Pensées politiques

Déception à la 2e Conférence internationale des jeunes francophones

Critique de la dernière Conférence internationale des jeunes francophones

Du 17 au 19 septembre dernier se tenait à Genève la 2e édition de la Conférence internationale des jeunes francophones (CJF) en prévision du XVIIe Sommet de la Francophonie qui aura lieu le mois prochain à Erevan, en Arménie. Environ 200 jeunes venus d’un peu partout se sont ainsi réunis au Palais des Nations pour participer à diverses tables rondes, ateliers et plénières autour des thèmes de l’inclusion économique et du vivre ensemble.

En plus de partager leurs propres expériences, les jeunes francophones avaient la responsabilité d’adopter une "déclaration des jeunes" à présenter au prochain sommet de la Francophonie et il leur était proposé d’améliorer leurs compétences professionnelles à travers divers ateliers.

La journée de mercredi s’est conclue avec un discours d’Henri Monceau dans lequel le représentant permanent de l’OIF auprès des Nations Unies a reconnu les échecs de sa génération face à la diminution des inégalités et à la protection de l’environnement et a demandé aux jeunes de prendre le relai. Son message de clôture faisait ainsi écho au discours d’ouverture de la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, qui demandait aux jeunes d’incarner une force de changement. Malgré ces discours encourageants, nous sommes encore bien loin du compte.

En effet, pendant que le gouvernement canadien continue à encourager l’action délétère de ses minières aux quatre coins de la planète, pendant que le gouvernement français réprime violemment les projets de société alternatifs portés sur son territoire, pendant que les États d’Europe et d’ailleurs refoulent à leurs frontières des migrant.es que leurs propres politiques impérialistes ont poussé.es à la misère, les jeunes de la Francophonie s’applaudissent.

À certains égards, illes ont raison. Certaines des initiatives mises de l’avant dans les derniers jours relèvent effectivement du génie et montrent qu’un développement inclusif et durable est possible. Toutefois, la glorification excessive de ces projets individuels est perverse. Elle couvre d’un voile la réalité : le développement international continue encore aujourd’hui à être soumis aux intérêts de firmes transnationales qui, malgré leurs discours, font plus souvent qu’autrement fi des droits humains les plus fondamentaux, et ce, avec le support des États. Or, tant que nous serons au service du marché et non l’inverse, le « vivre ensemble » et le respect des droits de la personne ne seront rien d’autres que des vœux pieux.

Pourtant, pratiquement aucune intervention durant la Conférence n’a porté sur ces questions structurelles, comme si l’esprit entrepreneurial rendait obsolète l’esprit critique ; comme s’il était possible de changer le capitalisme par plus de capitalisme. Si certaines initiatives portaient bien en elles les germes d’un changement, rares, voire inexistantes, sont celles qui proposaient un programme réellement subversif.

Or, si l’on veut que nos dirigeant.es se mettent à agir concrètement pour plus de justice sociale, ce n’est pas en nous congratulant vénalement dans les luxueuses salles de conférence du Palais des Nations que nous atteindrons cet objectif, mais plutôt en descendant dans la rue et en exigeant de nos États qu’ils cessent de supporter ce néolibéralisme moribond et qu’ils mettent fin à la répression envers celles et ceux qui portent des projets de société réellement transformateurs.

La voix des jeunes francophones est aussi une voix de revendication, mais cette dernière était absente de la dernière CJF. Pourtant, faire entendre cette voix est nécessaire pour que toutes et tous, nous puissions vivre une vie décente, heureuse et prospère, ensemble.

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