Luttes indépendantistes - impérialisme

Quand les Palestiniens pensent que le monde a deux yeux et deux oreilles...

Témoignage d’un contact vivant au quotidien la brutalité et la férocité de l’armée israélienne.

Palestine |
Gaza.
13 juin 2018.

Grâce aux régimes arabes vendus aux Etats Unis, grâce à ses alliés ce fut la fête à l’inauguration de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem. Le lendemain c’était encore la fête, celle de la fondation de l’État d’Israël mais pour nous en Palestine c’était la célébration de la Nakba.

Puis, vers le 14-15 mai 2018, tous les médias et les réseaux sociaux ne parlent plus que de la première étape de l’application du “deal du siècle, le plan de l’administration américaine pour mettre fin au conflit israélo-palestinien”, plan qui cache en réalité le but d’en finir pratiquement avec la question palestinienne.

On a vu et ressenti tristement la position officielle des régimes arabes qui font l’autruche ; et malheureusement leurs peuples ne peuvent rien faire. Mais de l’autre côté du monde (en Europe), nous – les Palestiniens – avons apprécié avec beaucoup de fierté la position des citoyens européens, qui ont finalement reconnus la responsabilité de leurs dirigeants actuels et précédents dans notre souffrance en Palestine, souffrance qui date de la création d’Israël.

« Même les journalistes et ambulanciers étaient des cibles légitimes pour "l’armée la plus morale du monde" »

Le 14 mai 2018, le jour précédant l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem, à Gaza la scène était loin d’être à la fête : il y avait des victimes dans toutes les villes, des morts, des blessés, souvent gravement. Une dizaine de tireurs d’élite israéliens visaient des civils gazaouis pacifiques et désarmés. Même les journalistes et ambulanciers étaient des cibles légitimes pour "l’armée la plus morale du monde".

L’après-midi du 14 mai, à Gaza, on était surpris par le nombre de morts et de blessés. À chaque minute le bilan s’élève encore, les hôpitaux lancent des appels à l’Autorité palestinienne et à l’Egypte pour envoyer des médicaments et des spécialistes pour sauver les blessés.

Mais est-ce qu’Israël et son armée ont ciblé délibérément des civils à Gaza, ou était-ce par hasard ?

Tsahal, l’armée israélienne que Bernard-Henri Lévy prétendait en 2010 être "la plus morale du monde", cible volontairement des civils pour les porter sur la liste des morts et handicapés. Par exemple, sur les photos et les vidéos qui sortent de Gaza, les images de ces deux journalistes atteints à la poitrine par des balles explosives et morts des suites de leurs blessures alors qu’ils portaient leurs gilets où était inscrit "PRESSE".

Les blessés se retrouvent face à un avenir inconnu, que l’on devine tragique. Leurs blessures ne les mènent pas à la mort mais, devenus handicapés, à une vie de misère. La majorité des blessés de la Marche du retour à Gaza ont perdu un membre quand ils ont été touchés par les balles explosives tirées par Tsahal.

On nous accuse, nous les Palestiniens, d’exagération quand on accuse les pays occidentaux d’avoir adopté une politique partisane, au côté d’Israël, une politique de deux poids, deux mesures. Par exemple, une question que se posent les Palestiniens de toutes les générations : et si c’était les Palestiniens qui avaient tué 120 Israéliens pendant ces deux derniers mois, quelle aurait été la réaction des leaders du monde ? Peut-on simplement imaginer le concert des médias, les cris et les manifestations des pro-israéliens, des sionistes, les aveugles, ceux qui ne comprennent rien et ceux qui ne veulent rien comprendre sur ce qu’on appelle "le conflit israélo-palestinien" ? Bien sûr : les Palestiniens seront condamnés, traités d’assassins, de lâches et nos dirigeants envoyés à La Haye, inculpés de crime contre l’humanité. Pendant ce temps, de grandes paroles et des débats de haut niveau se feront entendre sur la façon de protéger les Israéliens de cette furie palestinienne, constante depuis l’époque de la Nakba.

Ici, nous nous demandons seulement pourquoi l’occupation ? Pourquoi l’apartheid israélien ? Pourquoi les bombardements sur des civils ? Et dans le cas utopique de deux États et un accord de paix, comment vais-je pouvoir pardonner les tireurs d’élites ? Qui va nous indemniser de 12 ans d’emprisonnement ? De l’eau polluée, du manque de médicaments, de cette vie où l’on étouffe ? Qui va nous rendre nos droits ? Et nos enfants dont la vie est devenue une routine d’horreur et de souffrance, sauront-ils comment parler de cette enfance à leurs petits ?

« C’est vrai qu’il est possible que le temps arrange les choses, mais pas à ce point ! »

Connaitrons-nous un jour une autre vie que cet enfermement qui se dégrade, année après année ? Nos enfants, pour lesquels on s’inquiète au moindre ronronnement de drone, pourront-ils un jour voyager, rencontrer d’autres habitants de notre planète ?

Alasttal Iyad

P.S.

Article publié le 15 juin 2018 sur le site de contre-information dijonnais dijoncter.info !

Cet article n’est pas féminisé, Renversé encourage la féminisation.

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