Je suis la sœur d’un homme qui a également perdu la vie sous les balles de la police. Ma voix tremble et mon cœur est lourd tandis que j’écris ces lignes. Ce n’est pas facile pour moi, mais je le fais parce que c’est nécessaire.
Il y a quelques années, mon frère bien-aimé a été abattu par des policiers. Lorsque j’ai appris la nouvelle de sa mort, mon monde s’est effondré. Depuis, rien n’est plus comme avant. Même si le temps a passé, j’ai l’impression que c’était hier. La douleur et le chagrin m’accompagnent chaque jour.
Mon frère n’était pas un criminel. C’était un être aimant, quelqu’un qui avait des espoirs et des rêves. Il avait des défauts, comme nous tous, mais rien, absolument rien, ne justifiait qu’on le tue. Les policiers lui ont pris la vie et nous, sa famille, sommes restés là, sous le choc. Je me demande encore aujourd’hui : pourquoi a-t-il dû mourir ? Comment cela a-t-il pu arriver ? S’il avait été blanc, il serait encore en vie !
Quand j’ai entendu parler de l’incident aux Pâquis, tous ces sentiments ont refait surface. Mes pensées vont à la famille de cet homme. Je sais exactement ce qu’ils traversent en ce moment. Leur vie ne sera plus jamais la même. Je voudrais dire à la famille : vous n’êtes pas seuls dans votre douleur, nous pleurons avec vous et nous sommes à vos côtés.
Malheureusement, cet incident tragique n’est pas un cas isolé. Je ne suis pas la seule sœur à pleurer son frère. Trop de familles dans ce pays ont vécu des expériences similaires. Trop de noms figurent sur les veillées et les affiches commémoratives – les noms de personnes qui ont perdu la vie à cause de la violence policière.
Combien de frères, de fils, de pères devront encore mourir avant que les choses changent ? Combien devront encore pleurer sur des tombes ?
Ça suffit ! Cela doit enfin cesser.
Nous exigeons justice. Nous exigeons une enquête approfondie et des conséquences réelles. Aucun tir de la police ne doit rester impuni. La police doit assumer ses responsabilités ! Il est inacceptable que les préjugés ou la violence disproportionnée aient régulièrement des conséquences mortelles.
Je transforme mon chagrin en force et ma douleur en une exigence de changement. Car aucune autre famille ne doit vivre ce que nous avons vécu.
Je suis là pour tous ceux qui ont perdu la vie à cause de la violence policière. Vous n’êtes pas oubliés. Nous prononcerons vos noms, nous nous souviendrons de vous et nous nous battrons pour que les choses changent enfin.
Il n’y a encore aucun espoir. Mais ensemble, nous sommes forts.
Salutations de la sœur de Nzoy.