Répression - Enfermement

Les conseils de l’antirep avant la manif pour la Palestine du 07.04

Le groupe antirep assurera une permanence mail pendant et après la manifestation du 7 avril 2024 : pour toute question ou témoignage, en cas d’arrestations ou de violences écrivez à antirep-ge@riseup.net

Genève |

1/ Se préparer

La meilleure façon de se protéger de la police, c’est d’anticiper. En étant toujours prêt.ex à une rencontre malencontreuse avec les keufs tu as une longueur d’avance sur eux. Quelques trucs essentiels :

  • Crypte ton téléphone, ton ordinateur, tes clés USB
  • Ne garde rien d’incriminant chez toi (vêtements portés lors d’actions, fumigènes, bombes de peinture...)
  • Dans la mesure du possible, préviens les personnes avec qui tu vis avant d’aller à une manif ou si tu sais que tu risques une perquisition
  • Dissimule ton visage et porte des gants lors de toutes les manif ou actions auxquelles tu prends part
  • Réfléchis bien avant de prendre ton téléphone, est-ce que tu en as vraiment besoin ? Cela pourrait te nuire plus tard. Non seulement il s’agit d’un objet qui contient beaucoup d’informations sur toi et ton entourage (et donc tu n’as pas envie qu’il se retrouve entre les mains de la police), mais en plus il donne la possibilité aux flics de savoir où tu étais à un certain moment (par exemple pendant une manif)
  • Lors d’une occup’ ou d’une action en lieu clos, ne laisse pas traîner tes mégots, tes verres, ta bouteille d’eau, ton bonnet, ton gloss...
  • Organise toi avec des ami.es avant de sortir faire une action : qui s’occupe de quoi ? Qui doivent-iels prévenir si tu te fais arrêter ? En cas de soucis, où vous retrouvez-vous ?
  • Si tu es témoin ou victime d’une arrestation, de violences policières ou quand tu sors de garde à vue, écris le plus rapidement possible à antirep-ge@riseup.net

2/ Interpellation ou arrestation

Une interpellation ou une arrestation est toujours un (très) mauvais moment à passer, pour nous touxtes mais plus encore pour celleux qui font face au racisme systémique, qui n’ont pas de papiers en règle. Il est malgré tout possible, dans la plupart des cas, de se protéger au mieux dans ces situations. Il est difficile d’énoncer un comportement idéal mais nous pouvons rappelerdes principes de base et quelques infosen matière de pratiques policières et de loi.

D’un point de vue légal, tu es tenu.ex de montrer tes papiers d’identité lors d’un contrôle. Mais, selon le contexte, il peut être décidé collectivement de ne pas le faire pour essayer de s’en sortir sans aucune prise d’identité. Dans ce cas nous ne pouvons que conseiller de suivre l’élan collectif, il arrive très régulièrement que les contrôles puissent être évités. Si tu es seul.ex, nous te suggérons néanmoins de donner ton identité.

Lors d’une arrestation, les flics vont te poser des questions (C’est à toi ce sac ? Tu es venu.ex avec X ? Vous êtes ami.exs ?). Surtout ne répond pas ! La réponse à toutes les questions (même anodines) des flics est "je n’ai rien à déclarer". Tu perdras peut-être ton sac mais tu auras évité de t’incriminer toi ou d’autres. cela peut t’éviter beaucoup de problèmes. De même, il est parfois préférable de perdre ton téléphone que de le savoir entre les mains des keufs.

Autant que possible, garde ton calme lorsque tu es avec les flics. Ne réagis physiquement que si tu penses vraiment avoir une chance de te dégager/de t’échapper et si le contexte y est favorable (foutre une droite au flic qui te tient alors que tu es seul.ex avec lui et 2 de ses collègues = mauvais plan). Ne réponds pas aux provocations physiques ou verbales des flics, ils n’attendent que ça.

Dès le moment où tu es en présence de flics, leur enquête a commencé et tout ce que tu dis/fais peut être retenu contre toi. L’enquête de police a déjà commencé ! Ne parle pas à la police (même pas pour les insulter ou débattre avec eux), ne réponds à aucune question à part pour dire "je n’ai rien à déclarer".

3 / Garde à vue

Une fois que tu as été arrêté.ex, tu vas être conduit.ex au poste où les flics vont soit faire un contrôle d’identité (maximum 3 heures), soit te placer en garde à vue pour t’interroger et éventuellement te faire passer devant un procureur. Ils peuvent te garder de leur propre chef jusqu’à 24h, puis jusqu’à 48h sur ordre d’un procureur. Si tu n’es pas libéré.ex après les premières 24h, demande à voir un.e avocat.e !

La garde à vue est utilisée par les flics pour te faire parler. Tout est pensé pour te fatiguer psychologiquement, pour t’intimider, pour te manipuler, pour te faire balancer des infos sans même t’en rendre compte. Tiens bon !!

Pour éviter de te faire avoir :

  • Rappelle-toi que tout ce que tu dis à n’importe quel moment peut et sera utilisé contre toi ou contre quelqu’un.ex d’autre
  • 80% des condamnations sont prononcées sur la base d’aveux. Si tu ne parles pas tu as des chances de t’en sortir, si tu parles tu fais le travail des flics à leur place. Les flics vont créer des moments de discussion avec toi en dehors de l’interrogatoire officiel, pour te faire croire que ce que tu leur dis à ce moment-là n’aura pas de conséquences, c’est faux.
  • Ils vont te dire qu’ils savent déjà tout mais que si tu parles, le juge sera plus clément, c’est faux. S’ils avaient déjà toutes les infos dont ils ont besoin ils ne te poseraient pas ces questions.
  • Ils vont te provoquer, t’insulter, piquer ton égo pour que tu avoues ou que tu balances : « t’as pas le profil d’un leader toi, qui t’a dit de faire ça ? ». Ils peuvent te mentir du début à la fin, sur ce que tu risques, sur ce qu’ils savent, ils peuvent te dire que quelqu’un.ex a déjà parlé et que tu devrais faire de même... Parfois, ils vont être très cordiaux, faire semblant d’être d’accord avec toi pour te faire lâcher un max d’infos sur tes positionnements politiques par exemple. Ne leur fais jamais confiance. La meilleure défense, c’est de ne rien déclarer.
  • Pendant l’interrogatoire les flics vont écrire un PV que tu es supposé.ex et te demander de signer à la fin. Assure-toi qu’il correspond à ce que tu as dis ou ne le signe pas. Lorsque tu dis « je n’ai rien à déclarer » et que le flic écrit « je ne parle pas à la police », ce n’est pas ce que tu as dit. Tu peux aussi demander qu’il soit modifié ou qu’on y ajoute des éléments. Si tu veux voir un avocat et qu’ils essaient de t’en dissuader, demande à ce que ça soit ajouté au PV. Si tu as un doute ne le signe pas.
  • Pendant la GAV il est possible que les flics veuillent prendre tes empreintes digitales et ton ADN. Ils vont te demanderde signer un papier qui atteste que tu consents à te soumettre au prélèvement. Refuse de signer, refuse le prélèvement et demande à voir un ordre écrit d’un procureur. Tu ne peux pas faire grand chose de plus, ils ont le droit d’user de la force pour obtenir les prélèvements. Dans certains cas, il vaut mieux céder (mais ne rien signer !) plutôt que de t’exposer à des violences ou à une plainte pour refus d’obtempérer. Dans certaines conditions, tu peux demander la destruction de ces données plus tard.
  • En sortant de GAV, note toutes les questions qu’on t’a posées, les matricules des flics, les agressions subies, prends en photos les bleus et blessures si il y en a et fais un constat médical, et surtout contacte l’antirep pour prévenir que tu es sorti.ex et parler de la suite.

Les GAV sont souvent des moments très éprouvants. Essaie de dormir, demande régulièrement à boire, distrais-toi, chante, fais de l’aérobic, invente une nouvelle recette de tiramisu, pense à des trucs qui te font plaisir... Si tu sens que tu vas vraiment mal tu peux demander à voir un médecin, n’hésite pas à faire usage de ce droit (attention, ce médecin n’est pas ton allié). Face à l’isolement, à la pression, nous ne sommes pas touxtes égales, il n’y a pas de honte à pleurer, pas de honte à harceler le médecin jusqu’à ce qu’il te fasse sortir (pas sûr que ça marche mais ça peut valoir le coup d’essayer). Quand tu sors de GAV prends soin de toi aussi, parles-en avec des personnes de confiance.

4 / Après

Relève régulièrement ton courrier, si tu reçois une convocation ou une ordonnance pénale écris nous, il faut réagir vite !

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