Écologie - Antiindustriel

Blocage aux portes de Paris

La catastrophe écologique n’est pas à venir, elle est déjà là. Nous ne nous résoudrons pas à la contempler, impuissant-es, isolé-es et enfermé-es chez nous. Nous avons besoin d’air, d’eau, de terre et d’espaces libérés. Les causes et les responsables de la destruction des sols nous entourent : bétonisation, industries polluantes, et accaparement des terres vivrières par l’agro-industrie. Nous voulons cibler et bloquer ces responsables. Nous voulons aussi occuper et cultiver les terres qui nous ont été arrachées. Parce que tout porte à croire que c’est maintenant ou jamais, nous avons décidé de jeter nos forces dans la bataille.

Paris |

Gennevilliers,
Le 29 juin 2021

Récit au cœur des ravages de la construction

À l’appel des Soulèvements de la Terre, nous étions plusieurs centaines à converger vers le Nord de Paris ce 29 juin. Après les manifestations de Besançon, de Rennes, de Haute-Loire et de Loire-Atlantique qui nous avaient ancré·es les pieds dans la terre, ce 5e acte co-organisé avec Extinction Rebellion France supposait de mettre les deux mains dans le béton.

Nous sommes donc venu·es des quatre coins de la France pour s’attaquer aux sites de production primaire du BTP parisien, en donnant un sens nouveau au slogan « stop à la bétonisation » que l’on voit fleurir sur les terres menacées, au Vaîtes comme en Haute-Loire.

C’est peu avant midi que nous avons découvert les cibles de cette action, 4 sites de production de l’industrie du bâtiment localisés dans le Port de Gennevilliers, centre stratégique de la construction des chantiers du « Grand Paris Express » : une cimenterie, un centre de retraitement des déchets et une centrale à béton du BTP Lafarge,ainsi qu’une centrale à béton Eqiom.

Vers 13h, nous sommes presque 300 à commencer à bloquer les différents sites simultanément. Nous enfilons une tenue blanche de peintre et amenons le matériel nécessaire à une première journée d’occupation.

La plupart des ouvriers présents sur place réagissent plutôt bien à notre débarquement. Certains ont l’air familier de ce mode d’action, d’autres sont plutôt heureux de voir leur journée de travail allégée. Les camions-toupies appartenant à des petites entreprises sous-traitantes ont pu repartir, tandis qu’un conducteur a insisté pour pouvoir laisser son camion garé sur le site pendant les jours à venir, et partir en vacances sereinement.

Les portails ont été fermés avec des cadenas et des chaînes, tandis que des grimpeurs et des grimpeuses ont rapidement escaladé les silos d’une trentaine de mètre pour craquer des fumigènes et déployer une grande banderole clamant : « Construire à en crever ».

La plupart des murs et des silos se retrouvent peu à peu recouverts par mille slogans qui ciblent les conséquences mortifères de la bétonisation (« le béton est inhabitable », « désarmons le béton », « béton-ton flingueur »,…), ou les liens entre Lafarge et Daesh (« Terroriste », « Lafarge et Daesh = <3 »).

Crédit photo @LéoBodelle

Vers 15h, c’est au sable que nous nous attaquons. À la base de la fabrication du béton, son extraction exige de creuser les sols, d’agrandir les carrières et de draguer les fonds de mer. Des chaînes humaines en renvoient directement une bonne partie dans les fonds de la Seine.

Une autre chaine est formée pour construire des barricades de sac de ciment aux différentes entrées des lieux.

Vers 17h, un canot de sauvetage est gonflé et mis à l’eau. La traversée du canal laisse naître quelques envies d’occuper plus largement le reste du Port, mais la flotte reste limitée...

Comme les 4 sites sont assez espacés les uns des autres, des petites visites de courtoisie entre activistes rythment tout l’après-midi. On accueille des occupant·es des autres sites, on fait le tour de la propriété redécorée. On rencontre aussi quelques ouvriers avec qui on sympathise, certains nous ouvrent l’accès aux sanitaires, et quelques salles pour s’installer à l’abri. Ils ne sont pourtant pas très nombreux, la plus grande partie de la chaîne de production étant automatisée et contrôlée depuis quelques tours de guet.

C’est étrange de se retrouver dans ce paysage de dunes industrielles, à quelques arrêts de métro de Paris. Quelques personnes se lancent dans un volleyball improvisé. On découvre un nid de faucons dans un coin, de grandes bannières flottent sur le Port et empêchent des barges de naviguer.

L’ambiance est bonne et le lieu insolite...

Crédit photo @LeDuQ

Plusieurs assemblées se tiennent en fin d’après-midi et nous décidons de rester passer la nuit sur place. Des appels commencent à circuler et des personnes nous rejoignent pour tenir ce bras de fer. Jusque là, la présence policière a été plutôt discrète, la bac traînait les ruelles alentours et quelques voitures ont été aperçues.

Le bras de fer avec Lafarge et consorts ne fait que commencer !

Notes

DANS LA MÊME THÉMATIQUE

À L'ACTUALITÉ

Publiez !

Comment publier sur Renversé?

Renversé est ouvert à la publication. La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site. Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions, n’hésitez pas à nous le faire savoir
par e-mail: contact@renverse.co