L’éclatement du salariat, l’évolution du mode de production capitaliste, les échecs révolutionnaires, mais aussi les « victoires » réformistes (les fameux « acquis sociaux ») ont participé à la mise à bas du vieux mouvement ouvrier. Pour ne rien arranger, le Spectacle, la consommation, la technologie et la culture du libéralisme produisent des sujets fondamentalement égoïstes pour qui la possibilité d’une émancipation collective radicale est devenue impensable.
Sur cette accumulation de défaites, de nouvelles « théories critiques » se sont alors mises à croître, prétendant parfois poursuivre l’offensive contre l’ordre établi. Défendant un relativisme forcené, elles récusent toute possibilité de sens commun. La critique de la raison marchande est devenue critique de la raison tout court : la réalité objective n’existerait pas car tout ne serait que culture, discours, jeux de pouvoir et constructions sociales. Le point de vue situé de chaque individu serait également vrai, et d’autant plus valable s’il cumule des « oppressions ». Cette radicalité de façade entraîne un repli sur soi et sa communauté, empêchant de reconnaître dans l’Autre un exploité dans un monde-prison toujours plus « inclusif ». En ce sens, les réclamations identitaires jouent le même rôle de diversion que les vieux mythes réactionnaires. Pendant ce temps, le capital reprend de plus en plus vite les miettes qu’il avait concédées aux prolétaires de ses grands centres historiques et broie toujours plus durement ceux de sa périphérie. Leur condition commune et fondamentale devrait réapparaître plus nette que jamais.
Nous pensons que le capitalisme n’est pas un horizon indépassable. Notre seul espoir n’est pas de le rendre moins inégalitaire, moins injuste, moins cruel, bref de l’améliorer. Il s’agit de le détruire.
Ce mode de production aura de toute façon une fin, et il est possible d’agir pour que cette fin, probablement brutale et violente, ne débouche pas sur quelque chose de plus négatif encore, mais sur un monde sans argent, sans classes, sans genre, sans État. De grands mots ? De l’utopie ? Nous verrons bien. Si la lecture, la réflexion et le débat nous paraissent indispensables, ce ne sera certainement pas suffisant.
Le collectif Quatre
De nouvelles brochures seront mises en ligne régulièrement.
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