L’intro du zine :
"Ce petit zine est fabriqué par une dizaine de personnes psychiatrisées, étiquetées fous–folles au quotidien. Nous avons commencé à nous réunir parce que nous ressentions le besoin de nous entraider, nous soutenir et mettre en évidence par des actions, des discussions, des créations les différentes formes d’oppressions auxquelles nous sommes confrontées.
En non-mixité fous-folles, notre collectif essaie d’investir différents plans des questions psy, en allant de l’intime jusqu’à l’action politique.
Ce zine est notre travail, l’expression en images et en textes de nos réalités.
Au delà du zine, notre collectif a organisé des ateliers autour des enjeux suivants :
- Le soutien entre fous.folles,
- Le partage d’outils et d’expériences pour se frayer un chemin à travers le dédale administratif des institutions psy,
- La création d’un réseau d’entraide entre les gentes du collectif, en cas de crise ou de besoin de présence,
- Le partage de nos stratégies d’auto-soutien,
- La recherche de nouvelles pistes créatives et de façons de soutenir un.e proche fou.folle,
- Les actions et réactions face à des propos psychophobes ou capacitistes.
Parce que l’ « aide » des psychiatres, psychothérapeutes, ne nous suffit ni nous convient pas. Souvent inadéquate, souvent violente. La pression à se « normaliser », à rentrer dans des modes de vie et des rythmes acceptables par la politique des normes en place nous fait souffrir.
Nous avons besoin d’échanger « entre nous », d’exprimer ce que nous vivons et ressentons hors des cabinets des psys, de sortir de l’isolement et de la solitude des salles d’attentes.
Par nos expériences respectives nous sommes les plus à même de savoir ce qu’il nous faudrait, d’ imaginer et de créer des possibles.
Le capacitisme est une oppression systémique subie par les personnes concernées par la santé mentale, et/ou vivant avec ce que la norme appelle un « handicap ».
Le refus de reconnaître la notion politique de valide/invalide et capable/incapable (physique, social, mental ou émotionnel) cautionne l’invisibilsation des fou.folles parce qu’il y aurait toujours quelqu’un.e pour dire que « personne n’est vraiment valide ou invalide ni sain d’esprit, tout le monde a des difficultés, du coup à quoi bon en faire un truc à part » ou que « c’est mieux de se battre contre des institutions plutôt que pour ses propres problèmes »*. D’une pierre deux coups, ou comment entretenir une hiérarchisation des luttes et exclure toutes les personnes s’identifiant fou.folles et qui tentent de faire entendre leurs voix. Pourtant, le validisme/capacitisme et la psychophobie sont des oppressions systémiques, à l’extérieur et à l’intérieur des milieux militants et puis, l’intime est politique, ça fait du bien de se le rappeler.
Souvent, le principal défaut de l’antipsychiatrie est de déplacer le curseur politique sur l’institution et non plus sur les personnes concernées qui sont les seul.es à réellement pouvoir se positionner sur les questions liées à la psychiatrie et ses usages.
L’alter-psychiatrie serait donc une position esquissée à mi-chemin entre l’anti-psychiatrie et l’utilisation subie, choisie ou nécessaire du système psychiatrique.
Oui, certain.es d’entre nous prennent des médocs, certain.es connaissent les hospitalisations subies ou choisies, certain.es voient des psychiatres. Nous articulons nos luttes depuis cette position complexe où nous avons besoin, faute d’alternatives, d’un système psy contre lequel nous nous battons, parce que survivre nous permet d’amener une critique sur ces oppressions.
Faites attention à vous en lisant ce zine, plusieurs textes évoquent sans détours les souffrances psy et la psychophobie.
Le collectif Fou.Fol&… collectif.fou.fol@riseup.net