Gökhan Güneş a été vu pour la dernière fois le 20 janvier alors qu’il était embarqué à l’arrière d’une voiture de police à Istanbul. La disparition forcée de cet ouvrier du bâtiment, membre du Parti Socialiste des Opprimé.es (ESP) suscite de fortes craintes. Les images de vidéosurveillance ont filmé l’enlèvement par les services de sécurité alors que Gökhan sortait d’un rendez-vous à l’hôpital. Personne ne l’a revu depuis. Ses avocats affirment que la police locale et les unités antiterroristes ont nié détenir l’activiste politique, ce qui fait craindre qu’il ait été blessé et peut-être même tué.
L’avocat Sezgin Ucar a expliqué que la police était au courant des activités politiques de Gökhan et qu’il avait fait l’objet de menaces et de harcèlement de la part des forces de l’État turc avant sa disparition. La police essayait de faire de lui un espion, une tactique courante utilisée par les autorités turques. Selon l’ESP, c’est ce refus qui a conduit à son enlèvement mercredi.
Dans une déclaration à la branche de Dersim de l’Association des droits de l’homme, le porte-parole de l’ESP, Cengiz Fidan, a déclaré “Le fascisme s’attaque aux socialistes afin d’empêcher la colère croissante des masses de devenir une force révolutionnaire.” Il a déclaré que l’une des méthodes utilisées pour arrêter les socialistes consiste à recourir aux disparitions forcées et à faire pression pour recruter des agents de l’Etat. Le but étant de “démanteler les structures organisées des forces d’avant-garde”.
La semaine dernière, quelque 48 membres de l’ESP, dont des députés, ont été arrêtés dans le cadre de la dernière action du président Erdogan contre le parti de gauche, fondé par l’ancienne coprésidente du HDP Figen Yuksekdag, emprisonnée en 2010. L’organisation marxiste est une composante du HDP qui est lui-même soumis à une pression intense de la part de l’État. Quelque 20 000 membres ont été détenus depuis 2016 et 10 000 ont été emprisonnés. Parmi eux, environ 200 élu.es et au moins sept député.es, tandis que plus de 50 des 65 maires directement élus du HDP ont été démis.es de leurs fonctions et remplacé.ess par des administrateurs nommés par le gouvernement.
Des dizaines de milliers de gauchistes, syndicalistes et autres dissidents politiques ont disparu après le coup d’État de 1980. Cette pratique s’est poursuivie et les organisations kurdes et turques craignent une nouvelle vague de disparitions forcées.
On ne peut pas accepter que celles et ceux qui luttent disparaissent et se fassent assassiner. On doit être visibles et bruyant.es pour montrer a Gökan et ses camarades qu’ils et elles ne sont pas seul.es.
On appelle à inonder l’ambassade de turquie en suisse avec des emails exigeant des nouvelles de Gökhan :
botschaft.bern@mfa.gov.tr
MISE À JOUR DU 24.01.21 :
Le 20 janvier à 12h30, Gökhan Güneş, militant connu du Parti Socialiste des Opprimés, a été enlevé par 5 policiers en sortant de l’hôpital du district d’Ikitelli à Istanbul. Depuis, les autorités niaient le détenir et prétendaient même ignorer où il se trouvaient (voir notre article). Une forte mobilisation a eu lieu, en Turquie, où un rassemblement des proches de Gökhan a été violemment dispersée hier par la police, mais aussi en Europe. Finalement, la police a contacté les parents de Gökhan pour reconnaître qu’il était en détention.