap féministe et radical. Entrée libre et fumée violette.
>>> Des présentations autour du Devenir sorcière
Enfin, le mardi 17 octobre à 19:00, le TU invite deux artistes à présenter leur travaux en cours ou récents. Entrée libre à nouveau. La chorégraphe Nina Santes vient partager un work in progress autour de sa prochaine création : Hymen hymne. Au delà de la pratique de la sorcellerie, ce projet appelle la sorcière comme un devenir, un potentiel, une construction sociale.
La réalisatrice Camille Ducellier accompagne Nina Santes pour cette soirée organisée en collaboration avec le Cinéma Spoutnik. L’occasion d’y projeter dès 20:30 son documentaire intitulé Sorcières, mes soeurs (30mn,16mm, HD, 2010) ainsi qu’un extrait de l’entretien avec Starhawk réalisé par Camille Ducellier et Nina Santes au début de l’année 2017.
Autant d’occasions de repenser, de ressentir et de se réapproprier la figure de la sorcière. Celle qui est qualifiée ou auto-proclamée, celle qui est rejetée ou qui choisit délibérément d’occuper la marge, celle qui est dangereuse, celle qui prend soin de l’obscur, celle qui s’empare de son corps et de sa voix pour jeter un sort à l’ordre établi.