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C’est quoi BDS ?

Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) est un mouvement mené par les Palestinien·ne·s pour la liberté, la justice et l’égalité. BDS défend le principe simple selon lequel les Palestinien·ne·s ont les mêmes droits que le reste de l’humanité.

Palestine |

Un important consensus au sein de la société civile palestinienne quant à la nécessité d’une campagne large et soutenue pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions a abouti à l’Appel palestinien pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) contre Israël.

Cet appel a été lancé en 2005 par 170 (aujourd’hui 250) organisations palestiniennes, dont des syndicats palestiniens, des réseaux de réfugié·e·s, des organisations de femmes, des associations professionnelles, des comités de résistance populaire et d’autres organismes de la société civile palestinienne. C’est la plus large coalition palestinienne.

Le mouvement BDS est né après la 2e Intifada. Son appel a réussi à réunir le peuple palestinien fragmenté. En effet, sont signataires de l’appel BDS des représentants des trois principales composantes du peuple palestinien : les réfugié·e·s en exil, les Palestinien·ne·s sous occupation en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et les citoyen·ne·s palestinien-ne·s discriminé-e·s de l’État israélien.

BDS est aujourd’hui un mouvement mondial dynamique composé de syndicats, d’associations universitaires, d’églises et de mouvements de base dans le monde entier. Depuis son lancement en 2005, BDS a un impact majeur et remet effectivement en question le soutien international à l’apartheid israélien et au colonialisme de peuplement. Une des récentes victoires du mouvement est la fin du partenariat entre PUMA et l’équipe nationale israélienne de football.

Qu’est-ce que le boycott, le désinvestissement et les sanctions ?

Le BOYCOTT consiste à retirer son soutien au régime d’apartheid israélien, aux institutions sportives, culturelles et universitaires israéliennes complices, ainsi qu’à toutes les entreprises israéliennes et internationales impliquées dans des violations des droits de l’homme des Palestiniens.

Les campagnes de désinvestissement invitent les banques, les conseils locaux, les églises, les fonds de pension et les universités à retirer leurs investissements de l’État d’Israël et de toutes les entreprises israéliennes et internationales qui soutiennent l’apartheid israélien.

Les campagnes de SANCTIONS font pression sur les gouvernements pour qu’ils remplissent leurs obligations légales de mettre fin à l’apartheid israélien et de ne pas aider ou assister son maintien, en interdisant le commerce avec les colonies israéliennes illégales, en mettant fin au commerce militaire et aux accords de libre-échange, ainsi qu’en suspendant l’adhésion d’Israël à des forums internationaux tels que les organes de l’ONU et la FIFA.

Contexte

Israël occupe et colonise les terres palestiniennes, discrimine les citoyen·ne·s palestinien·ne·s d’Israël et refuse aux réfugié·e·s palestinien·ne·s le droit de rentrer chez eux. Inspiré par le mouvement anti-apartheid sud-africain, l’appel BDS invite à faire pression sur Israël pour qu’il se conforme au droit international.

Depuis plus de 70 ans, Israël prive les Palestinien·ne·s de leurs droits fondamentaux et refuse de se conformer au droit international. Israël maintient un régime de colonialisme de peuplement, d’apartheid et d’occupation sur le peuple palestinien. Cela n’est possible que grâce au soutien international. Les gouvernements ne demandent pas à Israël de rendre des comptes, tandis que les entreprises et les institutions du monde entier l’aident à opprimer les Palestinien·ne·s.

Une coordination par les Palestinien·ne·s

Les efforts de coordination de la campagne BDS ont abouti à la première conférence palestinienne BDS qui s’est tenue à Ramallah en novembre 2007. Cette conférence a donné naissance au Comité national BDS (BNC), organe palestinien de coordination de la campagne BDS dans le monde entier.

Le Comité national palestinien BDS est la plus large coalition de la société civile palestinienne qui s’efforce de diriger et de soutenir le mouvement BDS pour les droits des Palestinien·ne·s. Le mandat et le rôle du BNC sont les suivants :

• Renforcer et diffuser la culture du boycott en tant que forme centrale de la résistance civile à l’occupation israélienne, au colonialisme et à l’apartheid.

• Formuler des stratégies et des programmes d’action conformément à l’appel BDS de la société civile palestinienne du 9 juillet 2005.

• Servir de point de référence palestinien pour les campagnes BDS dans la région et dans le monde.

• Servir de point de référence national pour les campagnes anti-normalisation en Palestine.

• Faciliter la coordination et fournir soutien et encouragement aux différents efforts de la campagne BDS dans tous les lieux.

La BNC dispose de bureaux dans différentes parties de la Palestine, d’une petite équipe répartie dans cinq pays et d’un réseau de partenaires internationaux.

Le mouvement BDS existe aujourd’hui au niveau mondial et est présent sur chaque continent. Les activistes du mouvement portent les voix palestiniennes et suivent les directives, les consignes et les campagnes élaborés par les Palestinien·ne·s eux mêmes. Il n’est pas question de se supplanter aux concerné·e·s, ni de parler ou de décider à leur place.

Stratégies et tactiques

Inspiré par le mouvement anti-apartheid sud-africain, l’appel palestinien au BDS préconise une pression non-violente sur Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international en répondant à trois exigences :

1. Mettre fin à l’occupation et à la colonisation de toutes les terres arabes et démanteler le mur.

Le droit international reconnaît la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, Gaza et le plateau du Golan syrien comme étant occupés par Israël. Dans le cadre de son occupation militaire, Israël vole des terres et force les Palestinien·ne·s à vivre dans des ghettos, entourés de postes de contrôle, de colonies, de miradors et d’un mur d’apartheid illégal. Israël a imposé un siège médiéval à Gaza, la transformant en la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Israël mène aussi régulièrement des assauts à grande échelle sur Gaza, qui sont largement condamnés comme constituant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

2. Reconnaître les droits fondamentaux des citoyen·ne·s arabo-palestinien·ne·s d’Israël à la pleine égalité.

Un cinquième des citoyen·ne·s d’Israël sont des Palestinien·ne·s qui sont resté·e·s à l’intérieur des lignes d’armistice après 1948. Ils sont soumis à un système de discrimination raciale inscrit dans plus de 50 lois qui ont un impact sur tous les aspects de leur vie. Le gouvernement israélien continue de déplacer par la force les communautés palestiniennes d’Israël de leurs terres. Les dirigeants israéliens incitent régulièrement et ouvertement à la violence raciale à leur encontre.

3. Respecter, protéger et promouvoir les droits des réfugiés palestinien·ne·s à retourner dans leurs foyers et leurs propriétés, comme le stipule la résolution 194 des Nations unies.

Depuis sa création violente en 1948 par le nettoyage ethnique de plus de la moitié du peuple autochtone de Palestine, Israël a entrepris de contrôler autant de terres et de déraciner autant de Palestinien·ne·s qu’il le pouvait. À la suite de ces déplacements forcés systématiques, on compte aujourd’hui plus de 7,25 millions de réfugié·e·s Palestinien·ne·s. Ils se voient refuser le droit de rentrer chez eux pour la simple raison qu’ils ne sont pas juifs.

BDS est un mouvement de défense des droits humains, basé sur le droit international, anti-impérialiste, décolonial, intersectionnel et antiraciste qui s’oppose par principe à toutes les formes de discrimination, y compris l’antisémitisme et l’islamophobie.

BDS vise à mettre fin au soutien international aux violations israéliennes du droit international en obligeant les entreprises, les institutions et les gouvernements à modifier leur politique. Au fur et à mesure que les entreprises et les institutions israéliennes seront isolées, Israël aura plus de mal à opprimer les Palestinien·ne·s.

Contrairement à ce que dit la propagande israélienne, BDS ne cible pas des individus ou des identités, mais des institutions et des complicités. Chaque appel au boycott doit remplir des critères éthiques et doit être ciblé et stratégique.

Les campagnes BDS sensibilisent également à la manière dont Israël opprime le peuple palestinien.

La croissance et le succès du mouvement BDS envoient un message clair aux Palestinien·ne·s et aux gouvernements du monde : les populations du monde entier sont de moins en moins disposées à accepter l’oppression des Palestinien·ne·s par Israël.

BDS Suisse

BDS Suisse existe depuis 2010 et a travaillé principalement sur trois axes :

Le boycott consommateur : Boycott de tous les produits en provenance d’Israël jusqu’à ce qu’Israël respecte le droit international et reconnaisse les droits légitimes du peuple palestinien.

Le boycott culturel : Lancée en 2004 par un groupe d’intellectuels et d’universitaires Palestinien·ne·s, la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI) articule ses activités autour de deux piliers. Premièrement, elle appelle les artistes étrangers à s’abstenir de participer à des événements financés par le gouvernement israélien. Deuxièmement, elle tente de convaincre les organisat.eur.rice.s d’événements culturels d’éviter les productions qui contribuent à normaliser l’image du régime israélien ou qui reçoivent un soutien financier ou logistique du ministère israélien des Affaires étrangères.

Embargo Militaire : L’industrie militaire et de sécurité est l’un des piliers de l’Etat israélien qui s’est construit sur les bases du colonialisme et de l’apartheid. La coopération militaire avec Israël est l’une des principales formes de complicité internationale avec les violations du droit international. En 2019, Israël est devenu le 8e plus grand exportateur d’armes au monde et il est également le premier exportateur de drones. Les fleurons des entreprises d’armement, ELBIT et Israel Aerospace Industries, ont accumulé d’énormes profits car ils ont pu utiliser Gaza et la Cisjordanie comme leur "laboratoire".

L’armée et les autorités suisses sont également très intéressées par l’industrie israélienne de l’armement et de la sécurité, comme le montrent les relations étroites entre les armées des deux pays et les contrats avec le fabricant d’armes israélien ELBIT Systems.

Ces dernières années BDS Suisse a commencé à travailler et à collaborer sur des nouvelles campagnes :

Technologies d’apartheid : cyber surveillance, logiciels espions, reconnaissance faciale, etc…

Les Technologies d’apartheid sont des armes développées par l’armée, les entreprises et les universités israéliennes. Ces armes de contrôle, d’espionnage et de surveillance ont été testées sur la population palestinienne et sont utilisées quotidiennement en Israël et dans le Territoire occupé.

Ces technologies sont ensuite vendues à des régimes autoritaires tout comme à des démocraties libérales. Les technologies militaires et de sécurité qui ont servi à maintenir le système israélien de colonialisme de peuplement, d’apartheid et d’occupation sont exportées et utilisées pour traquer les migrants et les homosexuels et les personnes trans, espionner les journalistes, surveiller l’opposition et les défenseurs de droits humains.

La campagne Apartheid Free Zone (AFZ)
La campagne Apartheid Free Zone est inspirée par la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Elle vise à favoriser la création d’espaces libres de l’apartheid israélien.

En tant que citoyen·ne·s et personnes de conscience, c’est une manière de s’assurer que les espaces, les collectifs et les organisations auxquels nous participons et dans lesquelles nous évoluons ne contribuent pas au maintien d’un régime d’apartheid et ne tirent pas profit de graves violations des droits de l’homme.

La campagne AFZ a été lancée officiellement en Suisse au mois de mars 2021 à Genève. La campagne a bientôt 100 AFZ entre Genève, Lausanne, Fribourg et Neuchâtel.

Il y des cinémas, des associations paysannes, culturelles et sportives, des organisations, antiracistes, latino-américaines, antimilitaristes, écologiques, de soutien aux migrant·e·s, internationales, humanitaires, féministes, LGBTQI+, des syndicats de travailleur·eusse·s et d’étudiant·e·s…toutes ces organisations et espaces permettent de rendre visible l’apartheid israélien. Les Palestinien·ne·s et le mouvement BDS dénoncent ce régime d’apartheid depuis des décennies. Ce n’est que récemment que des grandes organisations des droits humains israéliennes et internationales (B’Tselem, Human Righs Watch, Amnesty International) ont confirmé que la population palestinienne subit des politiques d’apartheid de la part de l’Etat israélien.

Les campagnes de boycott « ciblés » contre des grandes marques ou des multinationales qui tirent profit de l’apartheid israélien

Le mouvement BDS appelle au boycott des entreprises internationales complices du génocide israélien à Gaza, de l’apartheid et d’autres violations des droits des Palestinien·ne·s.

BDS salue tous les boycotts d’entreprises complices de l’apartheid israélien. Cependant, BDS Suisse vous invite spécifiquement à suivre et à d’amplifier l’appel au boycott de PUMA*, AXA** et HP***.

Pratiquement toutes les entreprises israéliennes sont complices, à un degré ou à un autre, du système d’occupation et d’apartheid d’Israël. Nous concentrons nos boycotts sur un PETIT NOMBRE d’entreprises et de produits pour un IMPACT MAXIMUM

Contraindre d’énormes entreprises complices, par le biais de campagnes de boycott et de désinvestissement stratégiques et adaptées au contexte, à mettre fin à leur complicité dans l’apartheid israélien et les crimes de guerre contre les Palestinien·ne·s envoie un message très puissant à des centaines d’autres entreprises complices : « votre heure viendra, alors sortez avant qu’il ne soit trop tard ! ».

La plupart des listes d’une longueur prohibitive qui deviennent virales sur les réseaux sociaux font exactement le contraire de cette approche stratégique et percutante. Ils comprennent des centaines d’entreprises, dont beaucoup ne disposent pas de preuves crédibles de leur lien avec le régime israélien d’oppression des Palestinien·ne·s, ce qui
les rend inefficaces.

*PUMA : Le fabricant mondial de vêtements de sport Puma est impliqué dans des violations du droit international et des droits de l’homme. Puma est le principal sponsor de l’Association israélienne de football (IFA), qui compte des équipes dans les colonies illégales d’Israël sur les terres palestiniennes occupées.

**AXA : AXA est actionnaire de deux banques israéliennes : Bank Leumi (5 millions de dollars américains) et Israel Discount Bank (1,2 million de dollars américains).

***HP : Les entreprises de la marque HP jouent un rôle clé dans l’oppression des Palestinien.ne.s par Israël. Elles fournissent du matériel informatique à l’armée israélienne et entretiennent des centres de données grâce à leurs serveurs pour la police israélienne. Ils fournissent les serveurs Itanium qui font fonctionner le système Aviv, la base de données informatisée de l’Autorité israélienne de la population et de l’immigration. Cela constitue l’épine dorsale de la ségrégation raciale et de l’apartheid d’Israël.

Attaques contre BDS

Face aux campagnes et aux victoires de BDS, le régime israélien a dépensé des millions pour contrer le mouvement et a opté pour deux options :

1. La Hasbara (littéralement en hébreu « explication »), est un ensemble de stratégies de communication et de propagande de l’État d’Israël à destination de l’étranger.

2. La criminalisation de BDS. Bien que non-violent, antiraciste et ayant de nombreux membres juifs et juives, le mouvement BDS fait face à des accusations calomnieuses d’antisémitisme. Israël et ses soutiens instrumentalisent la lutte contre l’antisémitisme pour s’attaquer à la solidarité avec le peuple palestinien. Leur but est d’assimiler l’antisionisme et toute critique légitime de l’État d’Israël à de l’antisémitisme.

Une autre forme de criminalisation consiste à associer BDS à des organisations en lien avec la lutte armée afin de décrédibiliser et de criminaliser par richochet le mouvement.

Toutes ces attaques et ces mensonges ont pour but de mettre le mouvement sur la défensive afin de l’empêcher de réaliser les objectifs de ses campagnes.

BDS, la lutte continue !

Face au génocide en cours à Gaza, le mouvement BDS n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui. La lutte paye et les victoires d’étapes du mouvement BDS ne sont que les prémisses. Face à l’apartheid, à l’occupation et au génocide, le mouvement BDS continuera à exiger la justice, l’égalité et la liberté pour le peuple palestinien. Pour une Palestine libre de notre vivant, on ne lâche rien !

« Je ne désire rien de plus que voir la fin de toute violence en Palestine et partout ailleurs, et c’est précisément pourquoi je m’engage à lutter contre les causes profondes de la violence : l’oppression et l’injustice. » Omar Barghouti, co-fondateur du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS)

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