Une autre confusion, largement alimentée, concerne la distinction entre « migrant-e-s économiques » qui devraient rentrer dans leur pays, et « réfugié-e-s politiques » qui pourraient prétendre à l’asile politique. Si les « réfugié-e-s politiques » fuient à l’évidence les guerres qui ravagent leur pays, les « migrant-e-s économiques » n’en sont pas moins les victimes d’une division internationale du travail, dont les pays riches sont les premiers comptables. En l’occurrence, la violence du modèle néo-libéral qui gouverne notre monde n’a d’égal que la violence des régimes sanguinaires soutenus par de prétendues démocraties occidentales, sur fond d’affairisme, de corruption, de ventes d’armes... et tout à l’avenant. La distinction n’est donc pas de mise. Sinon, doit-on mesurer la misère, la précarité, le chômage de masse, la mal-nutrition, l’analphabétisme, qui sévissent dans les pays du Sud, à l’aune des bombardements qui, par exemple, touchent la ville d’Alep ? Sordide calcul.
Ce témoignage n’a pas vocation à alimenter un discours contre les sans-papiers, mais à pointer du doigt le sort qui les attend sur notre sol. Démuni-e-s, sans doits ni protections sociales, à la merci du premier contrôle venu, elles et ils sont les premières victimes d’un exil qu’elles et ils n’ont choisi que par absence d’horizon dans leur propre pays, et la plupart du temps, au péril de leur vie. « La France ne peut accueillir toute la misère du monde ». Assenée à l’envi, cette phrase de Michel Rocard est tronquée. Puisque l’ancien premier ministre poursuivait en ces termes : « mais elle doit en prendre sa juste part ». Quelle est la juste part de la cinquième puissance économique au monde ? C’est la question que sous-tend ce témoignage.
Le lien de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=QlL1Ti-Dxh4