Podcast ici, doublé par Caradiovana
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l’intro est en grande partie extraite du texte en lien. Ce texte a été écrit par le Pasc, collectif canadien qui fait parti de la [Red de Hermandad y Solidaridad con Colombia https://www.redcolombia.org/facebook
En Colombie, le mois de janvier 2022 s’est achevé avec un lourd bilan : 13 leaders sociaux et 3 ex-combattants signataires des accords de paix assassinés, 13 massacres, 24 homicides, 98 menaces de mort, 58 tentatives d’homicide, 25 dénonciations de harcèlement politique, 17 disparus et 16 déplacements massifs dans plusieurs départements du pays. De manière générale, la violence contre le mouvement social en Colombie a augmenté depuis les accords de paix de 2016.
L’Arauca, département de l’est de la Colombie, est en tête de ce macabre décompte avec 67 morts en un mois. Ivan Duque, le président colombien, a envoyé deux bataillons militaires dans cette région déjà hautement militarisée et s’est déplacé en personne dans l’Arauca pour passer les troupes en revue sous l’œil des caméras. Selon Sonia Lopez, directrice de la Fondation Joel Sierra de défense de droits humains, « l’État colombien se présente comme neutre dans un conflit entre bandits, alors qu’il est le premier responsable ». La présence de multinationales pétrolières comme la OXY en Arauca a provoqué le déplacement des paysans sans leur donner d’alternatives ni de dédommagements conséquents. Selon Dixon Torres, un des paysans ayant perdu ses terres aux profits de la compagnie, « le problème en Colombie, ce ne sont pas les guérillas ce sont les inégalités sociales ».
Depuis la fin de l’année 2021, les affrontements entre l’État et la guérilla en Arauca et dans les régions frontalières avec le Venezuela se sont considérablement intensifiés, de même que les persécutions judiciaires et les violences contre les mouvements sociaux et leurs dirigeants. Les mouvements sociaux sont non seulement confrontés à la stigmatisation et à la persécution judiciaire de la part de l’État, mais aussi à une augmentation des cas de menaces, d’assassinats et d’attaques, comme l’attentat à la voiture piégée du 19 janvier 2022 contre le siège de plusieurs organisations sociales à Saravena, Arauca. Lors de cette attaque, une personne a été tuée, plusieurs ont été blessées et le bâtiment a été détruit.
L’attentat a été revendiqué par le « front 28 » qui se dit dissidence des Farcs et est en guerre contre l’ELN, guérilla historiquement très présente dans le département.
Il y a des doutes sur les raisons profondes des agissements du front 28 car en plus d’avoir commis des attentats et assassinats contre le mouvement social, le front 28 donc a dans une série de menaces proférées par vidéo sur YouTube, repris à son compte les discours du bureau du procureur qui accusent régulièrement des membres des organisations sociales d’être liées à l’ELN.
Le gouvernement et les médias parlent d’une guerre entre narcos, cela semble bien simpliste et facile car Les terres des plaines d’Arauca sont les moins favorables du pays pour produire des arbustes de coca selon les données des Nations unies et avant 2007, la production de coca du département d’Arauca ne représentait que 2,2 % des cultures en Colombie. Il semble que la coca soit un écran de fumée pour cacher la guerre contre le mouvement social.
Plus de détails en castillan sur le trafic de coca en Arauca ici