Migrations - Frontières

[Tessin] Lettre ouverte des migrants bloqués à la frontière à Côme

Depuis le début de l’été des milliers de migrants ont été refoulés à la frontière Suisse à Chiasso. Plusieurs centaines d’entre eux vivent désormais à Côme dans un camp. C’est leur lettre ouverte que nous publions ici.

Como |

AU PREFET, AUX CITOYENS EUROPEENS, AUX FRERES MIGRANTS

SITUATION À LA FRONTIÈRE :

Refoulements
Nous sommes ramenés en Italie même après avoir demandé l’asile en Suisse : certains le communiquent à la police suisse oralement, d’autres par écrit. Ils refoulent tout le monde, y compris les mineurs, les femmes enceintes et les personnes se trouvant dans des conditions de santé difficiles, sans respecter les traités internationaux.
On nous refoule sans aucune assistance légale et sans la possibilité de prendre contact avec des avocats. Il y a des barrières linguistiques et un manque de traduction, ainsi les personnes sont refoulées en Italie sans avoir aucune idée de leur situation ou de leurs droits.

Contrôles policiers
La police suisse nous arrête et nous déshabille, même les mineurs et les personnes âgées. Il y a eu la situation d’une dame très âgée qui a dû se déshabiller face à un homme, même si sa religion lui l’interdisait. Elle est sortie de la chambre en pleurant. La police utilise la force contre les migrants qui refusent de se déshabiller. En outre, elle inspecte systématiquement leurs parties intimes, pratique extrêmement humiliante.

Transferts forcés
La police italienne transfère les migrants de force de Ponte Chiasso vers sud de l’Italie, sans les informer de leur destination. Ils voyagent pendant 15 ou 20 heures, les familles et les amis sont séparés.
En outre, quand nous sommes renvoyés au sud, certains subissent des violences policières, ils sont frappés ou ils sont mis dans des lieux insalubres. Ils prennent nos empreintes digitales de force, par les menaces ou la tromperie, sans se préoccuper de nous expliquer notre situation légale.

Situation au campement
Maintenant, nous sommes bloqués à la gare depuis plus de 6 semaines. Les personnes sont soumises à beaucoup de pression, frustration et déception. Toujours plus de monde en souffre : une femme a perdu son enfant, une autre a eu une crise d’épilepsie et le nombre de personnes avec des problèmes de santé augmente chaque jour. Cette douloureuse situation nous pousse à accomplir des actes désespérés, mais nous ne sommes pas de mauvaises personnes, nous sommes simplement des migrants.
Pour ce qui est de l’alimentation, de l’eau et des douches, la situation est actuellement supportable grâce à l’aide de plusieurs volontaires. Mais notre problème principal -la fermeture des frontières- ne change pas et il deviendra rapidement insoutenable. Nous ne voulons pas être déplacés dans un lieu caché, où on va nous oublier, nous ainsi que nos problèmes

REQUETES
Cette situation ne regarde pas seulement Como, mais elle est similaire à toutes les zones de frontière. Nous sommes en contact avec des migrants se trouvant dans d’autres villes et leurs conditions sont le mêmes, ou pires.
Nous sommes tous en train de souffrir.

Nous demandons le respect des lois qui reconnaissent notre droit de mouvement, actuellement violées par la Suisse. Nous demandons des nouvelles lois, qui puissent fournir une solution pour chacun d’entre nous, ou une mesure extraordinaire qui puisse nous permettre de bouger.

Si cela n’est pas possible actuellement, nous demandons au moins que votre voix puisse s’unir à la nôtre, faire pression sur les autorités suisses et européennes, pour essayer de débloquer cette situation insoutenable qui est en train de ruiner nos vies et qui fait de nous un poids pour les habitants de la ville.

Les migrants, depuis la gare de San Giovanni

P.S.

Ce texte n’est pas féminisé, renverse encourage la féminisation de textes.

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