Répression - Enfermement Violences policières

[Beaumont-sur-Oise] Mort d’Adama Traoré, chronologie des derniers événements

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré trouvait la mort entre les mains des forces de l’ordre, dans des circonstances troubles. La famille et les proches réclament encore et toujours vérité et justice. La pression est montée ces derniers jours.
Jeudi 17 novembre, suite à la tentative de membres de la famille Traoré de se rendre au Conseil municipal de Beaumont-sur-Oise en guise de protestation, les gendarmes avaient effectué une descente en représailles dans le quartier de Boyenval. Le 22 novembre Youssouf, un frère d’Adama, été arrêté et placé en garde-à-vue (il est accusé “d’outrages et violences” contre des flics en marge du conseil municipal annulé). Le lendemain son autre frère Bagui était également arrêté, et les deux sont passés en comparution immédiate, qu’ils ont refusée. Ils ont été tous les deux placés en détention provisoire. Dans la soirée, plusieurs véhicules (6 voitures et un bus) ont été incendiés (et la salle des profs d’une école aurait été visée) d’après les médias. 130 gendarmes sont intervenus dans le quartier, ainsi qu’un hélicoptère qui tournait déjà avant les premiers incendies.

Le comité “Vérité pour Adama” appelle les habitant.e.s de Beaumont-sur-Oise à un rassemblement, ce soir à 19h à Boyenval, pour la libération des deux frères.

France |

21 novembre 2016

Communiqué de presse de la famille Traoré, et appel à soutien au prochain Conseil municipal de Beaumont-sur-Oise ce mardi 22 novembre à 20h45.

Que cherchent les forces de l’ordre et la municipalité de Beaumont-sur-Oise ? C’est la question que nous nous posons après les événements survenus ce jeudi 17 novembre en marge du conseil municipal. En tant qu’habitants de Beaumont, nous nous y sommes rendus afin d’exprimer notre incompréhension face à la plainte de Nathalie Groux, maire de la ville, contre Assa Traoré... et nous avons été accueillis par les gendarmes et la police municipale. Une honte !

Alors même que la séance était ouverte au public et qu’il restait de la place dans la salle, les gendarmes nous ont bloqué à l’entrée, prétextant mille et une choses pour nous empêcher d’assister au conseil. Face à notre insistance légitime, ils ont répondu par du gaz lacrymogène, touchant notamment la belle-mère d’Adama Traoré et un bébé... La situation aurait pu dégénérer mais les proches du défunt ont pris sur eux et ont fini par rentrer au quartier.

À peine arrivés à Boyenval, nous avons eu le droit à une violente descente d’une centaine de gendarmes venus en découdre. Ils prétendent s’être déployés après des tirs de mortiers mais aucun d’entre nous n’en a entendus. Craignant à nouveau un drame, nous avons tout fait pour éviter une confrontation entre les forces de l’ordre et les jeunes mais certains, dont le petit frère d’Adama Traoré, ont fini tabassés par plusieurs gendarmes. Une plainte va d’ailleurs être déposée.

Ces violences sont inadmissibles. Quand tout ceci va-t-il cesser ? Depuis la mort d’Adama, le quartier fait face à de nombreuses pressions politiques et policières. Il faut que ça s’arrête. Devons-nous rappeler que nous sommes les victimes de cette histoire ?

C’est nous qui avons perdu un frère dans d’atroces conditions le jour de son 24e anniversaire. C’est nous qui avons dû faire face aux mensonges du procureur de Pontoise, aux déformations médiatiques, aux découvertes douloureuses sur la manière dont est décédé notre frère, aux violences policières, au mépris politique et à un sentiment d’injustice persistant auquel vient de s’ajouter cette plainte contre Assa Traoré. Ironie du sort, la maire de Beaumont (qui n’hésite pas sur son compte Facebook à appeler les « citoyens de souche » à s’armer pour aider la police) n’avait eu aucune considération pour notre famille jusqu’alors. Sans doute faut-il prendre cette plainte et l’envoi de la police municipale comme présentation de ses condoléances...

Depuis le début, que ce soit à travers le traitement médiatique, politique, judiciaires ou policier de cette affaire, tout se passe comme si nous étions coupables. Nous ne voulons que la vérité et la justice pour Adama Traoré, et pour toutes celles et ceux qui ont perdu la vie dans des conditions similaires. Est-ce trop demandé ?

Visiblement oui.

Mais aucune de ces pressions, aucune de ces tentatives d’intimidation, aucune de ces violences ne nous feront taire. Au contraire, elles alimentent chaque jour un peu plus le combat que nous menons et que nous sommes déterminés à renforcer jusqu’au bout. À ce titre, nous remercions toutes les personnes qui nous soutiennent et les invitons à venir nous donner de la forces lors du prochain conseil municipal qui aura lieu ce mardi 22 novembres, à 20h45, à la Mairie de Beaumont-sur-Oise.

22 Novembre

Communiqué de presse de la famille Traoré. Conseil municipal annulé, proches de la famille Traoré arrêtés à Beaumont, les pressions politiques s’accentuent

Pas de conseil municipal, ce soir mais une arrestation ce matin... Dans un communiqué, la maire de Beaumont vient d’annoncer l’annulation de la séance prévue ce mardi 22 novembre au motif que les « conditions de sécurité » ne seraient pas réunies. Quelques heures avant, notre famille devait faire face à l’arrestation de Youssouf Traoré, l’un des petits frères d’Adama Traoré, emmené ce matin a la gendarmerie de Pontoise.

Le point commun entre ces deux informations ? La tentative de criminalisation de notre famille et du combat que nous menons pour que justice soit faite. Comme le résume Assa Traoré : « lls veulent détruire notre cercle familial et nous faire passer pour les coupables. Ils veulent nous détruire pour nous faire taire. » Depuis la mort d’Adama Traoré, le quartier Boyenval où vivent ses proches subit les pressions politiques de la municipalité et l‘acharnement des gendarmes qui n‘hésitent pas à harceler, tabasser puis a interpeller ces jeunes...pour outrage.

Notre famille est particulièrement ciblée

  • Adama Traoré est mort le 19 juillet
  • plusieurs membres de sa famille ont été insultés. menacés, frappés et/ou interpellés par la police dans les semaines qui ont suivi,
  • Assa Traoré est visée par une plainte de la maire de Beaumont pour diffamation.
  • Samba Traoré a été tabassé dans la nuit du 17 au 18 novembre lors d’une expédition punitive de la gendarmerie.
  • et voilà que Youssouf Traoré est arrêté pour des raisons obscures...

Les « conditions de sécurité » dont parle Nathalie Groux, cela fait des mois qu’elles ne sont pas réunies et nous sommes les premiers à en faire les frais. Elle qui partageait il y a peu des publications facebook invitant les « citoyens de souche » a s’armer pour aider « nos pauvres policiers sans recours ». Quand tout ceci va-t-il cesser ? Quand allez-vous prendre la mesure de ce que nous sommes en train de vivre.

Nous dénonçons vivement cet acharnement et craignons ses conséquences. Les pressions politiques et policières que nous subissons ne peuvent conduire qu’à un nouveau drame. Afin de faire toute la lumière sur ces agissements, nous maintenons la conférence de presse initialement prévue devant la mairie et invitons nos soutiens à nous y rejoindre. Elle aura lieu à 20h.

23 Novembre

Communiqué de presse du collectif La Vérité pour Adama suite à la mise en détention de Youssouf et Bagui Traoré, deux frères d’Adama Traoré.

Nous apprenons avec un grand choc ce soir la mise sous mandat de dépôt de nos frères, amis et fils, Youssouf et Bagui Traoré, au vu des faits dont ils sont accusés du 17 novembre dernier, devant la mairie de Beaumont sur Oise.

Ayant refusé la comparution immédiate, nous demandions leur libération jusqu’au jugement. Ils seront finalement gardés sous écrou jusqu’au 14 décembre prochain, date de leur jugement.
Neuf policiers municipaux portent plainte, les gendarmes de la ville sont témoins. C’est là une bien honteuse machination. Cette orchestration visant à leur criminalisation, nous l’attendions. Nous ne pouvons définir ce jugement que comme un acharnement. Youssouf et Baguy sont accusés "d’outrage, rebellion et violence" sans avoir ne serait ce que provoqué la violence des gendarmes. La police et les gendarmes présents devant la mairie ont gazé les habitants, mais ils n’attendent aucune sanction.

Des garanties ont été présentées pour assurer le bon déroulé du jugement, mais rien n’a été entendu. Pour preuve, Youssouf est père d’un enfant en bas âge et travaille dignement pour subvenir aux besoins de sa famille. Il n’a pas d’antécédent. Cette décision d’une grande sévérité n’est pour notre part pas justifiée. Nous savons aussi que cette criminalisation vient de plus haut que la mairie. Les gendarmes ont tenté d’intimider Bagui en lui disant tout simplement qu’Assa, sa soeur, devait faire profil bas et qu’ils n’appréciaient pas ses prises de paroles : "Dis à ta soeur qu’elle fait trop de bruit". Ces mots prouvent bien que nous devons faire face à des méthodes indignes de déstabilisations et d’intimidations. Après avoir subi les pressions de la gendarmerie et de la mairie, voilà les pressions judiciaires.

Il est clair que nous avons besoin de tous les soutiens. Nous nous organiserons bientôt dans les prochaines semaines et nous vous invitons tous à nous rejoindre.
Nous ne reculerons pas sur notre revendication principale, qui est la mise en examen des gendarmes, pour la justice et la vérité pour Adama. Il est certain désormais que notre mobilisation et nos prises de décisions mettent ces institutions en difficulté, d’où cette obstination à vouloir condamner une famille toujours en deuil, en brisant leur cellule familiale.

Adama a été tué le 19 juillet lors de son interpellation par les gendarmes de Beaumont sur Oise et nous devons encore nous battre pour obtenir leur mise en examen. Ce soir, Youssouf et Bagui passent leur première nuit en prison.

Pas de justice pas de paix
Vérité pour Adama

P.S.

Tous les textes proviennent de Paris-Luttes.info

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