« Le jour où Paris aura compris que savoir ce qu’on mange et comment on le produit est une question d’intérêt public ; le jour où tout le monde aura compris que cette question est infiniment plus importante que les débats du Parlement ou du conseil municipal, ce jour-là la Révolution sera faite. » (Kropotkine, 1892)
Nous sommes un collectif réuni au sein d’une association exploitante agricole dénommée Caracol, installée dans le parc naturel régional des Causses du Quercy (département du Lot). Nous avons débuté la création d’une ferme en maraîchage biologique dont le produit sera distribué par une caisse autogérée de sécurité sociale de l’alimentation.
Notre démarche articule des problématiques agricoles, écologiques, et politiques. Elle intègre des solutions accessibles, écologiques, économiques pour l’alimentation, l’habitat, l’énergie. Elle repose sur un fonctionnement strictement égalitaire, autogestionnaire. Elle prend en compte la qualité de vie, via notamment la rotation des tâches, la pluriactivité, et le temps libre. Notre souci pour le bien-être et la santé s’étend aux animaux non humains et leur environnement : notre ferme n’impliquera aucune forme d’exploitation animale (élevage, traction animale), le régime alimentaire sur l’exploitation est végétalien, nous mettons en place des protocoles de protection de la biodiversité (exclos, participation à des programmes de recherche participative, etc.) Enfin, notre démarche s’inscrit dans un effort de changement social global inspiré notamment par l’écologie sociale, le zapatisme.
Nous souhaitons favoriser la réplication d’une telle initiative, mais aussi intégrer de nouvelles personnes à notre collectif.
Si vous souhaitez participer à une journée de rencontre sur notre ferme (tous les derniers dimanches du mois), si vous souhaitez venir nous aider, participer à un chantier participatif (écoconstruction, préparation de la première saison de culture maraîchère, aménagements agroécologiques), nous vous invitons à nous contacter à cette adresse : caracol46@protonmail.com
Nous présentons ci-dessous les grandes lignes de notre projet. Vous pouvez également consulter notre blog
Maraîchage bio-intensif sur petite surface, pluriactivité
Notre projet n’est pas la reproduction d’un modèle paysan reposant sur l’auto-exploitation, la pauvreté, l’aliénation du temps de vie à des tâches agricoles. Nous avons retenu un modèle de maraîchage offrant à la fois d’excellentes conditions de vie et une production à haut rendement permettant de nourrir un grand nombre de personnes. La gestion collective permet une rotation sur les tâches ainsi que la pluriactivité : une fois que notre ferme sera en activité, chaque personne pourra consacrer une moitié de ses journées aux activités maraîchères, l’autre moitié aux activités de son choix.
Caisse de sécurité sociale de l’alimentation
Nous souscrivons à l’idée que « l’impossibilité d’accéder à la nourriture est une violence qui s’exerce contre les plus pauvres. » (Bénédicte Bonzi, 2023) Notre démarche n’est pas un repli sur soi communautaire, mais une action politique de solidarité envers les personnes victimes de cette violence.
À court terme, le produit de notre ferme sera destiné aux personnes en situation d’insécurité alimentaire. À moyen terme, nous créerons une caisse de sécurité sociale de l’alimentation devant assurer le financement des exploitations maraîchères (salaires, frais de fonctionnement, aide à l’installation) et l’accès direct des personnes cotisantes à un volume stable de denrées biologiques locales qui satisfasse leurs besoins nutritionnels. Ce système de cotisation solidaire, géré par les fermes et les bénéficiaires, doit permettre un accès universel à l’alimentation.
Quelques étapes
Nous avons déjà créé deux parcelles de maraîchage bénéficiant d’un aménagement agroécologique (haies bocagères, arbres fruitiers, etc.) et d’un apport en matières organiques (bois raméal fragmenté, engrais verts, etc.) Nous créons actuellement une troisième parcelle dédiée à la production de plantes à fibres et de plantes tinctoriales. La première saison de production doit débuter en septembre 2024.
Ce printemps 2024 sera consacré à la mise en place d’un atelier léger en bois sur le modèle du pont de Vinci, permettant la construction d’un premier bâtiment (local de transformation) durant l’été. Nous avons travaillé à un modèle constructif économique, écologique, réplicable : fondations en pierre sèche, murs en paille porteuse, dalle en terre, charpente légère en poutres treillis, etc. Les équipements combineront énergies renouvelables et basses technologies (low-tech) : système photovoltaïque sobre, éoliennes domestiques, récupération de l’eau de pluie traitée par filtration lente sur sable, chauffe-eau solaire thermosiphon, traitement des eaux grises par phytoépuration, etc.
Autogestion
Notre fonctionnement est strictement égalitaire et autogestionnaire : (i) toutes les tâches (manuelles, intellectuelles, culturelles, administratives) sont réalisées de manière égale par l’ensemble des membres, (ii) l’acquisition des savoirs et savoir-faire nécessaires est assurée par une démarche collective de formation continue, (iii) toutes les décisions sont prises au consensus.
Nous « prenons notre temps ». Nous sommes conscient.e.s de l’urgence des enjeux socio-environnementaux actuels et nous participons à l’accélération des initiatives de lutte, cependant nous maintenons que cela ne peut pas être tout. Un fonctionnement autogestionnaire requiert du temps : du temps pour apprendre, du temps pour échanger, du temps pour améliorer. Cette démarche est la seule concevable pour ne pas reproduire une différenciation hiérarchique entre les personnes, pour lutter contre les oppressions, pour ménager notre bien-être et notre santé, pour développer et diffuser une culture de la coopération et de l’entraide.
Conditions d’accueil
Afin que tout se passe pour le mieux pour tout le monde, il est important que les personnes souhaitant participer à nos activités se reconnaissent dans notre démarche, nos valeurs. Nous vous invitons à prendre connaissance du règlement de l’association, qui précise notamment que la consommation de produits d’origine animale et de drogues psychotropes (alcool, tabac, cannabis, cocaïne, MDMA, etc.) n’est pas autorisée sur la ferme.
On a hâte de vous rencontrer !
La bande à Caracol