Anticapitalisme

[Genève] Refusons le travail ce 1er mai. Tou.te.s ensemble derrière le bloc révolutionnaire !

À chaque année son premier mai. À chaque premier mai son thème, qui est rarement le nôtre. Non parce que le travail, sa pénibilité, l’augmentation de sa durée, ou encore les inégalités salariales sont des questions sans intérêt, mais parce que nous ne voulons pas y répondre dans ces termes.

À l’heure où les centrales syndicales nationales soutiennent l’augmentation d’un an de l’âge de la retraite des femmes, la journée de luttes des travailleurs.euses est toujours plus explicitement celle de la fête du travail. Que peuvent donc gagner les prolétaires à travailler plus longtemps, après avoir trimé une vie entière pour un patron ou l’État ? Comment se contenter d’un monde qui impose une vie de labeur, que récompenserait le droit de mourir rentier ?

Il nous manque trop souvent les mots communs pour parler du travail, de l’exploitation, des conditions d’existence, mais aussi pour désigner ceux qui en profitent. Des mots qui permettent de construire et partager un antagonisme radical au monde du travail.

Le refus du travail, ce n’est pas la rupture avec les travailleurs.euses – car qui n’est pas un.e travailleur.euse ? C’est cette sensibilité partagée, cette subjectivité, qui se construit au plus fort des luttes des personnes qui se révoltent contre leur exploitation.

Relire cet extrait de la Horde d’Or de Nanni Balestrini et Primo Moroni, c’est faire un pas vers une histoire proche, multiforme, d’une l’Italie ébranlée dans les années 60 et 70. L’autonomie ouvrière marchait au côté de celles des femmes, des étudiant.e.s, des jeunes, des prolétaires urbain.e.s qui ont constitué une force sans équivalent dans l’Europe occidentale de l’après-guerre. Et comme la puissance des idées et des actes naît de son époque et surtout des luttes qui la traversent, ce qui s’est dit, écrit et pratiqué en Italie peut nous servir, alors que les mots nous manquent et que nous peinons à trouver des horizons communs de lutte.

Ces dernières années, en luttant aux côtés des personnes en exil, l’acte de manifester a pris souvent un sens qui dépassait largement les fanfaronnades politiques des premiers mai annuels. Parce que ce droit, qu’on sent vaciller à Genève, trouve comme réponse des balles dans la majeur partie du monde. Marcher ensemble, celles et ceux qui luttent ou voudraient lutter contre le travail, et celles et ceux qui n’ont même pas le droit d’y accéder, c’est tenter de saisir cette condition commune d’exploité.e.s et poser les jalons qui la détruiront.

À bas l’exploitation, le travail et ceux qui en profitent !

Ce lundi, rejoignez-nous derrière dans le bloc révolutionnaire !

Collectif Sans Retour, 1er mai 2017 – sansretour@riseup.net

Genève |

Le refus du travail

L’expression « refus du travail » renvoie à deux significations distinctes, deux orientations théoriques et pratiques sur lesquelles il nous faut à présent nous attarder.

Le refus du travail c’est à la fois : a) une grille d’interprétation portant sur l’ensemble du processus qui voit s’affronter les luttes ouvrières et le développement capitaliste, l’insubordination et la restructuration technologique ; b) une conscience diffuse assortie d’un comportement social antiproductif, qui participe de la défense de la liberté et du bien-être de chacun. Cette conscience devient peu à peu prégnante et c’est elle qui, dans les faits, a constitué jusqu’au milieu des années 1970 la base intangible de la résistance ouvrière face aux tentatives de restructuration capitaliste.

Examinons à présent de manière plus analytique le sens de ces deux perspectives dans lesquelles s’inscrit l’expression « refus du travail ». Le refus du travail, c’est avant tout une forme de comportement immédiat : celui de ces prolétaires jetés dans le circuit de la production industrielle avancée sans avoir subi la longue et déformante réduction perceptive, existentielle et psychologique qui accompagne l’histoire de la modernisation industrielle, et qui se rebellent presque instinctivement.

Un Piémontais élevé dans le culte des valeurs de l’industrialisme, habitué depuis l’enfance à considérer le travail à la FIAT comme un destin familial, pouvait peut-être supporter la perpétuelle intensification de l’exploitation qui avait caractérisé les années de boom de la production automobile. Mais pour un Calabrais qui avait grandi au soleil au bord de la mer, cette vie de merde était immédiatement insupportable. C’est naturellement la perception du Calabrais qui était la plus juste : parce qu’elle lui donnait la possibilité de s’émanciper de cet abrutissement. Dans cette perspective, le refus du travail est à la fois une réaction immédiate et l’expression de la conscience subtile et clairvoyante de ceux qui affirment : non seulement cet esclavage est inhumain pour les ouvriers mais il est aussi inutile pour la société.

Cela nous amène à l’autre dimension du refus du travail, à l’horizon du refus du travail comme modèle permettant d’interpréter les dynamiques sociales et les transformations historiques. Toute l’histoire du progrès scientifique, technologique et productif peut être lue comme l’histoire d’un refus, le refus des hommes de consacrer leurs efforts, leur attention, leur habileté et leur créativité à la reproduction matérielle. Ce refus a produit la division en classes (certains refusent le travail et font travailler les autres à leur place, en les réduisant à l’esclavage). Mais le principe du refus du travail, pour peu qu’il soit aux mains de l’intelligence sociale collective, pourrait aussi à l’inverse autoriser un usage de la technique et des machines à même de libérer les hommes de l’esclavage du travail salarié.

Extrait du documentaire La reprise du travail aux usines Wonder.
« Nous ne cédons pas. Nous ne rentrons pas. » Banderole sur l’usine des piles Wonder, le 10 juin 1968 à Paris après le vote de la reprise du travail le matin même. Extrait du documentaire La reprise du travail aux usines Wonder.

Au début des années 1970, la réflexion sur la technique, sur son usage en tant qu’il est déterminé par le profit à des fins de contrôle politique ou d’agression militaire, devient centrale dans le débat politique et philosophique. Il s’agit en somme d’une réflexion sur la structure du savoir scientifique, qui s’articule à la problématique du saut technologique et à celle de la composition de classe, deux expressions fondamentalement nouvelles dans la pensée révolutionnaire et dans l’aire du marxisme.

La notion de composition de classe visait à faire apparaître les formes sociales, politiques et organisationnelles au moyen desquelles le prolétariat construit son identité subjective, sa conscience propre, en fonction de la structure du système productif, du rapport entre le travail vivant et le travail mort, des conditions technologiques et de l’organisation du processus de travail. En substance, par l’expression composition de classe, on référait à l’élaboration subjective et consciente des conditions objectives du rapport de production.

Dans une certaine mesure, la notion de composition de classe s’enracine philosophiquement dans la pensée de la gauche marxiste des années 1920, et en particulier dans la notion lukácsienne d’« ontogenèse de la conscience sociale ». Comment se constitue la conscience sociale ? Quels sont les processus par lesquels une masse de personnes atomisées, séparées, individualisées, aussi bien dans le processus de production que dans leur situation économique et sociale, réussit à se transformer en un mouvement actif, à produire un point de vue politique commun, à élaborer des modes de comportements et des horizons de pensée dont ils partagent l’essentiel tout en respectant les différences de sensibilité et de formation de chacun ? Comment survient ce miracle par lequel la force de travail se transforme en classe ouvrière, la discipline en rébellion organisée, la séparation des champs sociaux en mouvement révolutionnaire, en vague irrépressible capable de submerger et d’emporter l’état présent des choses ?

Comment survient ce miracle par lequel la force de travail se transforme en classe ouvrière, la discipline en rébellion organisée, la séparation des champs sociaux en mouvement révolutionnaire, en vague irrépressible capable de submerger et d’emporter l’état présent des choses ?

On avait cherché une réponse à ces questions en formulant le processus de « recomposition de classe », à partir des conditions technologiques déterminées du processus de travail. Mais si la notion de composition de classe renvoie à la subjectivation consciente et organisée des comportements collectifs d’une communauté prise dans le processus de travail massifié, alors une analyse approfondie du système technologique, c’est-à-dire du rapport entre les technologies et l’activité sociale productive, l’activité consciente, l’attention, la perception, la mémoire, l’imagination, devient nécessaire.

Comment se fait-il, par exemple, qu’à certaines conditions technologiques et organisationnelles du processus productif correspondent tel ou tel type de conscience et d’organisation politiques, d’idéologie et d’imaginaire social ? Comment se fait-il que la structure productive des premières décennies du siècle ait donné lieu à des modèles d’organisation de type conseilliste ? Pour répondre à cette question, il faut comprendre le processus de recomposition de classe à partir des conditions matérielles de l’usine mécanique pré-taylorienne ; il faut comprendre les caractéristiques du travail individualisé et qualifié de l’ouvrier professionnel. Il faut comprendre les formes de sociabilité qui peuvent se nouer dans l’usine des années 1920, où les ouvriers disposaient d’un espace de sociabilité et d’autonomie productive, où le rapport homme-machine était individualisé et relativement personnalisé, où l’habileté faisait la différence.

Alors, on comprendra aussi pourquoi les ouvriers de cette période revendiquaient avec fierté leur fonction productive, pourquoi ils revendiquaient le droit de gérer, de contrôler et d’organiser le travail, de déterminer sa valeur sociale et son utilité. Mais dans les grandes usines des années 1960, plus rien de tout cela n’existe. Le taylorisme et l’introduction des techniques automatisées, la chaîne de montage, la standardisation des temps et des cadences de travail, tout cela a fait de l’usine un lieu absolument asocial. Les communications entre les travailleurs y sont presque impossibles à cause de la distance, du bruit, de la séparation physique ; le poste de travail est dépersonnalisé, son organisation, despotique et répétitive, est conçue pour imposer rythmes, mouvements, gestes et réactions à un opérateur toujours moins humain, toujours plus mécanique.

La révolte de l’ouvrier-masse, c’est la révolte de l’homme mécanisé qui prend à la lettre sa propre mécanisation

La recomposition de classe des ouvriers des chaînes de montage part précisément de cette déshumanisation. La révolte de l’ouvrier-masse, c’est la révolte de l’homme mécanisé qui prend à la lettre sa propre mécanisation et affirme : s’il faut que je sois totalement déshumanisé, si je ne dois avoir ni âme, ni pensée, ni individualité, alors je le serai jusqu’au bout, résolument, de manière illimitée, sans la moindre réserve. Je ne participerai plus intellectuellement au processus de travail. Je serai étranger, froid, indifférent. Je serai brutal, violent, inhumain, comme le patron a voulu que je sois. Je le serai au point de ne plus concéder une once de mon intelligence, de ma disponibilité et de mon intuition, au travail, à la production.

Ce que les philosophes avaient décrit comme une aliénation subie par l’ouvrier se transforme dès lors en extranéité délibérée, organisée, intentionnelle, créative. Une extranéité qui signifiait : pas un gramme d’humanité à la production. Toute l’humanité à la lutte. Aucune communication, aucune sociabilité pour la production. Toute la communication, toute la sociabilité pour le mouvement. Aucune disponibilité pour la discipline. Toute la disponibilité pour la libération collective. Recomposition de classe voulait donc dire, simplement et logiquement : sabotage, blocage, destruction des marchandises et des infrastructures, violence contre les contrôleurs des cadences esclavagistes.

L’assemblée vote la grève à l’usine Fiat de Mirafiori à Turin pendant l’automne chaud de 1969.

L’intelligence ouvrière se refusait à être une intelligence productive ; elle s’exprima complètement dans le sabotage, dans la construction d’espaces de liberté antiproductive. La vie commença à refleurir précisément là où elle avait été le plus totalement éradiquée, là où elle avait disparu : sur les chaînes de montage, dans les ateliers, dans les chiottes où les jeunes prolétaires avaient commencé à fumer des joints, à faire l’amour, à attendre les chefs d’ateliers charognes pour leur lancer des boulons à la tête. L’usine avait conçue comme un lager inhumain, elle commença à devenir un lieu d’études, de discussion, de liberté et d’amour. C’était cela le refus du travail. C’était cela, la recomposition de classe.

Aux questions de la recomposition et du refus du travail s’ajoute, comme on l’a dit, la problématique de la restructuration productive et du saut technologique. Qu’est-ce que c’est que la « restructuration » ? C’est la réorganisation d’un système, la reprise en main de ses fonctionnalités et de ses performances afin de répondre à des facteurs de trouble (internes ou externes) qui ont brouillé, altéré ou complètement bouleversé son fonctionnement et sa structure.

À la fin des années 1960, les luttes ouvrières avaient totalement bouleversé le système disciplinaire de l’usine sociale et le système économique du profit. À la même période, au beau milieu de ce tremblement de terre, le grand patronat et les économistes – c’est-à-dire le cerveau organisationnel du capital – tentaient de réactiver certaines des fonctions fondamentales de la reproduction capitaliste. Il fallait avant tout relancer la productivité – sévèrement mise en crise par l’insubordination et l’absentéisme – et rétablir la discipline – sévèrement mise en crise par la solidarité ouvrière, l’égalitarisme et le climat antiautoritaire. Mais pour cela, l’intelligence capitaliste savait parfaitement qu’elle ne pouvait pas recourir à la force brutale sous peine de s’exposer à une riposte précise et déterminée, à la hauteur de l’attaque. C’est ce qui s’était passé corso Traiano, c’est ce qui s’était passé via Larga, c’est ce qui était en train de se passer sur des centaines de piquets de grève et lors de manifestations dures dans toutes les villes d’Italie.

Il fallait donc engager une restructuration de grande ampleur, pour réduire substantiellement le poids quantitatif de la force de travail dans la production (c’est-à-dire modifier la composition organique du capital en recourant davantage aux machines et aux technologies de labor saving) afin de réduire le poids qualitatif de la classe ouvrière consciente. L’intelligence planificatrice du capitalisme international (et du capitalisme italien en particulier) s’attela sérieusement à ce projet pendant toute la première moitié des années 1970. Et, de fait, les premiers résultats de cette offensive et de cette restructuration commencèrent à se faire sentir au milieu de la décennie, pour se manifester de manière fracassante dans sa seconde moitié, et pendant toutes les années 1980 – mais c’est une autre histoire.

En attendant, en 1969, on commençait à entrevoir le cadre dans lequel ce processus allait se déployer. On commençait à parler de saut technologique, on commençait à envisager la possibilité d’une transformation post-industrielle de la société tout entière, de la production. Le capital devait faire fond sur le refus du travail, il fallait, par l’automation, transformer le refus ouvrier en un placement avisé. La pensée révolutionnaire commença à réfléchir à ces questions, formula la notion de saut technologique et se mit à fourbir un arsenal conceptuel à même de faire front.

La catégorie de saut technologique est l’une des obsessions fécondes qui poursuivent le courant « opéraïste » révolutionnaire dans les années 1968-69. « L’échéance c’est le capital lui-même qui nous l’offre. La préparation du saut technologique, dans la mesure où elle investit la réalité de classe dans toutes ses dimensions, ne peut pas ne pas représenter pour nous les conditions évidentes d’un conflit généralisé. Le progrès technologique, qui est pure violence des patrons et de leur État, n’est pas et ne peut pas être un élément sur lequel nous pouvons négocier. Sur cette base, il nous faut anticiper la rupture, pour l’emporter sur le patron et construire l’unité pour consolider et relancer notre organisation politique1. » Organisation politique contre saut technologique. Mais que signifiait ce « saut technologique » dans les prévisions et dans l’imaginaire des révolutionnaires et des avant-gardes ouvrières ? Et pourquoi fallait-il s’y opposer comme au pire des ennemis ?

C’est en réalité ici que s’origine une disjonction qui se manifestera au plan théorique et pratique dans les mouvements ouvriers des années 1980, la plupart du temps inconsciemment. C’est ici que s’enracine l’ambivalence irrésolue de ces mouvements à l’égard de l’innovation capitaliste, de la révolution technologique et symbolique permanente que le capital introduit dans la société, en manipulant sans cesse ses contours, en décomposant les formes organisées, en bouleversant les identités sociales et politiques.

En somme, l’innovation technologique est la forme qui permet d’économiser le travail, c’est la réponse patronale au refus du travail.

Dès lors le refus du travail peut être envisagé comme un ressort fondamental du développement capitaliste. Sans luttes ouvrières, sans refus ouvrier de l’exploitation, sans sabotage, sans absentéisme, pas de développement. Le développement, c’est d’abord le pillage de l’innovation ouvrière, la capture par le capital de l’inventivité de l’ouvrier qui pour fumer tranquillement une cigarette trouve le moyen de se débarrasser plus rapidement de sa tâche. L’innovation technologique est avant tout une invention patronale qui vise à éliminer un maillon du travail vivant, un opérateur, une section entière, une fonction. En somme, l’innovation technologique est la forme qui permet d’économiser le travail, c’est la réponse patronale au refus du travail. Cela signifie-t-il que la restructuration, l’innovation, le saut technologique doivent être considérés comme des ennemis ? N’est-il pas possible d’y trouver les prémisses de la liberté, les conditions permettant de réduire la subordination de la vie au travail ? Cette question mérite d’être abordée dans toute sa complexité. Dans les faits, quand le patron transforme un atelier ou automatise un segment de travail, son intention est de massifier le profit global, d’éliminer des poches d’insubordination, d’autoriser un contrôle mécanique plus étroit sur le travail humain. L’usage capitaliste de la technologie peut se résumer ainsi : soumettre la structure de la machine, de l’outil de travail, mais soumettre aussi la structure cognitive et scientifique nécessaire à la production de cette machine ; la soumettre à une finalité de contrôle, imposer une soumission toujours plus parfaite, toujours plus totale, toujours plus étouffante. L’usage capitaliste de la technologie – la restructuration entendue comme révolution capitaliste de l’outil de travail et du système technologique – pénètre les structures, la forme et la fonction des objets, et imprègne indirectement les esprits, les relations sociales, le monde de la production.

Gravure de Luddites, « briseurs de machines » opposés à la mécanisation de la tonte et du tissage dans les années 1811 et 1812 en Angleterre pendant la révolution industrielle, qui ébauche le libéralisme économique à venir.

La pensée et la pratique opéraïstes révolutionnaires se retrouvent rapidement face à une contradiction dont elles vont rester, dans une certaine mesure, prisonnières. L’intense révolution technologique qui se déploie tout au long des années 1970 et qui parvient à maturité à la fin de la décennie avec les grandes vagues de licenciements de masse, est la cause de la crise de l’autonomie ouvrière. Mais en réalité, elle est aussi la cause de la dissolution tendancielle de la classe ouvrière d’usine et de la prédominance de l’industrie comme système de production. La restructuration, l’innovation technologique sont une réponse au refus du travail, mais elles en sont aussi l’accomplissement. Car à travers la restructuration, l’objectif ouvrier de réduction du travail nécessaire se réalise, mais les conditions sociales et politiques dans lesquelles se produit ce déplacement sont dominées par l’intérêt capitaliste, orientées vers la domination et le profit et non vers l’utilité sociale.

Ainsi, la restructuration aura pour effets un accroissement de l’exploitation et de la dépendance, et une division politiquement ruineuse entre salariés et chômeurs. Mais ils se font sentir dès les années 1970, dans la mesure où le mouvement révolutionnaire ne parvient pas à faire porter son programme de direction ouvrière sur la totalité du processus de transformation productive ; la médiation syndicale et l’extrémisme s’affronteront sur ce point sans parvenir à trouver l’issue : la réduction généralisée du temps de travail et la redistribution sociale du temps de travail nécessaire – c’est-à-dire le pouvoir ouvrier sur les conditions de la transition post-industrielle, sur les conditions de la désindustrialisation et de la transformation de l’ensemble du monde productif.

Mais ce n’est pas ici le lieu de développer ces questions. Nous nous proposons pour l’heure de retracer les grandes lignes d’un processus qui commence avec l’explosion des luttes spontanées de 1968, avec la convergence du mouvement étudiant et des organisations ouvrières de base – qui se généralisera à l’automne 1969. C’est au cours de ce processus que se constituent les éléments que l’on retrouvera, à un tout autre degré de consistance et de complexité, dans l’explosion de l’autonomie ouvrière des années 1970.

« Pour une grève générale illimitée jusqu’à la désintégration du capitalisme et la réinvention de la vie ». Banderole sur le mur des réformateurs à Genève, le 1er mai 20**.

P.S.

1 La Classe, 24 mai 1969

Le refus du travail
Brochure mise en page et préfacée, à télécharger.

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