Mardi 15 juin, des arrestations et des perquisitions ont eu lieu en Creuse et Haute-Vienne visant un grand nombre de personnes. Cette opération résulte d’une coordination entre la Sous-Direction Anti-Terroriste (qui s’est déjà tristement illustrée en Limousin lors de l’affaire Tarnac), le Peloton Spécial d’Intervention de la Gendarmerie, la Police Judiciaire et la gendarmerie du secteur. Elle paraît totalement disproportionnée par rapport à l’enquête qui porte sur deux événements : un incendie, en début d’année, d’antennes TDF [2] de diffusion de la TNT et de la téléphonie mobile et celui, un an auparavant, de véhicules Enedis. Pour plus d’infos, vous pouvez retrouver une synthèse des événements ici.
Au cours des interrogatoires et des perquisitions, la police s’est beaucoup intéressée au site local du réseau Mutu : La Bogue. Sous prétexte que le communiqué de revendication a été publié par La Bogue, ils ont interrogé les personnes sur leur connaissance ou leur participation supposée au site. Ces interrogatoires sont une manière d’utiliser une enquête pour obtenir des informations et criminaliser l’utilisation d’un site d’information libre. Or la modération des articles n’a pas vocation à juger les actes, leur pertinence ou leur légalité, mais à donner une voix aux personnes qui luttent contre les différentes oppressions et n’en ont pas dans les médias dominants. La coexistence de modes d’actions et de pensées différentes est l’essence même d’un média libre. Le même communiqué a été publié partiellement dans des médias locaux mais les enquêteurs n’ont demandé à personne si ielles connaissaient ou participaient à la rédaction d’articles dans ces médias.
Nous ne pouvons que nous inquiéter de voir l’antiterrorisme utilisé une fois de plus contre des actes de dégradation matérielle mais également pour criminaliser les médias de luttes. En Limousin, comme ailleurs, l’autonomie de l’information et de la communication sur les luttes est d’une importance première. Elle est indispensable à la construction de mouvements sociaux complexes, forts et diversifiés pour viser l’émancipation individuelle et collective. Cependant, elle n’en est qu’un relais et ne saurait ni s’y substituer ni servir de bouc émissaire pour satisfaire l’obsession répressive de l’État.
Des activités associatives ont également fait l’objet d’investigations identiques, ce qui est tout aussi inquiétant : que reste-t-il de la « démocratie » lorsque la liberté d’association, et avec elle des activités impliquant des centaines de personnes, est ainsi soumise aux pressions et aux scrutations policières ?
Nous appelons à soutenir et à continuer de faire vivre les sites d’information coopératifs et libres de manière foisonnante. Nous appelons également au soutien à toutes les personnes mises en cause dans cette affaire.