Répression - Enfermement

[Turin] après avoir refusé collectivement de se soumettre aux contrôles judiciaires, annulation des 12 interdictions du territoire !

Retour sur une semaine d’agitation.

Italie |

10 Juin : 2 semaines après la notification du contrôle judiciaire, ce 10 Juin les compagnons et compagnonnes ont décidé collectivement de ne pas se soumettre à cette mesure, donc de rester à Turin, voici le communiqué qu’ils et elles ont lu depuis les micros de RadioBlackout :

« C’est à Turin que nous avons vu des hommes et des femmes être enlevées parce qu’ils n’avaient pas de papiers. A Turin nous avons vu la police charger une manif d’ouvriers qui avaient osé se rebeller.
A Turin nous avons vu les patrouilles des carabiniers aider les proprios et les banques à foutre à la rue nos voisins qui étaient en retard sur le loyer ou sur les factures.
A Turin nous avons vu des quartiers entiers se transformer selon les exigences des riches sur le dos des pauvres qui les habitent.
A Turin et dans les vallées autour nous avons vu les anti-émeutes bastonner les personnes campant en défense de la terre où elles vivent.

Mais à Turin nous avons vu des dizaines de personnes se soulever pour permettre à un clandestin d’échapper à un contrôle et à des centaines de porteurs de tenir tête à ceux qui voulaient les chasser des portails du Marché d’Intéret Général. Ici nous avons vu des rues entières bloquées par les poubelles pour repousser un huissier et des dizaines de vendeurs à la sauvette reprendre la place sous le regard impuissant de la police. C’est à Venaus en Val di Susa que les mêmes personnes bastonnées ont relevé la tête et viré des pelotons d’anti-émeutes reconquérant ainsi le terrain perdu.

S’il est certain que partout les exactions et les rebellions sont à l’ordre du jour, c’est à Turin que nous avons décidé de cultiver un rêve commun.

Nous ne lâcherons rien, c’est ici que nous voulons rester, c’est ici que nous voulons lutter.

Douze interdictions du territoire pour qui, durant une journée d’octobre, était allé au siège de la Ladisa, entreprise fournissant les repas dans le centre de rétention (Cie) du cours Brunelleschi, pour lui restituer un peu de la merde que tous les jours elle distribue aux personnes enfermées. Une action à l’intérieur d’un parcours de lutte contre le Cie et contre ceux qui le font matériellement fonctionner.

Depuis des années le Parquet nous attaque en nous mettant en prison et en éloignant nos affects.
Nous avons encaissé et tenu, jour après jour, affrontant la peur et la douleur qui accompagne la répression.
Nous sommes allés de l’avant avec difficultés pour continuer les luttes des compagnons bannis, incarcérés et sous surveillance spéciale.
Et durant toutes ces années de luttes à Turin nous avons affronté les attaques répressives en cherchant toujours de faire un pas en avant dans les parcours de lutte que l’on portait, mais cette fois nous nous sommes regardés et dans nos yeux nous avons trouvé la même volonté de ne pas partir.
Ces douzes interdictions de territoire sont la goutte qui fait déborder le vase, nous ne sommes plus disposés à rationaliser notre rage.
Nous n’acceptons plus de devoir saluer nos compagnons et affects parce qu’ils sont contraints à devoir s’en aller.
Nous n’acceptons plus que nos vies et notre quotidien soient dictées par un bout de papier.
Nous n’acceptons plus de renoncer aux projets que chacun d’entre nous a construit en ville et de devoir réinventer ailleurs.
Nous restons ici, exactement là où nous dicte nos consciences.
Pour nous ces interdictions du territoire sont du papier bon à jeter.
Nous serons dans une radio libre à transmettre, devant la porte de J. pour résister à son expulsion, sous les murs du Cie pour soutenir les révoltes des prisonniers, dans les rues pour s’opposer aux déportations, et partout où on voudra être.
Les conséquences nous les connaissons, avec une certitude presque mathématique dans quelques jours ils nous mettront en prison.
Précisément là où le Tribunal aura la force de nous mettre.
Dans le centre exact du cyclône qui est en train de bouleverser nos vies.
Conscients de notre choix, forts de la solidarité qui ne laissera pas seuls, on s’en ira pas d’ici.

Les Banni-es à Turin »

Transmission radio à écouter ici : http://www.autistici.org/macerie/?p=32101

Suite à cette intervention radio, un rassemblement non loin part en manif rejoindre les douzes compagnon-nes et continue jusqu’à la fête des trois jours de RadioBlackout.

Ces jours-ci, actions de solidarité contre les postes italiennes à Lecce, à Trento et à Rovereto.
Des nouvelles des médias rapportent également qu’à Turin, Gênes et Bologne, des bidons d’essence équipés de système d’allumage non déclenchés sont retrouvés devant trois banques des postes italiennes, aucunes revendications.

Un rassemblement en solidarité est organisé dans la ville de Saranno. Une banderole géante est calés sur une grue à Turin.

Le 12 Juin, journée de présence dans les quartiers de Turin où dans trois maisons occupées sont organisés rassemblement, fresque grafiti et repas, sous l’oeil de la flicaille qui n’intervient pas.
Le 13 Juin au matin dans le quartier nord de Turin, les anti-émeutes sont déployés pour expulser des apparts HLM occupés, sur douze apparts deux sont expulsés après des charges contre la centaine de personnes venues soutenir les familles occupantes, mais personnes n’est embarqué.
Le 14 Juin rassemblement devant le tribunal pour le ré-examen des interdictions du territoire, avec lecture dans la salle d’audience par quelques-uns des bannis de la déclaration des compagnons et compagnonnes qui refusent de se soumettre à ce contrôle judiciaire.
« Nous savons qu’un des rôles du tribunal et du parquet est d’affaiblir les conflits sociaux. Clairement nous ne nous indignons pas et nous n’attendons pas que cela change. Ces dernières années la collaboration rapprochée entre juges des enquêtes préliminaires et le ministère public a permis d’appliquer des dizaines et des dizaines de mesures répressives de contrôle judiciaire contre ceux qui luttent. Ces douzes interdictions du territoire s’insèrent dans cette stratégie.
Après ces années d’attaques répressives nous avons décidé de ne pas respecter ces mesures.
Vendredi nous sommes revenu à Turin et nous avons l’intention d’y rester.
Nous n’accepterons de ce collège juridique aucune décision qui nous divisent.
Auncun d’entre nous ne sera laissé en arrière. »

Une fois le rassemblement terminé, tout le monde a rejoint un piquet en cours contre une expulsion locative dans le quartier de Barriera di Milano à Turin.

Mercredi 15 Juin, surprise ! Le tribunal de Turin a annulé les mesures de contrôles judiciaires pour l’ensemble des personnes concernées.

La suite de la mobilisation est de toute façon maintenue, donc LA MANIF EN CENTRE VILLE LE SAMEDI 18 JUIN A 16H00 PIAZZA CASTELLO. Manif maintenue car évidemment les mesures répressives en cours à Turin ne se limitent pas à ces douzes interdictions du territoire, bien au contraire.
Dimanche 19 c’est face à la prison des Vallette de Turin qu’un rassemblement aura lieu à 18h00, contre toutes les prisons.
NOI PUNTIAMO I PIEDI, DA QUI NON CE NE ANDIAMO.
ON LACHE RIEN, ON S’EN IRA PAS D’ICI.

Plus de détails dans l’attente de traduir les textes qui sont plus analytiques sur www.autistici.org/macerie

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