Un peu d’histoire...
L’UDC naît en 1971 de la fusion du PAB (Parti des paysans, artisans et indépendants) et de deux branches du Parti Démocratique. D’abord “centriste” conservateur, le parti prend un sérieux virage à droite à la fin des années 70 sous l’influence de son aile zurichoise, dirigée par Christoph Blocher. L’UDC gagne fortement en popularité lorsqu’il s’oppose par voie de référendum à l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen en 1992. Il se pose depuis en grand défenseur de l’exception Suisse, dernier ilôt paisible coincé au milieu d’une Europe à la dérive. Ce fantasme est la toile de fond sur laquelle se déploient l’idéologie et l’activité du parti. Dans les textes qui suivent nous tentons de démontrer qu’il ne s’agit pas pour l’UDC de construire un pays où il fait bon vivre pour celles et ceux qui y résident mais d’exclure les un.es pour mieux contrôler les autres. Cet exercice demande finalement assez peu d’effort puisque l’UDC peine à cacher qu’il est bien loin du centre, loin loin à droite, du côté de l’économie du profit à tout prix, du nationalisme et de la misogynie façon tradition.
UDC - Parti du Capital
L’UDC se présente comme un parti protecteur alors qu’il s’agit de l’un des partis de l’offensive bourgeoise et conservatrice. Défendant l’égoïsme et le darwinisme social, le parti ne fait qu’attaquer les conditions de vie des classes populaires en défendant à tout prix les profits et le capital. Et ce, tout au long de la vie.
Enfance
L’offensive du parti commence dès le plus jeune âge. En 2013, l’UDC proposait une initiative ciblant les enfants placés en crèche. Nommée de façon trompeuse “pour les familles”, l’initiative était une attaque contre tous les parents qui travaillent et ne peuvent pas garder elleux-même leurs enfants à la maison [1]. L’initiative prévoyait d’une part de réduire drastiquement la déduction sur l’impôt aux parents qui placent leurs enfants en crèche, d’autre part d’augmenter les déductions fiscales aux bourgeois qui peuvent se permettre de garder leurs enfants chez elleux. La même année, l’UDC et la coalition de droite faisaient passer en force une loi qui augmentait le nombre d’enfants en crèche pour le même nombre d’éducateurices, tout en réduisant la quantité du personnel qualifié par établissement [2]. La question de la petite enfance n’est pas pour l’UDC relative à l’éducation ni un enjeu d’avenir ; c’est une question de société comme une autre, c’est-à-dire où l’on peut attaquer les plus démuni.exs en favorisant les plus privilégié.exs, en gérant les crèches comme des entreprises.
Etudes
L’UDC défend une vision archaïque et dépassée de la scolarité obligatoire, refusant les améliorations proposées à coup d’arguments conservateurs. En 2011, le parti entrait en campagne contre l’école publique “soixant-huitarde” et “gauchisante”, en s’offusquant du rôle éducationnel de celle-ci au détriment des parents [3]. Quelques années auparavant, l’UDC s’opposait déjà au projet d’uniformisation national de l’enseignement publique (HarmoS), avec le même argument sur la centralité des parents dans l’éducation des enfants, tout en combattant par la même occasion le “multiculturalisme” de l’école publique [4]. Ces 2 offensives montrent bien la vision qu’à l’UDC de la famille. Conservatrice, c’est les parents qui éduquent les enfants un point c’est tout, l’éducation publique ne doit en rien s’immiscer dans la famille nucléaire. Bourgeoise, elle peut s’occuper elle-même de ses enfants puisque les parents n’ont pas besoin de (trop) travailler.
Les offensives réactionnaires de l’UDC ont aussi lieu en marge du processus scolaire en lui-même.
En 2012, le parti conservateur attaquait les Hautes écoles en martelant que les professeur.exs n’ont pas besoin de diplôme universitaire ou HES - ni même de maturité - pour enseigner, mais qu’un apprentissage suffirait [5]. Cette position reflète un rejet des études supérieures de façade, commun dans les groupes d’extrême-droite, alors qu’une écrasante majorité des élus UDC ont suivi des cursus universitaires.
En 2015, l’UDC Valais attaquait directement les femmes musulmanes en voulant interdire le port du voile à l’école [6]. En septembre dernier, durant la triste saga du “T-shirt de la honte” au cycle de Pinchat, l’UDC Genève a illustré son conservatisme et son anti-féminisme en rejetant une motion parlementaire demandant un débat de fond sur des pratiques humilitantes pour les élèves tout en exhortant la Conseillère d’Etat en charge de l’instruction publique de “rétablir l’ordre et la discipline” dans les cycles et collèges [7].
L’UDC a fait de l’école un thème de son programme-idéologie et c’est à l’université que les attaques du parti sont les plus féroces. D’une part, parce que les politiques discriminatoires de l’UDC envers les étranger.èrexs s’appliquent également aux étudiant.exs [8]. D’autre part, parce que ces mêmes étudiant.exs font l’objet d’attaques ciblées du parti qui tente régulièrement d’introduire des quotas d’étudiant.exs étranger.èrexs dans les universités [9] ou d’augmenter leurs taxes d’études [10].
L'UDC a fait de l'école un thème de son programme-idéologie et c'est à l'université que les attaques du parti sont les plus féroces.
À partir de 2015, c’est contre les lieux de production de savoir - tels que l’Université - et le savoir lui même que l’UDC entre en guerre. Cette offensive vise particulièrement les sciences humaines et sociales (SHS), comme lorsque le parti propose de réduire par 2 le nombre d’étudiant.exs en SHS et d’introduire un nombre maximum d’étudiant.exs pour cette faculté [11]. La raison profonde de ces attaques est sans doute que les recherches menées en SHS démontent méthodiquement et scientifiquement les mythes et croyances véhiculés par le parti ; que ce soit par des historien.nexs, sociologues, géographes, ethnologues, statisticien.nexs ou politologues, les thèses du parti sont combattus scientifiquement :
Les connaissances produites de façon rigoureuse par les SHS, faisant l’objet d’analyses critiques serrées par les pairs avant publication dans des revues scientifiques, sont en effet un caillou dans les souliers de partis comme l’UDC (...). [Elles montrent] que (...) l’UDC est surtout en guerre contre le savoir. Ceci parce qu’une politique active de l’ignorance est nécessaire à son succès. Moins les mythes qu’elle propage auront de contradicteurs, mieux ses thèses pourront prospérer [12].
Cette année, l’UDC a carrément annoncé partir en croisade ouverte contre “le wokisme” et “la terreur du genre” à l’université [13].
Travail et salaires
Les politiques discriminatoires de l’UDC impactent aussi sans surprise au monde du travail. Les 2 initiatives racistes et xénophobes “contre l’immigration de masse” de 2014 [14] et “pour une immigration modérée” de 2020 [15] touchent de plein fouet toutes les personnes non-suisses qui occupent pourtant une fonction essentielle dans l’organisation du travail en Suisse. À Genève, on pense surtout aux conducteurices de bus, à la quasi-totalité des ouvriers du bâtiment, à une écrasante majorité du personnel soignant, aux éboueureuses, etc. Rien de surprenant pour un parti qui affirme que “la libre circulation des personnes nous a apporté plus d’étrangers et plus de chômeurs étrangers” [16].
De manière générale, l’UDC est de tous les mauvais coups liés à la destruction des conditions de travail et à la perte des garanties salariales des classes populaires et de la classe moyenne, au profit de la bourgeoisie élargie composée d’actionnaires, de patrons d’entreprises et d’autres déjà-riches. En 2013, l’UDC s’opposait frontalement à l’initiative “1:12 - pour des salaires équitables” [17]. L’initiative dite “de résiliation” déposée par le parti en 2020 attaquait également la protection des salaires tout en aggravant les conditions de travail [18]. En 2020 toujours, en pleine pandémie, alors que tout le monde applaudissait le soir au balcon, l’UDC proposait de baisser le salaire réel des infirmier.ère.x.s et de l’ensemble du personnel soignant en refusant leur indexation sur l’inflation [19]. Quelques mois plus tard, le parti demandait encore la baisse des salaires des employé.exs de la Ville de Genève [20]. L’UDC n’a en fait jamais défendu les salaires des employé.exs et travailleur.eusexs : dès le début du débat sur le salaire minimum en 2013 le parti s’y opposait frontalement [21]. Le parti s’y est aussi opposé lors de son application cantonale à Genève [22] et a même récemment réussi à l’attaquer au niveau national [23].
L'UDC est de tous les mauvais coups liés à la destruction des conditions de travail et à la perte des garanties salariales des classes populaires et de la classe moyenne.
Chacun.ex doit subir les offensives bourgeoises et conservatrices de l’UDC tout au long de sa vie, dès le plus jeune âge. Partout l’UDC défend les intérêts du capital contre les travailleureuses avec ou sans papiers, contre les plus précaires, contre les classes populaires, au profit des actionnaires, patrons et des déjà-riches. Les membres de l’UDC sont, surtout à l’échelle nationale, des lobbyistes d’assurances, des banquiers, des conseillers d’entreprises, des lobbyistes d’industrie chimique, pharmaceutique ou biotechnologique. L’UDC est le parti le plus lobbyiste de Suisse, et de très loin [24].
Partout l'UDC défend les intérêts du capital contre les travailleureuses avec ou sans papiers, contre les plus précaires, contre les classes populaires, au profit des actionnaires, patrons et des déjà-riches.
L’UDC face au Covid-19
L’UDC s’est encore tristement illustré par ses propositions et initiatives calamiteuses pendant la pandémie, que ce soit par son déni de la maladie et son avarice vis-à-vis des dépenses sanitaires de santé publique ou sur la question des indemnisations lors des fermetures d’entreprises. Rappelons pour la forme que quelques mois à peine après le début de la pandémie, le parti accusait le gouvernement suisse de dictature [25]. À l’école, la section valaisanne du parti recommandait entre autre de supprimer les mesures sanitaires, notamment le port du masque obligatoire et la quarantaine de classes entières [26]. En mai 2020, en même temps qu’ils voulaient baisser le salaire des infirmier.èrexs, l’UDC proposait de baisser les dépenses en matériel sanitaire et de diminuer le soutien aux crèches [27]. Comble de sa politique contre les travailleureuses, le parti a fermement refusé la loi sur l’indemnisation des travailleureuses et personnes précaires qui ont perdu tout ou une partie de leur salaire durant le Covid [28].
Conclusion
L’UDC parle du peuple, prétend le défendre, mais n’a en réalité que du mépris. À la crèche, durant la scolarité obligatoire, à l’université, dans le monde du travail, et même en situation extrême et exceptionnelle comme pendant la pandémie, l’UDC attaque sans cesse les plus précarisé.exs d’entre noux, celleux qui subissent déjà le plus les injustices quotidiennes et systémiques. L’UDC n’a jamais été et ne sera jamais de notre côté ; les offensives bourgeoises et conservatrices à notre encontre nous mèneront toujours à combattre ce parti. La défense des intérêts des plus privilégiés, la défense des intérêts des patrons, la défense des intérêts du capital, nous montrent toujours que l’UDC est un ennemi politique à combattre par tous les moyens nécessaires.