Les travailleurs/euses de Smood et Simple Pay ont mené une mobilisation courageuse durant des semaines. Enfermé.e.s dans la conciliation décrétée par l’Etat de Genève, les salarié.e.s ont dû renoncer à la lutte ouverte. Maintenant la répression patronale s’abat sur elles et eux avec trois licenciements à effet immédiat et un accès restreint au travail pour les autres. Les revendications n’ont pas abouti. La précarisation se maintient et s’affirme ainsi.
Il faut saluer la détermination des grévistes et l’engagement d’un certain nombre de secrétaires syndicaux d’UNIA qui ont appuyé cette lutte. Mais cela n’a pas suffi.
Il y a dans la Grève exemplaire des travailleurs/euses de Smood et Simple Pay une lutte fondamentalement juste mais un rapport de forces insuffisant. Il faut saluer la détermination des grévistes et l’engagement d’un certain nombre de secrétaires syndicaux d’UNIA qui ont appuyé cette lutte. Mais cela n’a pas suffi.
L’appareil central d’UNIA qui détenait les fonds de grève a arrêté le mouvement et accepté l’assignation à la conciliation. Ceci soulève un problème très important, décisif. Une grève ne se maintient et ne se règle pas grâce aux grosses caisses, à l’argent qui permet de payer les secours de grève. Quand un appareil dispose souverainement de ces moyens, il pense pouvoir déterminer discrétionnairement quand il y a lutte, quand elle commence, quand elle finit et par quoi elle finit. Chacun.e sait que les appareils n’aiment pas les luttes longues qui coûtent cher à leur fortune. Mais surtout qui montrent qu’il y a autre chose de possible que la paix du travail absolue.
Chacun.e sait que les appareils n’aiment pas les luttes longues qui coûtent cher à leur fortune. Mais surtout qui montrent qu’il y a autre chose de possible que la paix du travail absolue.
La Grève est un mouvement profond de mobilisation. Elle s’inscrit dans un faisceau de résistance qui matérialise un rapport de forces. La question centrale est celle de la puissance des travailleurs/euses mobilisé.e.s et non pas simplement celle des secours de grève à disposition.
Une grève peut être gagnée ou perdue. Le rapport de forces peut nous être défavorable malgré une lutte décidée. Mais perdre parce que nous ne nous sommes pas donné les moyens de gagner détermine une défaite aux plus lourdes conséquences. Ceci vaut pour toutes les pratiques et les formes d’organisation syndicale. Pour le syndicalisme de base aussi, naturellement.
De surcroît, derrière le mouvement des Smood et des Simple Pay se tiennent les intérêts des appareils syndicaux centraux à contrôler le terrain des CCT, les conditions de leur extension et l’argent des contributions professionnelles. Tout cela, avec le pouvoir social, économique et politique que cela procure, c’est ce qui intéresse au premier chef les appareils bureaucratiques. Ceux-ci veillent à leurs intérêts propres et à leur rente de situation, profondément différents des revendications, des demandes, des aspirations et des intérêts des travailleurs et travailleuses.
De surcroît, derrière le mouvement des Smood et des Simple Pay se tiennent les intérêts des appareils syndicaux centraux à contrôler le terrain des CCT, les conditions de leur extension et l’argent des contributions professionnelles.
La lutte des Smood et Simple Pay n’échappe pas à ces contradictions. Il est du domaine public que Syndicom a négocié, sans base adhérente, et continue de la faire, une CCT qui ne repose pas sur un rapport de forces et ne peut donc pas déterminer des avancées majeures pour les salarié.e.s. Il faut souligner encore que la très mauvaise CCT du travail temporaire, avec ses contributions professionnelles iniques, marque sans doute les négociations en cours. Presque aussi mauvaise que la CCT du travail temporaire, la CCNT de l’hôtellerie et de la restauration est maintenant invoquée par l’appareil central d’UNIA pour se maintenir à tout prix dans le jeu du dialogue social. Bien entendu, Syndicom est absent de cette convention.
Les luttes, les mobilisations et les grèves ont besoin de pouvoir s’appuyer sur des organisations syndicales qui se caractérisent par une stratégie de lutte et de construction du rapport de forces et non par la prééminence à tout prix de la paix du travail.
Démocratiser les negotiations de CCT
Dans cette dynamique, il faut avancer pour démocratiser profondément la négociation, la conclusion et l’extension des CCT. Les travailleurs/euses doivent pouvoir débattre et décider sur les accords collectifs. Les contributions professionnelles doivent disparaître. C’est aux patrons d’assumer les coûts de gestion des accords collectifs et cet élément-là doit figurer comme un objectif important des négociations menées.
Les CCT doivent être l’occasion d’une progression de la démocratie sociale. L’amélioration des salaires, des conditions de travail ainsi que des droits démocratiques et syndicaux doivent marquer tout accord collectif.
La cause des travailleurs et des travailleuses de Smood et Simple Pay, leurs revendications, leurs actions font partie de la lutte de tout le salariat. Nos combats ont des hauts et des bas, il s’agit de les assumer et de continuer sans cesse.
Marceau & Johnny