Antispécisme - Libération animale Antisexisme

Réponse à l’article “lien étroit entre le spécisme et le sexisme”

En août passé, un texte lu lors de la marche pour la fin du spécisme faisait un amalgame entre les oppressions du spécisme et celles du sexisme. Des gens répondent.

Nous tenons à répondre au texte intitulé « La relation étroite entre le sexisme et le spécisme » publié sur Renversé le 26 août dernier. Notre propos n’est pas ici de critiquer l’anti-spécisme, ce que nous serions bien empruntées de faire étant donné notre ignorance relative à cette lutte. Nous souhaitons simplement marquer ici notre désaccord vis à vis de la thèse avancée dans ce texte lu à l’occasion de la marche pour la fin du spécisme à Genève le 22 août.

C’est une insulte au féminisme, aux féministes et aux femmes victimes de violences sexistes de faire un amalgame aussi simpliste entre le spécisme et le sexisme, qui sont deux luttes différentes. Le texte commence par un témoignage d’une femme qui se fait violer, mais l’auteure annonce que ce témoignage pourrait également être celui d’une vache. Cette stratégie rhétorique de l’émotionnel nous semble absolument déplacée pour un débat de fond et occulte de nombreux paramètres. À en croire l’auteure du texte, les hommes humains sont les seuls persécuteurs des animaux non-humains, alors qu’il s’agit en réalité d’une espèce entière – les humains dont des femmes – sur toutes les autres. À la rigueur, on pourrait faire une étude comparative entre les violences des hommes sur les femmes et des taureaux sur les vaches, mais ce n’est pas le cas ici : les hommes violent les femmes comme les vaches.

Or, les femmes ne sont pas des vaches ! Et ça nous le savons aussi parce que les femmes mènent depuis longtemps des luttes à travers le monde. Ces mouvements ont permis de développer différentes pensées du féminisme... On peut donc l’affirmer : les femmes savent s’exprimer et personne n’a besoin de venir parler à leur place. Comme il est très peu probable qu’une femme devienne une vache, on ne voit pas très bien à quoi sert ce parallèle.

Pourquoi vouloir homogénéiser les différents rapports de dominations ? Si les féministes noires ont souvent parlé de matrice de domination, ce n’est pas pour parler de toutes les injustices du monde mais pour tenir compte des réalités différentes vécues par les femmes à travers le monde. C’est pourquoi les luttes féministes prennent en compte d’autres registres d’oppression comme la classe ou la race pour leurs analyses. Il n’y a aucune raison de faire des parallèles entre des rapports de dominations qui n’ont aucun lien sauf pour l’effet rhétorique qui en découle. Dans ce texte, le féminisme est instrumentalisé pour légitimer la lutte anti-spéciste. Pire, cet argumentaire nous laisse le goût amer d’une compétition d’horreurs entre les oppressions : viol des femmes, holocauste des juifs, esclavage, tout y passe. Loin de renforcer quoi que ce soit, ce résumé indécent servi dans ce texte ressemble bien plus à un exercice populiste, auquel nous sommes suffisamment confronté au quotidien.

En tant que féministes, nous refusons cette utilisation inappropriée et dangereuse des rapports de domination.

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