Migrations - Frontières Expulsion

[Calais] L’État expulse pour mieux enfermer (dans un camp)

Le 21 octobre, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur en France, est revenu à Calais pour faire plus d’annonces sur les futurs projets concernant la jungle et la sécurisation de la frontière.

Calais |

Suite à cette visite, les médias ont largement mis en avant la « posture humanitaire » de Cazeneuve d’ériger des tentes pour 200 femmes et enfants. Certains discutent d’un nouveau projet, celui de construire également un camp sympa pour 1500 personnes. Certains l’ont félicité (ou gentiment réprimandé) pour avoir commandé plus de 500 flics en renforts – gendarmerie et CRS- à Calais.

Peu discutent sur le fait que Cazeneuve est venu à Calais pour parler à certaines associations de l’expulsion d’au moins 400 personnes de chez eux dans la jungle, dans le but de construire un nouveau camp gouvernemental. Parmi elles, l’association Salam a commencé à dire aux gens qu’ils avaient 10 jours pour bouger, avec pour projets de construire un nouveau camp qui devra être opérationnel dans moins de 2 semaines. Des poteaux rouges ont été érigés dans la jungle pour délimiter les zones du nouveau camp.

Les personnes forcés à bouger se voient offrir temporairement des tentes et une première place dans la file d’attente pour le nouveau camp. Des gens ont déménagé de bonne foi à Jules Ferry, forcés de bouger de leurs anciennes maisons, en promesse d’une vie sur la lande qui auraient pu être tolérée, qu’il n’y aurait pas d’expulsions et qu’ils ne seraient pas harcelés par la police. Pour certains d’entre eux, ça sera la troisième ou quatrième fois qu’ont les aura expulsé. Ces plans ont été faits sans consultation ou consentement d’aucune personne concernée.

Avec un sens pratique élémentaire, ce camp fait hurler d’irrespect. Il sera constitué de conteneurs séparés par des chemins de trois mètres de large. Aucun architecte n’a été impliqué dans le design et il sera construit sur la partie la plus humide et sauvage de la jungle. Le journal « Libération », qui illustre par une maquette le camp prévu, le décrit comme une réminiscence des camps de concentration des années 30.

(illustration de Libération)

Les gens de la jungle ne veulent pas de camps fermés. Beaucoup le voient comme ce que c’est réellement : non pas une posture humanitaire offrant de l’hygiène et de la sécurité, mais un pas de plus dans des projets de division et de contrôle des gens. A travers leur voyage – de Vintimiglia à Lampedusa, sur leur chemin de retour aux pays frontaliers de l’Europe – les gens ont fait l’expérience de ces camps. Barrières, liste de nom, présence policière, des règles, des règles, des règles et aucune autonomie.

Le nouveau camp logera 1500 personnes, mais environ 6000 sont dans la jungle actuellement. Qu’en est-il de ceux qui n’ont pas leur place au camp ? Et pour ceux qui « ont le profil » ? Laisseront-ils le reste du camp vivre en autonomie en dehors des murs de cette prison ? Il ne semble pas. Il semble plutôt qu’une expulsion à grande échelle surviendra dans les prochains mois.

Nous condamnons ce plan. Nous sommes solidaires de ceux qui seront expulsés de leurs maisons encore une fois. Nous condamnons les associations qui collaborent avec les autorités, et qui de ce fait, rend possible la confiance en la police et le gouvernement.

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