Il y a vingt ans que j’ai traversée pour la première fois le Sahara Occidental. Une route rectiligne qui semblait se contenter de séparer l’Océan à l’Ouest du désert à l’Est. Quelques villes clairsemées, des habitants presque invisibles et partout : des militaires, des gendarmes, des policiers, en uniformes comme en civils. Il a fallu que je m’égare dans les dunes pour que le hasard me pousse à entrer dans une tente, invitée à me reposer et à me rafraîchir, et surtout à écouter l’histoire que tous les Sahraouis que j’ai rencontrée depuis, s’efforcent avec passion ou nécessité de raconter.
Le Sahara Occidental est encore aujourd’hui la dernière colonie d’Afrique et les Sahraouis, ses habitants, ont bien compris une chose, c’est qu’on leur a volé leur pays. Pour comprendre, il faut remonter au temps des Indépendances, puis de l’invasion d’un nouveau colon, le Maroc, dans les années soixante-dix, dans les années sombres de la guerre de 16 ans, pour finir dans les trente dernières années de « ni-guerre, ni-paix » où les Sahraouis vivent soit sous occupation, soit dans les camps de réfugiés.
Pour comprendre l’un des plus ancien conflit du monde, il faut mettre tout ceci en perspective. Mais surtout trouver le moyen d’expliquer le Sahara Occidental, une guerre oubliée des médias et des politiques, de rendre visible la face cachée du Maroc, grand ami de la France, de révéler un crime qui dure depuis cinquante ans.
Crime. Le mot s’est imposé de lui même et a donné le ton à mon travail des dernières années. J’enquêtais sur un crime et voulais le faire connaître au plus grand nombre. La forme est devenue une évidence. L’Histoire du Sahara Occidental est celle d’un roman noir. J’écrirai donc un polar.
« La dernière poignée de sable » s’est construit avec l’ambition d’informer et d’expliquer ce conflit à travers le prisme du thriller, de réunir dans un roman des données permettant de comprendre ses racines, ses enjeux et les perspectives soulevées par les Sahraouis.
Une enquête qui s’est chaque jour encrée dans le présent jusqu’aux derniers instants de son écriture. Comme un pied de nez à l’immobilisme des trente dernières années, le 13 novembre 2020, alors que le livre allait partir chez l’imprimeur, le Sahara Occidental s’est à nouveau soulevé et le conflit éteins depuis le cessez-le-feu de 1991 s’est réveillé, les armées mobilisées, ouvrant à une nouvelle phase. Les négociations promises ont échouées et le Front Polisario qui défend les droits des Sahraouis clame sa légitimité au retour aux armes.
Le Sahara Occidental, plus d’actualité que jamais. Comme pour en rajouter une dernière couche, l’une des dernières mesure du président Trump à quelques jours de son départ de la Maison Blanche fut justement… la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental et l’ouverture d’une ambassade sur ses terres. En échange ? Le Maroc reconnaît la souveraineté d’Israël et normalise ses relations avec l’État hébreu.
Une histoire pas comme les autres. Un crime pas comme les autres. Pour faire comprendre l’Histoire d’un peuple dont les luttes ont traversées les dernières décennies sans jamais baisser les bras. Les Sahraouis ont été suffisamment patients. Il est plus que temps que l’on écoute leurs revendications.
Ursula A.
« La dernière poignée de sable »
Apso Editions
2020, 280 pages
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