Peu après le lancement de la campagne contre le harcèlement #UNIUNIE [4] par le Rectorat, un énième article dénonçant des cas de harcèlement sexiste par un vice-recteur est paru vendredi 1er décembre, dans Le Courrier. La CUAE soutient les dénonciations qui y paraissent et tient à revenir sur l’attitude inadéquate du Rectorat.
En effet, le vice-recteur incriminé est connu depuis plusieurs années pour des cas de harcèlement sexiste. L’article mentionne que, ce dernier avait reçu, il y a 10 ans déjà, un avertissement de la part de l’ancien recteur pour ses comportements sexistes envers des doctorantes. Aujourd’hui, bien que le rectorat se fasse porte-parole de « l’égalité des sexes » à l’Université, le harceleur n’a toujours pas été sanctionné alors que son sexisme perdure.
Stratégie de l’agresseur
Les citations de ce dernier dans l’article précité démontrent clairement les stratégies employées par l’agresseur. Il est systématique que les agresseurs développent des moyens de se protéger et de se rendre « insoupçonnable », en se justifiant ou en déplaçant le sujet. L’instrumentalisation de certaines de ses doctorantes, collègues ou femmes le soutenant, de même que prêcher la bonne parole sociale et l’égalité sont des méthodes avérées des agresseurs pour se rendre intouchables. Le vice-recteur en question l’applique et l’affirme dans ses dires : « mon mandat a été renouvelé avec le soutien unanime des professeurs, y compris femmes. », « Je me suis plus que bien comporté. Je n’ai aucun problème avec les autres doctorantes ou doctorants. J’ai soutenu beaucoup de gens. ».
Cela est explicité dans la brochure « NON, NO, NEIN au harcèlement sexuel dans les lieux de formation », rédigée par une coalition de syndicats et associations d’étudiantes en Suisse, parue en novembre dernier : « On observe souvent que les harceleurs ont une bonne réputation et sont appréciés de leurs collègues, leurs ami.e.x.s ou les étudiant.e.x.s/élèves. À priori, leur parole est plus prise en compte que celle des personnes qui dénoncent le harcèlement. » (p. 28)
Protection entre pairs
Le recteur actuel fait preuve quant à lui d’une totale solidarité entre pairs. Il réfute toute accusation et nie avoir entendu les doctorantes harcelées, alors même qu’elles l’avaient contacté directement. Un principe de base de reconnaissance du harcèlement sexiste et sexuel est de considérer uniquement le ressenti de la victime, et en aucun cas l’intention de l’auteur. Il n’est donc pas possible de réfuter des accusations sous l’unique prétexte que l’agresseur ne considère pas en être un, ou qu’un collègue ne le considère pas comme tel. « Je suis à des années-lumières de ses accusations. », « ce n’est pas mon point de vue », dit-il.
De plus, tout en affirmant une « tolérance zéro » lors du lancement de la campagne contre le harcèlement, le recteur n’agit pas pour ce cas (et qualifie les dénonciations de « propos anonymes malveillants »). Cela, alors même que le vice-recteur « [reconnaît] une part d’erreur ». Mais où est-elle alors, cette « tolérance zéro » ?
Ouverture d’une enquête
Nous avons appris le jour suivant, par l’intermédiaire des médias, que le Rectorat avait envoyé un communiqué de presse en réponse à cet article pour faire part de l’ouverture d’une enquête à ce sujet. Mais quelle enquête ? Alors que le Rectorat réfute les accusations et protège son collègue, dans cet article ainsi que dans les précédents (cf. article de la Tribune de Genève du 18.11.2017), il prétend d’un coup être concerné par ces accusations et promet l’ouverture d’une enquête. Nous jugeons que ce ne sont que des paroles en l’air pour faire bonne figure.
Dans ce communiqué, il rappelle le récent lancement de la campagne et la fameuse « tolérance zéro ». HA ! HA ! HA ! Cela nous conforte dans l’impression que cette campagne sert à dorer la parure du Rectorat plus qu’à combattre le sexisme dans son établissement. La « tolérance zéro » si souvent rabâchée ne s’arrête pas aux portes du rectorat : les agresseurs qui y sont doivent être sanctionnés.
Mais à nouveau, il s’agit d’une réaction systématique face aux cas de harcèlement, que nous dénonçons fortement. Condamner le sexisme, c’est bien, protéger ses pairs, c’est mal.
De même, l’ouverture de cette enquête nous questionne. Le Rectorat n’était pas clair à ce sujet. Nous en attendons les résultats, mais nous soulignons et insistons sur le fait que cette enquête ne doit en aucun cas servir à trouver les personnes qui ont parlé dans la presse, mais bien à vérifier les accusations et sanctionner, voire licencier l’agresseur. Que cela soit clair, s’il s’avérait que les personnes harcelées ou témoins se faisaient inquiéter, mobber ou menacer, une réaction s’ensuivrait.
Pour rappel, le Rectorat (ou plutôt le Service Egalité...) a écrit une brochure « Gardons les yeux grands ouverts ! Harcèlement : informer, prévenir, se défendre ». À la page 39, le Recteur pourrait y trouver des bons conseils...Mais ne l’aurait-il même pas lue, cette brochure... ? En tout cas, il fait tout faux...
« Recevez et écoutez la personne. » : Le Recteur nie avoir reçu les personnes harcelées...
« Osez intervenir. » : Ce n’est qu’à la suite de trois articles concernant ce cas que le Recteur prétend intervenir...
« Ne soyez pas trop méfiant. » : Il déplore ces « accusations anonymes et malveillantes »...
Pas bravo... !
Rappelons-le : tout cela nous irrite au plus au point, croyez-nous M. Le Recteur... Nous attendons les suites de cette enquête et la suivrons avec la plus haute attention. Nous ne laisserons pas passer ces comportements et comptons bien vous le faire savoir. Il est temps que les harceleurs soient licenciés et les personnes harcelées protégées ! Nous, la tolérance zéro, on l’applique !