Par le biais d’un communiqué, le syndicat USB (Unione Sindacale di Base) de l’usine Fiat de Melfi, près de Naples, a annoncé un grève de 48 heures, afin de protester contre le transfert de Cristiano Ronaldo à la Juventus de Turin. La Fiat et la Juve ont en effet en commun d’appartenir, avec Ferrari, à l’empire familial Agnelli. Pour les ouvriers de la Fiat, ce transfert à 112 millions d’euros, assorti pour « CR7 » d’un salaire annuel de 30 millions d’euros, et de 30 millions d’euros supplémentaires pour préter son image au groupe Fiat pour des publicités, passe mal.
Dans le même temps ces travailleurs constatent en effet que leurs salaires restent gelés depuis plusieurs années. D’où l’appel à cesser le travail entre dimanche soir et mardi matin, soit exactement lors de la présentation tant attendue du quintuple Ballon d’Or. Avec cette question posée : « Est-ce normal qu’un seul individu gagne des millions et que des milliers de familles n’arrivent pas à terminer le mois ? Les salariés ont enrichi le propriétaire depuis trois générations, et en retour, ils n’ont reçu qu’une vie de misère. »
Dans l’usine de Pomigliano d’Arco, dans la région de Naples, des membres du syndicat S.I. Cobas (Sindacato Intercategoriale Cobas) et cinq anciens salariés de l’usine, dont le licenciement a été confirmé en justice ces dernières semaines, appelent aussi à faire grève. « C’est nous qui te payons », « Pour Ronaldo, 400 millions, pour nous seulement des coups de pieds au c… » peut-on lire sur leurs affiches.
Dans de nombreux sites de production, les salariés subissent du chômage partiel. A Pomigliano, 4600 employés devraient être mis au chômage technique car aucun modèle n’est actuellement en production. Pourtant le groupe Fiat Chrysler se porte très bien, avec 4,7 millions de véhicules vendus et un bénéfice net de 3,8 milliards en 2017, un record. Une nouvelle illustration des réussites de la théorie du ruissellement.