Une guerre inter-impérialiste
Cette guerre est selon nous une guerre inter-impérialiste. D’un côté, se trouve la Russie qui est dirigée par Poutine et une clique d’oligarques. Depuis longtemps, ce gouvernement tente de reconstruire un mythe national en mélangeant des références au tsarisme et à l’URSS. La classe dirigeante russe rêve de voir renaître une grande Russie puissante et influente. Elle réprime tous les mouvements progressistes et elle cherche à remettre sous son giron toutes les nations qui ont fait partie de l’URSS. Pour cela, elle n’hésite pas à soutenir des tyrans tels que Kadirov en Tchétchénie ou affirmer que l’identité ukrainienne n’existe pas. Identité qui était pourtant reconnue au sein de l’URSS où la République Socialiste Soviétique d’Ukraine disposait d’une autonomie linguistique et culturelle reconnue.
La classe capitaliste russe envoie donc son peuple faire la guerre afin d'étendre son pouvoir. Des dizaines de milliers de russes trop pauvres pour éviter le service militaire obligatoire partent mener une guerre dont ils ne veulent pas.
Le principal intérêt du gouvernement russe est le développement de son capital, le contrôle sur les matières premières et leurs voies de distribution. Nous savons que l’Ukraine est un territoire crucial pour la production et la distribution de gaz et du pétrole. L’est du pays est aussi riche en ressources minières. La classe capitaliste russe envoie donc son peuple faire la guerre afin d’étendre son pouvoir. Des dizaines de milliers de russes trop pauvres pour éviter le service militaire obligatoire partent mener une guerre dont ils ne veulent pas. A Moscou, St Pétersbourg ou Novgorod, la population est réprimée alors qu’elle descend dans les rues pour crier haut et fort son refus de mourir pour les intérêts de Poutine.
Depuis 2014, l’ultranationalisme Ukrainien n’a fait que de s’intensifier. Des groupes tels que Svoboda, Parvyi Sektor ou encore le régiment Azov ont pu s’organiser et s’armer avec la complicité du gouvernement.
Face à la Russie, se trouve l’Ukraine et son gouvernement bourgeois aux bottes de l’OTAN. Un gouvernement mis en place après les événements de Maiden. Le président précédent pourtant élu « de manière transparente et honnête » selon l’OSCE avait été renversé après 3 mois de soulèvement. Les décisions de ne pas signer d’accord avec l’Union européenne et l’OTAN, mais de reprendre la dialogue avec Moscou avait déclenché des grandes manifestations dans l’ouest et le centre du pays. Les manifestations se sont très vite transformées en affrontement. Lors de ceux-ci, divers groupes ultra-nationalistes et nazi ont réussi à se positionner stratégiquement et à gagner en influence. Depuis 2014, l’ultranationalisme Ukrainien n’a fait que de s’intensifier. Des groupes tels que Svoboda, Parvyi Sektor ou encore le régiment Azov ont pu s’organiser et s’armer avec la complicité du gouvernement. Pire encore, certains de ces groupes ont été intégré à la garde nationale qui est, elle-même, entraînée par les forces de l’OTAN. Des militants d’extrême droite du monde entier soutiennent et participent à ces milices. Cette montée du nationalisme ukrainien entraîne un rejet toujours plus fort et parfois violent des communautés russophones de l’est de l’Ukraine. Les attaques contre les organisations et militant.e.s de gauche ont aussi explosés.
Le peuple ukrainien se retrouve donc piégé dans une guerre terrible, envahi par les forces impérialistes russes. Pendant ce temps, son gouvernement ne pense qu’aux intérêts de ses propres oligarques, qui sont alliés aux capitalistes occidentaux. Pour exemple, le fils du président américain Biden est au directoire de Burisma, l’une des plus grandes sociétés pétrolière et gazière d’Ukraine.
L’OTAN n’est pas une alliance défensive
L’invasion lancée par la Russie ne doit pas pour autant nous faire oublier le rôle réel de l’OTAN. Les médias occidentaux propagent depuis le début du conflit l’idée que l’OTAN est une alliance défensive voir de maintien de la paix. Ce discours est totalement faux. Les interventions qu’elle a faites dans le passé nous montrent qu’elle n’est que le bras armé du capitalisme occidental.
L’Irak a été envahie avec son soutien sous l’accusation fallacieuse de posséder des armes de destructions massives. Elle est responsable du chaos des vingt dernières années en Afghanistan et porte une grande responsabilité dans celui qu’a été l’explosion de l’ex Yougoslavie.
Partout, sous couvert d’amener la « démocratie » l’OTAN et les puissances qui y participent imposent un modèle politique, économique, libéral et occidental.
Partout, sous couvert d’amener la « démocratie » l’OTAN et les puissances qui y participent imposent un modèle politique, économique, libéral et occidental. Nous avons pu le voir dans différents pays de l’Europe de l’Est mais aussi ailleurs dans le monde. En développant des bases militaires dans l’est de l’Europe, mais aussi en Asie centrale, au Moyen-Orient ou encore en Corée du Sud et au Japon, l’OTAN crée un encerclement de la Russie et de la Chine qui ne peut que déboucher sur des conflits.
Pour un pacifisme révolutionnaire
Ici, tout le monde parle du début d’une troisième guerre mondiale, mais cela est aussi faux. Il ne s’agit que du prolongement de celle-ci. Elle a déjà commencé depuis trop longtemps en Syrie ou les mêmes contradictions inter-impérialistes se retrouvent et les mêmes forces militaires s’affrontent. Dans cette guerre qui semble s’envenimer et maintenant toucher l’Europe il nous semble important de nous replonger dans l’histoire du mouvement révolutionnaire. En 1915, alors que la première guerre mondiale faisait rage une conférence internationale a eu lieu à Zimmerwald en Suisse. Des socialistes révolutionnaires de toute l’Europe se sont réunis pour discuter de la position à prendre sur la guerre. A cette période, une grande partie du mouvement socialiste était tombé dans le piège des nationalismes et avait pris position pour l’un ou l’autre des camps. À la fin de cette rencontre une déclaration commune fut publiée. Elle rejetait l’idée de choisir un camp car d’un côté comme de l’autres se sont les classes travailleuses qui se battent et qui souffrent pour l’intérêt des puissants. Au contraire, il fallait créer une union internationale contre la guerre et contre les capitalistes. Dans chaque pays les révolutionnaires devaient combattre leur bourgeoisie a qui profite des guerres.
Aujourd’hui plus que jamais cet appel semble résonner :
« Depuis que la guerre est déchaînée, vous avez mis toutes vos forces, tout votre courage, toute votre endurance au service des classes possédantes, pour vous entretuer les uns les autres. Aujourd’hui, il faut, restant sur le terrain de la lutte de classe irréductible, agir pour votre propre cause, pour le but sacré du socialisme, pour l’émancipation des peuples opprimés et des classes asservies.
C’est le devoir et la tâche des socialistes des pays belligérants d’entreprendre cette lutte avec toute leur énergie. C’est le devoir et la tâche des socialistes des pays neutres d’aider leurs frères, par tous les moyens, dans cette lutte contre la barbarie sanguinaire.
Jamais, dans l’histoire du monde, il n’y eut tâche plus urgente, plus élevée, plus noble ; son accomplissement doit être notre œuvre commune. Aucun sacrifice n’est trop grand, aucun fardeau trop lourd pour atteindre ce but : le rétablissement de la paix entre les peuples.
Ouvriers et ouvrières, mères et pères, veuves et orphelins, blessés et mutilés, à vous tous qui souffrez de la guerre et par la guerre, nous vous crions : Par‑dessus les frontières par‑dessus les champs de bataille, par‑dessus les campagnes et les villes dévastées : Prolétaires de tous les pays, unissez‑vous ! »
Notre rôle n’est donc pas de choisir un camp si ce n’est celui des exploités et de l’auto-détermination des peuples. Nous devons construire une solidarité de classe avec les peuples d’Ukraine et de Russie qui sont plongés malgré eux dans cette guerre. Nous devons soutenir les révolutionnaires ukrainiens qui luttent contre l’invasion et les révolutionnaires russes qui dénoncent cette guerre.
Il est aussi de notre responsabilité d’agir ici contre les intérêts de la bourgeoisie qui profite de ce conflit. La Suisse, grande alliée de l’OTAN, a choisi son camp. Les Etats-Unis, l’Allemagne et le Danemark sont les plus grands acheteurs de matériel de guerre suisse ces dernières années. Nous devons donc faire de la bourgeoisie suisse et l’OTAN nos cibles principales.
Ni Poutine, ni OTAN !
Pas de guerre entre les peuples !
Pas de paix entre les classes !
Cercle Barbara Kistler
Genève, 01.03.22