Extrait du texte "résistance féministe contre l’extradition de Nekane"
07.04.2017
Nekane Txapartegi, journaliste basque, militante révolutionnaire, féministe et prisonnière politique a reçu le 24 mars 2017 la décision de l’Etat Suisse qui confirme son extradition vers l’Espagne. C’est dans ce même pays qu’en 1999 elle est arrêtée par la Guardia Civil, accusée d’avoir procuré deux faux passeports pour l’ETA. Lors de son arrestation elle est torturée et violée durant 5 jours et “avoue” les faits qui lui sont imputés. Elle est condamnée en 2008 à 6 ans et 9 mois de prison (récemment réduit à 3 ans et 9 mois par ses avocats). Suite à cette condamnation, Nekane fuit à Zürich, en Suisse, avec sa fille. Elles y vivent durant 7 ans sous une fausse identité et reconstruisent leur vie. Peu avant son arrestation en Suisse, elle est suivie par la Guardia Civil, exerçant alors illégalement sur le sol suisse, et est arrêtée le 6 avril 2016 par la police suisse et placée en détention extraditionnelle à Zürich. Nekane a déposé une demande d’asile pour elle et sa fille à laquelle le Secrétariat d’Etat aux migrations a rendu une décision négative fin mars.
Communiqué de Nekane : "Nous avons stoppé la persécution politique !“
21.04.2022
Je suis actuellement au Pays basque avec ma fille. Le mandat d’arrêt international et la demande d’extradition à mon encontre ont été abandonnés. Après 15 ans de cavale, j’ai pu embrasser ma mère malade et mes frères et sœurs, mes proches et mes amis. Cela a été rendu possible par notre lutte commune ! J’ai survécu aux arrestations, aux enlèvements, aux tortures sexuelles, aux viols, aux procès politiques, à la fuite, à l’illégalité et à la prison. A travers tout cela, j’ai persisté avec vous, grâce à votre soutien et votre solidarité !
Il était temps de mettre un terme à la persécution politique et aux difficultés que nous devions endurer. Par la lutte, nous avons créé les conditions qui nous permettent aujourd’hui d’arriver à une résolution juridique. Le tribunal spécial Audiencia Nacional a abandonné toutes les charges à mon encontre, à l’exception de la possession de deux faux documents d’identité.
Aujourd’hui, je peux me déplacer librement. J’ai passé presque un tiers de ma vie en fuite. La fuite est une interruption, un aller simple vers un avenir incertain. Je savais que je risquais de ne jamais pouvoir revenir, ou que cela prendrait beaucoup de temps. Mais j’ai toujours eu confiance dans notre mouvement et dans la solidarité, et je savais que ce retour dépendrait finalement de la lutte que nous menions ensemble. Même en exil, j’ai trouvé ma place et cela a rendu la fuite plus facile.
Maintenant, nous avons beaucoup à célébrer. Je serai de retour à Zurich en mai pour partager avec vous cette belle expérience de solidarité, d’amour et de lutte. Nous continuerons à poursuivre nos objectifs - jusqu’à ce que tous.tes soient libres !
Communiqué de la Free Nekane Alliance “Révocation du mandat d’arrêt et de la demande d’extradition contre Nekane Txapartegi”
Après avoir été condamnée au cours d’un procès politique et gravement torturée par la Guardia civile, Nekane Txapartegi a fui le Pays basque en 2007. Début avril 2022, le tribunal spécial espagnol Audiencia Nacional a finalement annulé le mandat d’arrêt international et la demande d’extradition à son encontre. Après 15 ans d’exil, Nekane Txapartegi a pu retrouver sa famille au Pays basque.
Après sa fuite, Nekane Txapartegi a vécu avec sa fille en Suisse. En 2016, elle a été arrêtée à Zurich sous la pression des autorités espagnoles. Elle a passé 17 mois en détention avant que les autorités espagnoles ne retirent la demande d’extradition. Une vaste campagne de solidarité “Free Nekane” avait attiré l’attention du public sur la torture sexuelle et la persécution politique dont elle avait été victime. Cependant, avant la libération de Txapartegi, la justice espagnole a lancé de nouvelles accusations. Les faux papiers que Txapartegi avait sur elle lors de son arrestation à Zurich prouvait soi-disant son appartenance à l’ETA. Il s’agissait en réalité de cartes d’identité pour elle-même et sa fille. Dans ce contexte, les autorités espagnoles ont présenté une nouvelle demande d’extradition à la Suisse en octobre 2020. Un mandat d’arrêt international est également entré en vigueur à ce moment-là.
Début avril 2022, le tribunal de l’Audiencia Nacional a retiré toutes les charges, sauf celle pour possession de faux papiers. Comme cela entraînera au pire une peine légère, l’Audiencia Nacional a retiré le mandat d’arrêt et la demande d’extradition. Après son audience du 5 avril à Madrid, Nekane Txapartegi a pu rentrer au Pays basque avec sa fille après 15 ans de cavale. Le procès pour les faux papiers devrait avoir lieu cet automne.
La Suisse n’a finalement pas extradé Nekane Txapartegi, mais la demande d’extradition a causé une grande incertitude pour la féministe basque et sa fille. Le mandat d’arrêt international l’empêchait par ailleurs de voyager dans toute l’Union européenne. Sa fille mineure ne pouvait pas non plus quitter la Suisse, n’ayant pas les papiers nécessaires. Le fait que la justice espagnole ait abandonné toute accusation d’appartenance ou de soutien à l’ETA permet à Nekane de résoudre les problèmes administratifs et juridiques auxquels elle a été confrontée.
Après la visite au Pays Basque, Nekane Txapartegi retournera en Suisse au début du mois de mai.
