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[Berne] Compte-rendu de la contre-manif’ kurde

Voici deux récits de la manifestation pro-kurde du samedi 12 septembre, durement réprimée par la police.

Pour voir le premier récit, cliquez ici.

Berne |

Compte-rendu de la contre-manif’ kurde

Nous étions présent(e)s à Berne au rassemblement kurde qui s’est tenu le samedi 12 septembre dernier. Au vu de ce que la presse a relayé, notamment au sujet de la police, nous avons trouvé nécessaire de raconter notre version des faits, vus de l’intérieur de la manif’.

Nous sommes arrivé(e)s sur l’Helvetiaplatz aux environs de midi, où nous avons rejoint 150 personnes déjà présentes. L’ambiance était pacifique. Des gens ont continué à affluer jusqu’aux environs de 14h. A ce moment, le rassemblement comptait plus de 400 personnes. La majorité était de la communauté kurde, des jeunes, des familles et des personnes plus agées. Nous étions également de nombreuses personnes non-kurdes présent(e)s, militant(e)s ou ami(e)s pour montrer notre soutien à la lutte kurde.

Tou(te)s étaient là pour dénoncer les crimes commis à Cizre (ville du sud-est de la Turquie à majorité kurde, lourdement attaquée par la police et l’armée du gouvernement turc). Le même jour devait avoir lieu un rassemblement des turcs nationalistes, appellés par l’UETD (union des démocrates turcs en Europe), mouvement proche du parti au pouvoir l’AKP, qui voulaient manifester contre les attaques terroristes visant l’État turc.

Pour qui suit le conflit en cours, il est évident que parler de “terrorisme”, c’est cautionner l’amalgame que veut faire le gouvernement turc entre la communauté kurde et les combattants du PKK, entre le PKK et l’Etat Islamique. C’est cautionner les assassinats de la police et de l’armée contre des civils et la répression contre tout un peuple, là où plus aucun médias ne peut plus témoigner.

L’enterrement de 22 civils à Cizir.
L’enlèvement de Bunyamin Irci, retrouvé mort.

Les manifestant(e)s se sont donc donné(e)s comme lieu de rassemblement l’Helvetiaplatz, afin d’empêcher les sympatisant(e)s de ceux qui ont commencé la guerre contre les populations kurdes puissent continuer leur propagande mensongère et nationaliste.

La police anti-émeute de Berne était elle aussi présente. Discrète au début mais en nombre. Des discussions ont eu lieu avec certains responsables de la police, qui nous intimaient l’ordre de quitter l’Helvetiaplatz et de rejoindre l’autre rive du pont adjacent. Le rassemblement pro-gouvernement étant autorisé par la ville de Berne, nous n’avions pas le droit de nous y opposer. Si nous refusions de partir, ils utiliseraient la force.

Finalement, l’autorisation pour le rassemblement nationaliste a été retirée, avec interdiction de périmètre, afin d’éviter tout affrontement. Mais plusieurs groupes pro-AKP sont tout de même venus provoquer, arborant le drapeau rouge et blanc et faisant le signe de ralliement des loups gris (voir wikipedia ndlr). De nombreuses bagarres ont donc eu lieu un peu partout autour du rassemblement.

Vers 13h40, la police anti-émeute a compris que les manifestant(e)s ne partiraient sous aucun prétexte. Toute tentative de négociation s’est alors soldée par des réponses violentes. Puis, ils ont commencé à nous repousser vers le pont. La plupart des manifestant(e)s dans les premières lignes s’étant assis(e), ils ont lourdement fait usage de spray au poivre puis de lacrymogène CS, et de matraques télescopiques. Lorsque nous reculions de quelques mètres, ils tiraient au flashball, souvent à moins de cinq mètres. Vidéo

A 14h, après une retraite d’une cinquantaine de mètres, le noyau de la manifestation s’est retrouvé près de l’entrée du pont Kirchenfeldbrücke, une autre partie a pu contourner le cordon policier et se trouvait derrière lui, sur la place recouverte de flashballs. Notre attention a alors été attirée par de nombreux cris venant de sous le pont où une voiture conduite par des nationalistes turcs avait foncé sur un groupe de kurdes. La vidéo est devenue virale sur le net.

La police nous a finalement repoussé sur le pont. Plus d’une dizaine de salves de balles en caoutchouc plus tard, vers 14h30, nous étions sur l’autre rive, à l’entrée de la Casinoplatz. La police a bloqué le pont des deux côtés, la manifestation était alors coupée en deux. De nombreuses personnes, parmi elles des personnes agées souffraient des attaques de la police. Un grand nombre d’ambulance arrivait et repartait, également pour évacuer les blessé(e)s de l’attaque de la voiture et des échauffourées avec les nationalistes. De l’autre côté du pont, nous pouvions voir la banderole ainsi que de nombreux drapeaux, toujours sur la statue de l’Helvetiaplatz. L’opération d’évacuation avait donc échoué, tant de violence pour si peu.

Vers 16h, le pont a été brièvement ouvert, le temps de permettre aux manifestant(e)s de se retrouver. Des violences policières ont encore eu lieu quand certain(e)s ont voulu libérer une camarade interpellée.

Devant la détermination des kurdes et pro-kurdes à rester sur cette place, la police a choisi la violence. Pourtant, les manifestant(e)s ont encaissé sans répondre, dans la plupart des cas. Certain(e)s ont même nettoyé l’Helvetiaplatz avant de partir.

Des solidaires du peuple kurde.

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